IL NE FAUT PAS LAISSER TOMBER LE MASQUE – COVID-19
L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) veut attirer l’attention sur les dangers, à l’heure du déconfinement, d’un relâchement dans l’utilisation des masques, compréhensible psychologiquement mais dangereux.
Et cela, encore une fois, à la lumière d’une publication le 11 juin dernier par l’Académie des Sciences américaine d’une grande étude alertant contre les dangers de l’abandon progressif du masque dans l’espace public, tandis que, de son côté, le ministre de la santé, Khalid Aït Taleb, a tenu, lui-même, à faire un rappel (à l’occasion d’un communiqué le 27 juin sur la situation générale au Maroc) au respect strict des mesures préventives recommandées par les autorités sanitaires. Y figure, en premier lieu dans l’énumération, le port correct du masque à côté de l’hygiène, le respect de la distanciation physique et l’évitement des rassemblements.
Le masque, un moyen peu coûteux, et qui peut rapporter « gros » à notre santé et à celle des autres !
Les scientifiques des Universités du Texas et de Californie à San Diego, auteurs de l’étude américaine, ont analysé la tendance et les mesures d’atténuation (port du masque, distanciation, hygiène des mains…) à Wuhan, en Chine, en Italie et à New York, du 23 janvier au 9 mai 2020. Ils ont pu ainsi montrer que les impacts de ces mesures d’atténuation sont mesurables dans l’évolution de la pandémie. L’analyse révèle que la différence avec et sans couvre-visage obligatoire représente le facteur déterminant principal de l’épidémie dans les trois épicentres. À elle seule, selon eux, cette mesure de protection a considérablement réduit le nombre d’infections, soit plus de 78 000 en Italie du 6 avril au 9 mai et plus de 66 000 à New York du 17 avril au 9 mai.
Toujours, selon ces chercheurs, les autres mesures d’atténuation, telles que la distanciation sociale mise en œuvre, ne suffisent pas à eux seuls à protéger le public. « Nous concluons que le port de masques en public correspond au moyen le plus efficace de prévenir la transmission interhumaine, et cette pratique peu coûteuse, en conjonction avec l’éloignement social simultané, la quarantaine et la recherche des contacts, représente le meilleur moyen de stopper la pandémie ».
La diffusion aérosolisée et aéroportée du coronavirus constitue la voie majeure de propagation
Ces travaux confirment l’efficacité du port du masque en réaffirmant sa nécessité dans les mois qui suivent le déconfinement et dans l’attente de vaccins et/ou traitements contre l’infection. Ils mettent bien en évidence que le masque est non seulement utile pour empêcher les gouttelettes de toux infectées d’atteindre des personnes non infectées, mais aussi pour éviter de respirer ces minuscules particules aérosolisées qui peuvent également contaminer. Rappelons qu’une seule toux, à elle toute seule, peut produire jusqu’à 3 000 gouttelettes, les éléments les plus dangereux qui risquent de s’étaler sur les vêtements et sur les surfaces qui les entourent !
Toutes ces données clairement connues maintenant, ainsi que certaines mesures de précaution et de prévention, ont malheureusement fait défaut dans de nombreux pays du monde, notamment européens, qui ont souvent affirmé le contraire en matière de port du masque et l’ont payé au prix fort en terme de surmortalité pourtant évitable !
L’Académie des Sciences américaine et les universités qui ont procédé à cette étude dénoncent de même implicitement la politique quelque peu « chaotique » du gouvernement américain en la matière et la gestion décentralisée, et donc malheureusement hétérogène, de cette politique au niveau de chaque état fédéral, faute de recommandations claires et univoques, valant pour l’ensemble des Etats-Unis.
La Chine où les habitants portent des masques depuis des années, principalement à cause de la pollution, ainsi que les quatre « dragons » asiatiques –Taïwan, Corée du Sud, Hong Kong et Singapour – ont bien su par contre contrôler l’épidémie par le port obligatoire du masque dès le début, accompagnant une stratégie globale de dépistage massif, de quarantaines très strictes et de suivi au cas par cas grâce aux outils numériques.
L’OMS se fait le propagandiste du port du masque !
Après avoir déconseillé le port du masque au début de l’épidémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier de son côté un guide de bonnes pratiques sur l’utilisation du masque qui recense un nombre impressionnant de consignes à respecter (presque trop !) et à consulter dans sa dernière mise à jour, mise en ligne le 6 juin : « Advice on the use of masks in the context of COVID-19 OMS -COVID-19: Infection prevention and control ». Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Les marocains ont dans l’ensemble fait preuve de beaucoup de discipline et d’abnégation lors du confinement, permettant ainsi le contrôle de l’épidémie. Il ne s’agit pas maintenant de faiblir afin d’éviter une seconde vague épidémique : restons tous vigilants dans la rue, les commerces, les lieux de travail ou de loisirs…!
Casablanca, le 29 juin 2020
Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en privé
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc, رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب , Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية, Vice-président du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM), Ex-chef de service à l’Hôpital de Kenitra, Ancienne interne aux Hôpitaux de Paris – Hôpital gériatrique Charles Foy
Bibliographie
1/Zhang R, Li Y, Zhang AL, Wang Y, Molina MJ. Identifying airborne transmission as the dominant route for the spread of COVID-19 [published online ahead of print, 2020 Jun 11]. Proc Natl Acad Sci U S A. 2020;202009637. doi:10.1073/pnas.2009637117
Identifying airborne transmission as the dominant route for the spread of COVID-19
2/Advice on the use of masks in the context of COVID-19 OMS -COVID-19: Infection prevention and control 5 June 2020
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