Le dernier Pharaon
Le général Egyptien Sissi qui a commandité le coup d’Etat contre le gouvernement légal, fermé les chaînes de télévision favorables aux Frères Musulmans, dissout le parlement, emprisonné le président élu par le peuple, arrêté et enfermés les leaders politiques des Frères Musulmans, ensanglanté le pays par le génocide perpétré contre les Frères Musulmans, s’inspire des pratiques de Bachar El Assad avec qui il partage de sinistres affinités. En effet, depuis plus de deux ans, le président syrien, venu au pouvoir grâce à son père à qui il a succédé, n’arrête pas de massacrer son peuple, de réduire à néant ses infrastructures, de raser tout ce qui se dresse. Tous deux emploient les chars, les blindés et les avions contre leurs peuples. Tous deux font une démonstration excessive de la force contre les civils de leurs pays respectifs, contre leurs concitoyens qui, en principe sont en devoir de les défendre contre un ennemi extérieur, qui n’est pas bien loin et qui partage avec eux des frontières communes. Or, nul n’ignore que les deux armées des deux pays n’ont jamais bien brillé dans aucune guerre contre cet ennemi. Le seul front où ils ont excellé est le front intérieur avec les répressions dans le sang des révoltes du peuple contre la tyrannie et l’oppression des régimes dictatoriaux à qui elles servent de chien de garde et qu’elles défendent comme le chien l’os. Ces deux armées se retirent dans les casernes où elles vivent bien à l’abri des menaces bien réelles de l’ennemi éternel qui les a forcées à se terrer. Les généraux de ces armées, à considérer le volume de leurs ventres, la couleur de leurs joues: ils sont bien tranquilles face à l’ennemi sioniste qui parade à leurs frontières, dans l’espace aérien de leurs pays ou occupe une partie de leur territoire : le Sinaï autrefois et le Golan jusqu’à maintenant.
L’armée égyptienne, avec les snipers sur les toits des bâtiments, les chars, les blindés et les automitrailleuses dans les rues, les hélicoptères de type Apache dans les airs, tirent presque à bout portant sur des manifestants qui réclament le retour à la légalité spoliée par l’armée, le retour au pouvoir d’un président légitimement élu à la tête du pays.
Les pratiques du général Sissi contre le président qu’il a déchu et les Frères Musulmans ressemblent aux pratiques de Pharaon contre Moïse et les Juifs. La similitude est parfaite et l’analogie complète : Sissi est aujourd’hui à Mursi et aux Frères Musulmans ce que Pharaon était autrefois à Moïse et aux Juifs dont Dieu a dit :’’Nous vous délivrâmes jadis de l’oppression de Pharaon et de ses sbires qui vous soumettaient aux pires tourments, égorgeant vos enfants et épargnant vos femmes. C’était là une terrible épreuve à laquelle vous soumettait votre Seigneur (49) Nous fendîmes la mer pour vous frayer un passage, vous fûtes ainsi délivrés du joug de Pharaon et des siens que Nous fîmes engloutir sous vos yeux(50)*. Sissi n’a-t-il pas incendié la place de Rabiaa Al Adaouya celle de Annahda après avoir massacré des manifestants désarmés : hommes, femmes, enfants, vieux et jeunes que son armée a assassinés et dont il a brûlé les corps mutilés ? N’a-t-il pas pourchassé les manifestants des Frères Musulmans darb barb, zanga zanga**, dans les quartiers du Caire et dans les Mosquées où il les a exterminés un à un? N’a-t-il pas arrêté et mis en prison les leaders des Frères Musulmans ? N’a-t-il pas exécuté froidement des manifestants qu’il a arrêtés? Ne s’appuie-t-il pas dans sa guerre contre les Frères Musulmans sur les vagabonds, les repris de justice et les trafiquants de drogue dits ‘’baltagias’’ ?
وَإِذْ نَجَّيْنَاكُمْ مِنْ آلِ فِرْعَوْنَ يَسُومُونَكُمْ سُوءَ الْعَذَابِ يُذَبِّحُونَ أَبْنَاءَكُمْ وَيَسْتَحْيُونَ نِسَاءَكُمْ وَفِي ذَلِكُمْ بَلاءٌ مِنْ رَبِّكُمْ عَظِيمٌ *
( 49 )
وَإِذْ فَرَقْنَا بِكُمُ الْبَحْرَ فَأَنْجَيْنَاكُمْ وَأَغْرَقْنَا آلَ فِرْعَوْنَ وَأَنْتُمْ تَنْظُرُونَ
( 50 )
*البقرة
** à travers les rues : emprunt à kadhafi
1 Comment
Et si le Pharaon était au fond de chacun de nous et était présent dans les moindres détails de notre quotidien et les gestes les plus banaux de la vie de tous les jours, des gestes qui, consciemment ou non, font émerger le pharaon. Il m’étonnerait que ce dernier prenne fin, tant que le processus d’extériorisation de ce moi-tyran, ce moi tordu, ce moi pharaon, est le même. En vérité, les pharaons que l’on voit ne sont que l’image des statues faites par nos propres mains, des pharaons qui ne reflètent qu’une partie de nous qui a du mal se libérer de son inconscient pharaonique. Avant de penser à démolir les statues pharaoniques réelles, il vaut mieux commencer par ces moi-pharaons invisibles.
Au plaisir de vous lire.