ESSAI : REFLEXIONS DE «RATIONALISATION » DE L’ACTE D’EVALUATION A L’EPOQUE CONTEMPORAINE
ESSAI : REFLEXIONS DE «RATIONALISATION » DE L’ACTE D’EVALUATION
A L’EPOQUE CONTEMPORAINE
(suite2)
Il urge et importe de faire face à cette situation, c’est-à-dire cette dernière critique relative aux risques d’appauvrissement des objectifs et des résultats de l’enseignement et de la formation. La docimologie prescriptive semble ‘orienter plus récemment vers une prise en compte plus explicite des relations entre acte de formation et acte d’évaluation.
Très significativement, on observe que l’important mouvement d’élaboration de taxonomies d’objectifs s’est en fait développé à partir de problèmes de docimologues et même plus exactement d’examinateurs : le fondateur de ces taxinomies, Bloom, établit lui-même très clairement la liaison entre les deux types de préoccupations.
Ce n’est que dans un second temps, que l’on s’est proposé d’utiliser les taxinomies d’objectifs et non plus seulement pour l’évaluation des individus, mais encore pour l’étude des programmes scolaires ou pour les recherches pédagogiques proprement dites. A l’heure actuelle « l’équation objectifs=comportements=technique docimologique=problèmes d’examens » est suffisamment admise pour que l’immense majorité des docimologues fassent de l’identification des objectifs de la formation le premier acte ou le pré-requis de toute démarche d’évaluation : la précision d’un acte d’évaluation est affirmée comme dépendante pour une large part de la précision des objectifs de l’acte de formation auquel il correspond.
Depuis plusieurs décades on constate la mise en place progressive au sein de l’appareil de formation d’un diapositif de plus en plus complet de dépistage-orientation-suivi-sélection des individus. Les premières ébauches de ce dispositif apparaissent, semble-t-il dès la fin de la première guerre mondiale, en liaison notamment avec le développement de l’enseignement technique : à partir de cette époque se répandent de nouveaux types d’épreuves se donnant spécifiquement pour objet le discernement des aptitudes, et se distinguant nettement des épreuves traditionnelles de contrôle des acquisitions.
Dans les années 30 la notion d’orientation prend de plus en plus d’importance dans le système scolaire au point que des chercheurs en ont fait la base de leurs projets de réforme de l’enseignement, et ont lancé les premières classes d’orientation. Ce n’est toutefois qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale que ce dispositif sera véritablement institué ; dans les années 45 à 60 sont prises en effet une série de mesures décisives en ce sens : institution des conseillers d’orientation, institution des psychologues scolaires, mise en place du livret scolaire, généralisation des classes d’orientation, dans le premier cycle du secondaire.
A l’heure actuelle ce dispositif est encore susceptible de connaître d’importantes transformations puisque dans une période qui n’est pas si éloignée on a vu apparaître des initiatives aussi importantes qu’une explicitation de la prise de position de nombreuses instances internationales en faveur de systèmes de contrôle continu, que des circulaires ministérielles se consacrent clairement aux problèmes des compositions, aux notes et classements dans le primaire au secondaire, et proposent de « substituer à la notion de composition traditionnelle celle d’exercices de contrôle divers faits en classe, en temps limité », ou encore qu’une tentative de mettre en place un dossier individuel valable pour toute la scolarité.
Les caractères que ce dossier a pris jusqu’à présent sont suffisamment précis et cohérents pour qu’on puisse discerner une double évolution :
1/Evolution des objectifs des actes d’évaluation ;
2/Evolution des fonctions des actes d’évaluation.
(A suivre). /.
DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui
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