Les marocains utilisent mal leurs masques face au coronavirus
ATTENTION A L’ILLUSION SECURITAIRE DU MASQUE
L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) veut attirer l’attention sur les dangers de sa mauvaise utilisation, malheureusement quasi générale encore actuellement dans la population marocaine, faute d’y être bien habituée.
Le port de masque est utile car il réduit la quantité de coronavirus expirée par des sujets contaminés. Les autorités ont eu raison certainement de le rendre obligatoire au Maroc pour nous donner encore plus cette culture de la prévention que connaissent bien déjà les populations asiatiques.
Mais attention, il faut bien avoir en tête que :
si vous avez un masque, ce n’est pas pour vous protéger, c’est pour protéger les autres. Le virus passe en effet par tous les masques, sauf les masques médicaux FFP2.
Il n’a en fait d’efficacité que s’il complète les autres gestes barrières :
- lavage des mains régulier ;
- distance de 1 mètre entre les personnes ;
- confinement.
Le danger, c’est l’illusion protectrice du masque et qu’on abandonne ces autres mesures de précaution. C’est d’ailleurs ce qu’on observe un peu top actuellement sur les marchés et dans les magasins : « J’ai un masque, je suis protégée », c »est complètement faux
De plus, avoir un masque, même artisanal, c’est bien, l’utiliser correctement, c’est mieux.
Le masque sous le menton ou qui pend à l’oreille, le temps de discuter avec quelqu’un, puis remis après avoir été manipulé dans tous les sens : voilà ce qu’il ne faut pas faire. Pour être efficace, un masque doit en effet rester en place, et être touché le moins possible.
Voici quelques conseils :
– avant de le mettre, il faut se laver les mains à l’eau et au savon, (en frottant pendant 30 secondes, sans oublier les ongles, les pouces, le dos des mains et les poignets) pour ne pas le contaminer soi-même si on déjà porteur du virus ;
– une fois le masque en place, on ne doit plus y toucher tant qu’on le porte, car les mains pourraient le contaminer, ou inversement, le masque pourrait contaminer les mains.
– si vous l’enlevez, vous ne devez pas le remettre, mais en utiliser un autre, neuf , après s’être de nouveau lavé les mains.
– il ne doit pas être gardé trop longtemps (de 1 h à 4 H au maximum) et en changer plusieurs fois, si besoin est : un masque s’humidifie rapidement sous l’effet de la respiration ou de la transpiration et dès qu’il est mouillé, il n’est plus efficace,
– le masque artisanal doit être relavé (à 60 % pendant 30 mn pour plus de sûreté) avant toute réutilisation
Vous trouverez, ci-dessous en annexe, quelques précisions complémentaires
Casablanca, le 9 avril 2020
Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة
Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
Vice-président du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)
POUR EN SAVOIR PLUS
1- Des recommandations pour son port
Des chercheurs de l’université de Hong Kong ont récemment constaté que le port de masques réduisait la quantité de coronavirus expirée par des malades.
L’Académie nationale de médecine en France a recommandé par ailleurs son port, indiquant « qu’en Extrême-Orient, depuis de nombreuses années, le port d’un masque anti-projection par la population est à la fois une mesure de prévention et un acte de civisme en situation d’épidémie de virus à tropisme respiratoire (notamment dans les pays les plus frappés par le virus du SRAS en 2003). Face à l’épidémie de Covid-19, cette mesure a contribué à une réduction du taux de reproduction à Taïwan, Singapour et en Corée du Sud.
Il est établi que des personnes en période d’incubation ou en état de portage asymptomatique excrètent le virus et entretiennent la transmission de l’infection. En France, dans ce contexte, le port généralisé d’un masque par la population constituerait une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur, »
2/Les différents types de masques
On distingue 3 grands types de masques
– les masques antiprojections, dit « chirurgicaux », qui ont pour vocation principale d’éviter que ceux qui les portent ne rejettent des sécrétions dans l’air et contaminent les autres ;
– les masques de protection respiratoire individuelle (comme les fameux FFP2), qui sont équipés d’un système filtrant, destiné à protéger le porteur des risques d’inhalation d’agents infectieux. Ces masques médicaux sont rarement supportés plus de quelques heures par ceux qui les portent.
– le masque « alternatif » ou artisanal qui appartient à la catégorie de masques à usage non sanitaire est destiné à compléter les gestes barrières, il s’agit d’écrans (à défaut de masques) pour toute la population.. Ce sont des masques confectionnés souvent dans du tissu vestimentaire (coton ou polyester), mais en aucun cas de dispositifs médicaux. Ils sont très peu protecteurs contre le virus mais permettent de limiter un peu les sécrétions issues des voies aériennes supérieures (nez, bouche, pharynx, larynx)
3/L’efficacité des masques
Quelque soit le type de masque, le risque de transmission indirecte existe toujours, par exemple en se frottant les yeux après avoir touché une surface contaminée par le coronavirus sans se laver les mains par la suite.
Les avis scientifiques divergent en revanche en ce qui concerne les masques alternatifs fabriqués avec du tissu, du papier, du coton, du polyester ou du plastique. Même s’il freine un peu l’expulsion des particules (postillons), la Société française des sciences de la stérilisation et la Société française d’hygiène hospitalière affirment ainsi dans un communiqué commun qu’il « n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité des masques en tissu. ».
4/ le masque contre-productif ?
Une des craintes d’une partie des autorités sanitaires de plusieurs pays est que le masque apparaisse aux yeux de la population comme une garantie contre le coronavirus – un « faux sentiment de sécurité », selon l’OMS.
Il ne dispense en effet en rien du respect strict des fameux « gestes barrières », comme se laver les mains, et son port n’est pas une raison de ne pas respecter les mesures de distanciation sociale destinées à ralentir la progression de l’épidémie.
Références .
– Pandémie de Covid-19 : mesures barrières renforcées pendant le confinement
et en phase de sortie de confinement Académie Nationale de médecine 2 Avril 2020
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