Association des chercheurs en droit des contentieux / Communiqué de Presse
Association des chercheurs en droit des contentieux
جمعيــة الباحثيـــن فــي قانـون المنازعـــــــــات
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales
Université Mohammed I- Oujda- B.P :5829 Oujda Badr
Tel : 0661455183
l’Association des chercheurs en droit des contentieux en partenariat avec l’université Mohammed premier d’Oujda, organise la XXème session des universités fiscales du printemps qui aura lieu le 02 et 03 Mai 2014 à la salle des conférences de la faculté de médecine et de pharmacie d’Oujda. Les travaux de cette session des universités fiscales du printemps portent sur le thème de « la liberté en droit fiscal ».
Des éminents professeurs, praticiens, chercheurs et avocats spécialisés en matière fiscale, venus de plusieurs pays européens et africains vos débattre pendant deux jours sur le thème de la liberté en droit fiscal selon les axes suivants :
I. La liberté dans l’élaboration des droits fiscaux : Les acteurs de l’élaboration des droits fiscaux sont ils libres de leurs choix?
II. Les droits fiscaux sont-ils des droits des libertés des contribuables ?
III. La liberté dans l’application des droits fiscaux.
IV. Le fisc, l’avocat, le juge : le trilogue impossible ?
Argumentaire :
Pourquoi se préoccuperait on des relations de la liberté et de l’impôt, puisque sur les siècles et les siècles, en tous pays et en toutes civilisations, non seulement on ne voit pas de lien entre eux, mais manifestement, le premier exclut la seconde ? Perçu en effet pour les Dieux, rançon de la guerre, tribut sur les vaincus, Djezia et Kharaj musulmans prélevés sur les chrétiens conquis prélèvements sur les colonisés, payé en immolations d’enfants à Carthage conduisant à l’esclavage, aux galères ou à la contrainte collective par corps dans l’Empire Ottoman, l’impôt, recouvré jusqu’à coups de courbach » lanière en cuir d’hippopotame, d’où vient le mot de cravache, a d’évidence une telle lourde hérédité de tortures et de violence qu’on n’imagine pas l’associer à la liberté. Sauf dans la dialectique de Montesquieu, qui fait de la liberté une contrepartie ou «un dédommagement pour la pesanteur des tributs » et aussi chez des sophistes de 89 proclamant que « la liberté est toute entière dans l’impôt ». Sous entendu il est vrai comme « l’impôt consenti » et donc en conscience de la « cause » de sa nécessité. Ce qui, de l’Ethique de Spinoza à Marx et Freud, définit la liberté comme la compréhension de la nécessité.
Il est d’ailleurs révélateur que le contribuable puisse s’appeler « assujetti » et qu’il soit, dans la théorie juridique de l’obligation fiscale, le « sujet passif «de cette obligation ». Il est encore tout aussi significatif que le mot « libertés » au pluriel ait d’abord désigné au Moyen âge les immunités fiscales et les franchises, c’est à dire l’absence d’impôts dans les villes franches. Comme il est révélateur que la liberté au singulier, en version démocratique individualiste et non plus aristocratique corporatiste ait été proclamée premier des « droits naturels et imprescriptibles de l’homme »,par une Révolution qui commence par faire une «fiscal tabula rasa » en proclamant, dès le 18 juin 1789, « nuls et non avenus tous les impôts existants… ».
C’est dire que si les révolutions fonctionnent en couple avec la liberté, celle ci non seulement ne s’accouple pas historiquement avec la fiscalité, mais en manifeste surtout le rejet. De la Grande Bretagne du Ship money, aux Etat Unis de la Tea Party de Boston ou surtout la France constamment Poujadiste sur seize siècles, des Bagaudes Gaulois du IIIème siècle à la Ligue des contribuables ou encore en 2012 au mouvement des « pigeons » la permanence des révoltes fiscales, en Europe, aux Amériques et dans les empires coloniaux au travers de l’histoire illustre cette antinomie entre la liberté dont Jean Bodin disait qu’elle était naturelle et l’impôt qui n’est que culturel. Comme s’il existait un « genre fiscal », ou un « taxgender », parce que si on nait libre, on ne nait pas contribuable. On le devient !… Et on s’ y résigne, soumis à un destin ou un fatalisme fiscal que des siècles de paiement, sinon de « confiscation par la violence » ont fait intégrer quasiment comme un donné incontournable du corps immortel de l’ Etat.
C’est donc bien légitimement que l’on ne se préoccupe pas de la liberté dans une fiscalité qui relève de la mécanique de la nécessité. Au surplus, on ne le fait pas aussi prudemment en raison de la complexité et du concept de liberté et du domaine de la fiscalité.
Khalid Maaroufi
Président de l’Association
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