ARGANA. Carnages, deuils, libertés et répressions : Dites-le avec des vers et des fleurs
ARGANA.
Carnages, deuils, libertés et répressions
Dites-le avec des vers et des fleurs
Comme un brin, tu fais partie de la nature,
Du cosmos et de la création. Angoissé,
Tu as tendance à l’oublier pour faire diversion,
Et à prendre l’existence pour une récréation.
Homme, tout est prévu, demain est déjà là !
Le temps de recevoir les ordres
Ou de s’apercevoir des miracles
Nous tarde, parce qu’il vient de loin.
Mais il est écrit depuis longtemps.
Ce sont les aiguilles de l’araucaria,
Les feuilles de ce sapin sacré,
Les palmiers et les bougainvilliers,
Dont tu as retenu les noms, fifille,
Qui m’ont appris le chant de vie.
N’est-ce pas Nour et toi Adam ?
Elles écrivent sur la portée des branches
Des arabesques dentées et des ailes
Où tu perçois, sans fin, le nom d’Allah,
Dans le chant roucoulant des colombes.
Si les feuilles jaunies m’ont révélé Dieu,
Et appris debout, à le louer et prier,
Je reste perplexe, ahuri et béat
Pour comprendre le sens la vie qui m’échoit.
Comment comprendre et admettre l’usage,
Inéluctable de la mort, qui nous trahit ?
Les armes et les matons imposés aux gens
Pour leur plier le dos et nettoyer leurs clans.
Je voulais louer la révolution heureuse,
Dont j’avais grand peur et appréhension.
La marche glorieuse des jeunes,
Calme, pacifique et orgueilleuse,
Celle du printemps local et de la constitution.
Moi, qui interpellais les ministres trépassés
Et les congrès qui préparent l’avenir du pays,
Épargné par miracle des débâcles de la rue,
Sous le regard de l’Arbitre qui guide et surveille
Et qui, avec tact, opte de revoir la situation.
Moi, qui sollicitais réformes et grâce au roi,
Voilà que Conseillers, Leaders et Parlement,
Assourdis par mes appels navrés et stridents,
Peinent à rayer les taxes sur les médicaments.
Ont-ils l’audace, dans leurs silences hésitants,
De donner un sens plus caritatif à la médecine,
Afin de la sortir de ses hippocratiques boniments ?
Alors que la rue vilipende carences et corruption,
Et qu’elle appelle effrontément le gouvernement,
Pour plus de justice, de droits et de démocratie.
Voilà qu’un terroriste, un kamikaze de fortune,
Télécommande sans passer avec, un tsunami.
Le monde entier crie à l’odieuse lâcheté.
Par delà le crime et l’abjecte infamie,
Le Maroc ne rencontre que des amis !
Un autodafé explosif, tel un funeste volcan,
Sur la place rouge, en face des singes ahuris,
Des charmeurs de serpents et des marchands de fables,
Ces légendes croustillantes aux fumets des restaurants
Le monde est fait d’incompris et d’innocents,
Il fauche les touristes et balaie les amants.
Pour le Maroc, économique et ses amis,
C’est un drame, un acte barbare et lâche.
Une odieuse tragédie, alors que Bill et Kate,
Sous les yeux émus de la Reine Élisabeth,
Faisait alliance devant le globe entier.
Le Pape Benoit sacrant Jean Paul à Rome,
Laissait Kadhafi, crade, pleurer sa famille,
Sous les tirs vengeurs de l’OTAN…
Les mécréants se moquent des croyants,
Ils se voient déjà ressuscités disant à Dieu :
« Voilà Allah, j’ai tué les tiens pour aller au paradis !
« Fais quelque chose, parce que mon corps est parti,
Comme une chair faisandée, il a volé dans les airs.
Je suis déjà au ciel et les méchants en enfer,
Comme tu l’as écrit. C’est ce qu’on m’a dit ! »
Effarés par le silence impérieux de l’univers,
Les hommes, dépités par son immensité,
Terrifiés par la crainte du néant et leur débilité,
Se sont fâchés contre dieu pour prescrire la mort !
Les hommes, par besoin d’éternité ont créé
Un dieu que certains ont voulu méchant et faux.
Et que d’aucuns, par bienséance avec le néant,
Ont pensé qu’il n’existait pas ! Du moins pour eux.
Et qu’il détestait les autres races et leurs humanités.
Si ‘’Gott ist tot, Dieu est mort, Dieu reste mort ’’,
Ce n’est ni Zarathoustra, ni Nietzche, ni Omar,
Mais les félons et les imposteurs, qui ligués,
Avec d’incultes charlatans, ont voulu Le tuer.
Le hasard et les démons, les anges en action,
Variant les destins et ce qu’ils allaient être,
Réajustent nos sentiments et nos actes.
On comprend que le diable raffole d’explosions.
Mais, qu’ont-t-ils ces immondes personnages,
Qui défient les cieux et se sont permis de naître ?
Je parle de ces chefaillons qui canardent les foules
Qui subissent les tirs des snipers et les sévices,
Durant les processions quand ils enterrent les leurs.
Je parle des aveugles qui ne sentent pas l’abime,
Dans le verbe et le rythme et scrutent le poème,
Avant de parcourir le temps pour trouver la rime,
Et méjuger la lune blême, quand le soleil luit.
Sur une table attendant, un repas de femme,
Pour livrer ses feux à la gerbe de flammes,
C’est le jasmin en coroles qui offre sa couleur
Aux citrons opulents qui plastronnent
Embaumant comme un sein sur un lit de fleurs.
C’est la rose qui frotte ses pétales le long
De la tige pleine de l’amaryllis vermeille.
Rampant comme un lierre vert et brillant,
Elle lui souffle dans l’oreille rougie,
Aux pistils de safran bandés d’or :
As-tu vu mes épines te planter les dards,
Comme des rimes, pour t’inoculer ma vie
Dans ton corps et lui donner une âme?
Ce sont des pétales qui chutent,
Comme les écailles d’un vieux mur,
Des bulles de mousse, odeur de caramel,
Qui dansent comme des derviches tourneurs,
Au milieu du verre avant de coller leurs lèvres
Pour teinter les bords au son des glaçons.
C’est un rêve de poussières au roulis des vents
Qui vont sertir le sol de leurs corps cristallins,
Espérant jaillir à la lumière au firmament
Et ressusciter les hommes,
Une autre fois encore.
Ce sont des nuages émaillés de dentelles roses,
Par delà les masses brunes aux promesses agricoles,
Qui effilent leurs silhouettes de monstres galactiques.
Leurs chevaux de feu et leurs héros antiques,
Avec les silhouettes hédonistes, le ciel pour autel,
Elles semblent dans l’azur s’étirer et baiser.
Baisez la main, qui vous donne à manger,
Le sceptre qui vous protège du danger.
Prenez conseils, sachez les engranger,
Pour palier aux dérives et autres ingérences,
Celles des modes rebelles et des étrangers.
Faites de la paix et du courage votre hymne
De la tolérance hospitalière et de la diversité,
En vivant à Mawazine et aux stades la fête !
La fête et l’hymne de valeurs de droit
Et de la modernité pour les hommes de liberté,
Sous l’œil protecteur de leur céleste berger.
DR IDRISSI MY AHMED, LE PREMIER MAI 2011
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