Comme on l’a déjà dit, la bête noire de nos
élèves à l’examen du bac c’est la production écrite. Certes ils ont un manque
de bagage (lexique, idées..) comme disent certains, mais la technique leur fait
défaut aussi. Les élèves du lycée ont certainement assez de connaissances sur
le monde pour pouvoir développer une réflexion simple. Ils ne savent pas se
servir de leur mémoire morte. Ils ont vécu assez d’événements et d’aventures
dans leur vie pour pouvoir raconter un souvenir d’enfance simple et amusant.
Ils ont étudié le français pendant au moins 9 ans, ce qui est largement
suffisant pour apprendre à apprenant à construire de petites phrases très
simples. Il faudrait seulement les entraîner à faire appel à toutes leurs
ressources, en les mettant dans des situations-problèmes comme disent les
concepteurs de l’enseignement par compétences.

Revenons à présent au problème de la
rédaction d’un récit (ou un texte d’imagination). L’apprenant a étudié des
passages narratifs dans « La
Boite à merveilles » ou dans « La Planète des singes ».
Il a vu des modèles de « l’écriture du moi » et de l’expression des
sentiments (peur, admiration, solitude, colère, tristesse…). Le jour de
l’examen régional, on peut lui demander de raconter un fait ou un sentiment.
Mais savoir « raconter » c’est quoi? C’est savoir imaginer ou se
rappeler un fait (concevoir un scénario ou un schéma narratif), savoir rédiger
des phrases simples en utilisant verbes d’action et des expressions de
sentiment (c’est le programme de la 3^ème du collège!), savoir mettre
de l’ordre dans tout cela avec des indicateurs temporels (par un bel après
–midi de mai, à ce moment-là, deux heures plus tard, vers midi, j’avais encore
six ans….). Je propose aujourd’hui une technique simple aux élèves pour se
débrouiller  le jour de l’examen. Il s’agit de « décomposer » une
action en plusieurs petites actions, de détailler un fait qui vous paraît très
banal. Remarquez qu’un écrivain comme Balzac pour consacrer deux ou trois pages
seulement pour dire qu’un personnage a peur. Exemple: on me demande de raconter
un voyage ou une aventure. Voyager = se réveiller tôt, faire ses valises,
prendre le petit déjeuner, prendre un taxi, se rendre à la gare des trains,
s’installer dans un compartiment….). Je peux penser à 3 étapes: avant, pendant
et après. Parler de sa peur = être seul à la maison, vers 10 h du soir,
entendre un grand bruit, sursauter, avoir la chair de poule, les jambes
fléchissent, les cheveux se dressent, les mains tremblent, le cœur bat très
fort….). Dans les romans cités, il y a plusieurs passages qui parlent de cela.
Les examinateurs n’attendent de l’élève moyen qu’un texte court et cohérent où
l’élève réemploie ce qu’il a vu durant toute l’année. Ce sont mêmes des clichés
fréquents chez les grands écrivains… C’est le strict minimum pour avoir un 5
sur dix. Mais les élèves qui visent une bonne moyenne, doivent faire preuve de
plus de créativité en insérant un petit dialogue dans leur récit, un petit
commentaire de l’événement raconté à la fin, une métaphore ou une touche
comique pour embellir le texte et le rendre attrayant. Un dernier conseil:
Evitez les phrases longues avec le fameux coordonnant « et », comme
celle-ci: *j’ai vu un grand serpent et j’ai poussé un cri et mon père arriva et
il me calma et nous rentrâmes chez-nous et je n’oublie jamais ce souvenir. Vous
avez là 6 phrases indépendantes à enrichir et à enchainer par des adverbes de
temps, ce qui fera un texte de 15 lignes et en 3 paragraphes. Maintenant
exercez-vous à rédiger des récits et donnez-les à votre professeur pour la
correction: racontez votre première journée à l’école, racontez une rencontre
avec un ami, racontez un moment de crise ou de chagrin, rédigez une page de
votre journal intime, faites le compte-rendu d’un film ou d’une fable.