Le boycott, une nouvelle forme de contestation
Une large campagne de boycott de certains produits de consommation quotidienne remplit les pages de facebook. Le boycott est un acte intellectuel, politique, économique, social. C’est une forme de manifestation contre la cherté de la vie et l’inaction du gouvernement à protéger le citoyen sans ou à faible revenu. C’est surtout un acte policé qui témoigne de la maturité de ceux qui le pratiquent, loin des méthodes anarchiques avec lesquelles avaient été conduites les revendications des citoyens qui descendaient dans les rues avec tout ce que cela impliquait. La formation de l’esprit de révolte sans atteinte à la sécurité de l’Etat ni à l’ordre public et l’éveil d’une conscience revendicative douce, sans agitation et sans dégâts ont enfin vu le jour et connaissent enfin un succès sans précédent sur les réseaux sociaux et sur le terrain. Nous avons d’un côté les sociétés que l’avidité, la cupidité et l’appétit de toujours gagner plus au détriment du petit peuple vulnérable et sans défense qui se sent abandonné par l’Etat resté inactif face à cette boulimie, et de l’autre, les consommateurs pris dans les mâchoires de l’étau de ces sociétés. De cet état de fait a émergé une contestation qui a pris la forme de boycotter certains produits. Pourquoi ceux-ci et pas d’autres ? L’idée est simple : tenir tête aux grandes sociétés qui ont étendu leur empire sur le pays et leur emprise sur le consommateur. De deux choses l’une : ou bien la société visée fait faillite et dans ce cas-là, les autres sociétés seront obligées de se plier au boycott en réduisant les prix, ou bien, elle baisse les prix et les autres feront de même. Et dans les deux cas, le boycott aura porté ses fruits. Seulement, les sociétés qui sont les plus vulnérables et qui ne peuvent pas trop longtemps résister sont celles dont les produits sont rapidement périssables. Quant aux autres, elles vont supporter le coût du boycott, mais elles ne tiendront pas le coup si les boycotteurs les prennent par l’usure, c’est-à dire par faire perdurer le boycott par une mobilisation générale et un matraquage quotidien pour maintenir la pression.
Nous pouvons remarquer que d’un côté, il y a le peuple, avec son mot d’ordre qui consiste à ne pas consommer, et c’est son droit de se mobiliser pour cela, et de l’autre, des responsables qui perdent la tête à tel point qu’ils ne savent quoi dire. Il y en a parmi eux qui désignent les boycotteurs d’étourdis (mdawikh), et sous la coupole et devant les représentants du peuple dont aucun n’a eu le courage de prendre en défense ceux qui les ont portés au poste de député. Les députés de la nation qui sont les représentants du peuple devront en principe intervenir pour demander au ministre de retirer cette qualification honteuse et de présenter ses excuses. Il faut comprendre par-là que si les députés ne peuvent pas demander à un ministre de retirer un mot, pouvons-nous attendre d’eux de contrôler les sociétés, réduire leurs marges des bénéficies sur les ventes, annuler les privilèges, abolir la retraite des ministres et des députés, œuvrer à l’établissement d’une corrélation entre responsabilité et reddition des comptes, adopter une politique qui consiste à protéger les consommateurs surtout ceux en situation de précarité ??? Et les bévues ne s’arrêtent pas là. Un autre responsable (d’une société) a traité les boycotteurs, c’est-à-dire le peuple, car c’est le cri du peuple que l’on entend appeler au boycott, de ‘’traîtres à la nation’’. Ce qui revient à dire de manière simple et simpliste ‘’consommez nos produits ou vous êtes des étourdis ou des traîtres à la nation ‘’, peut-être les deux à la fois. Ou encore, ‘’ Laissez nous vous exploiter sans protester, autrement, vous êtes des étourdis et des traîtres à la nation’’. Voilà donc le rapport que veulent instaurer les sociétés et avec elles le gouvernement et le parlement, entre les producteurs et les consommateurs.
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