La connaissance de la période de contagiosité détermine la stratégie de déconfinement -COVID-19
La meilleure connaissance actuelle de la période de contamination détermine la stratégie collective et individuelle du déconfinement
Quand et combien de temps est contagieux de façon précise un malade du Covid-19, c’est une question primordiale pour juger de la période adéquate d’isolement et pour apprécier avec réalisme : quelles personnes ont pu être infectées à son contact et la façon d’agir avec le patient. Y répondre permet enfin d’ajuster les comportements de chacun dans l’espace public et le lieux de travail.
Le Dr Moussayer khadija, présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) veut attirer l’attention justement sur les dernières études les plus éclairantes à ce sujet qui convergent pour démontrer que la période de contagiosité est plus réduite que beaucoup continuent à le penser (et donc plaide en faveur d’une baisse du nombre de jours d’isolement) mais que cette contagiosité est très forte avant les premiers symptômes et qu’elle doit donc inciter à la prudence dans les mesures de déconfinement.
Les données les plus complètes et les plus déterminantes sont fournies par une étude venue de Taïwan début mai et relayée notamment par la revue française Que Choisir Santé, d’où il ressort que la contagiosité est maximale dans les 5 jours qui suivent le début des symptômes ainsi que dans les 4 jours qui les précèdent.
Pour procéder à cette étude, les chercheurs ont identifié les 100 premiers malades du pays et les plus de 2 761 personnes qui ont été en contact avec eux. Ils ont testé tous ces cas-contact s’ils présentaient des symptômes ou s’ils vivaient sous le même toit que le malade. Le taux d’infection s’élevait à 1 % dans les 5 jours après la survenue des symptômes (le malade contaminait 1 autre personne sur 100) Il était par contre pratiquement inexistant après le 6e jour. Ces résultats écartent la crainte que les malades puissent être contagieux très longtemps et certainement pas après les 14 jours d’isolement requis (sauf quelques cas rarissimes). L’étude montre par contre aussi une presque aussi forte contagiosité – 0,7 % – avant l’apparition des premiers symptômes.
Une autre étude menée au Canada par l’université de Manitoba (et publiée fin mai) montre aussi que la contagiosité est la plus forte de 3 à 5 jours après les premiers symptômes de la COVID-19, mais qu’elle peut s’étendre jusqu’au 8éme jour, (et cela à partir de tests PCR réalisés quotidiennement pour mesurer la charge virale et sa capacité à contaminer). L’Académie nationale de médecine et le Centre national des maladies infectieuses de Singapour vont dans le même sens que ces 2 études et d’autres études dans plusieurs pays en recommandant fin mai de réduire à 11 jours la période d’isolement. Bien que certains patients puissent encore être testés positifs après deux semaines voire un mois, les fragments du virus ne sont en effet plus suffisants pour propager l’infection,
La transmission forte par les personnes «présymptomatiques» est en revanche particulièrement problématique car elles sont par nature les sujets les plus susceptibles de faire renaître des foyers infectieux. Cette donnée est en faveur d’une continuation stricte de la distanciation sociale (distances de sécurité, port du masque…). Elle justifie à elle seule la prudence avec laquelle est menée au Maroc, comme dans d’autres pays, une stratégie de déconfinement progressif et strictement encadré.
Casablanca, le 8/06/2020
Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب , Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
– Annexe : Qu’est ce qu’un test PCR
La PCR (Polymerase Chain Reaction ) est une technique d’amplification permettant à partir d’une petite partie de matériel génétique de reproduire une grande quantité de ce matériel de manière à ce qu’il soit plus facilement identifiable. Cette technique, très utile quand on dispose de matériel génétique en trop faible quantité ou en mauvais état, a fait faire un pas de géant depuis une trentaine d’années aux investigations en Biologie. Elle a en effet de multiples applications en infectiologie pour détecter par exemple le coronavirus, dans la détection des maladies génétiques, des organismes génétiquement modifiées (agronomie), l’identification d’individus suspects (science médico-légale), la détermination de la filiation, l’étude des fossiles…
– Bibliographie
1/ Hao Yuan Cheng and al – Contact tracing assessment of Covid-19 transmission dynamics in Taiwan and risk at different exposure periods before and after symptom onset », (Évaluation du suivi des contacts de la dynamique de transmission du COVID-19 à Taïwan et du risque à différentes périodes d’exposition avant et après l’apparition des symptômes) JAMA Internal Medicine, 01/05/20.
https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2765641
2/ Jared Bullard and al Predicting infectious SARS-CoV-2 from diagnostic samplesClinical Infectious Diseases, ciaa638, https://doi.org/10.1093/cid/ciaa638 – Published: 22 May 2020
3/ Que choisir santé Juin 2020 N° 150 Page 3
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