Vu sous une optique universaliste, la terre a un président noir. En effet, en étant à la tête de la plus imposante économie et de la plus puissante armée au monde, Obama est au sommet de la hiérarchie politique mondiale. C’est une évidence bien plate puisque les USA comptent 50 Etats fédérés et que cette union leur a permis d’imposer, à travers des institutions démocratiques, leur domination au reste du monde. Seulement voilà, cet Etat fédéral a élu un président noir ! C’est un événement, car jusqu’à une époque récente, des hommes et des femmes souffraient de persécution et d’injustice aux USA même, rien que parce qu’ils étaient noirs! Quels enseignements le monde arabe peut-il tirer de l’investiture d’Obama?

Trois leçons me paraissent incontournables tellement elles sont édifiantes.

1- Les éternels rêveurs que sont les arabes espèrent. Au lieu d’anticiper et de préparer leurs actions politiques de façon concrète et pragmatique, les responsables de la politique arabe font des projections à l’eau de rose, où ils ne peuvent, dans leur rêves bien sûr, que gagner la sympathie des grands de ce monde. Ces derniers vont en conséquence se mobiliser en vue d’appuyer toutes leurs implorations légitimes et vont même s’investir corps et âme pour leur résoudre tous leurs problèmes. La vérité est que l’Union (USA, UE), quand elle se trouve agressée par son antidote et ce charivari tumultueux qu’elle charrie, à savoir la Désunion Arabe, ses facettes incalculables et ses multiples voix, elle ne peut qu’avoir une réaction de fin de non-recevoir, voire de rejet ; comme un corps sain et solidement agrégé qui se protège face à l’attaque de dangereux microbes ou de virus mortels. Et s’il est évident qu’on ne peut pas être fort en étant divisé, il est tout aussi vrai qu’on ne peut pas être amis ou alliés et coopérer quand on est trop différents ou opposés.

2-Les arabes tablent maintenant sur Obama, comptent sur sa peau noire, ses origines modestes, son passé musulman, ses racines d’esclave noir africain, sa justice de « parvenu » malgré les injustices dont il a souffert lui et les siens; pourtant, c’est dans les pays arabes qu’ il y a peut-être le plus d’injustices au monde, et où persiste même et encore cette forme moderne de l’esclavage qui a été relooké et renommé la traite des blancs, et qui touche des milliers d’ouvriers arabes et asiatiques vivant dans les pays du Golfe dans des conditions scandaleuses pires que celles connues des noirs au 19ème siècle. La justice n’a qu’un visage. Dès lors, on ne peut pas être totalitaire et injuste, et en même temps défendre des causes justes et espérer gagner l’appui du président démocratique de la terre fusse-t-il Obama et fusse-t-il noir ?

3-Président de la terre, Obama est démocrate. Il est certain qu’à un moment de sa vie, cet homme s’est trouvé devant une délicate alternative. Dans quel parti s’engager ? Démocrate ou républicain ? Que choisir ? L’éléphant ou l’âne ? Il est aussi indubitable que la symbolique de ces mascottes a été pour quelque chose dans la carrière politique d’Obama. Au lieu d’opter pour l’éléphant – avec son corps imposant, ses défenses menaçantes, ses longues trompes… – qui personnifie le parti républicain et illustre très bien la folie des grandeurs et le délire de puissance des américains, ce jeune noir, modestement et loin de toute mégalomanie lui a préféré l’âne. Oui, l’âne, cet âne qui incarne le parti démocrate et qui vient de porter Obama au sommet du monde. Pourquoi l’âne ? N’est-ce pas ce même âne-là qui est désigné sans équivoque – et surtout dans le monde arabe- comme la personnification de l’idiotie et de l’ »ânerie » ? Sûrement qu’Obama a décelé ce que les arabes n’ont pas vu. L’âne, l’animal soumis, besogneux, endurant et injustement rabaissé et maltraité.

En adhérant au parti de l’âne, Obama est parti donc de sa propre réalité d’âne dénigré (et de nègre déshumanisé) pour devenir par le travail et la patience l’éléphant imposant, puissant et aux bras longs. En conséquence et concernant les pays arabes, ce n’est pas par l’adoption d’emblèmes ou d’armoiries traduisant la force et la grandeur qu’ils deviendront les maîtres du monde. Au contraire, ils doivent mesurer leur réalité du moment objectivement et en toute humilité, au besoin trouver des mascottes correspondant à cet état des lieux puis travailler au mieux (comme une fourmi par exemple) pour construire un avenir meilleur où ils seront les super-héros.