Compte tenu la divergence des acteurs dans une formation à distance, et aussi l’importance des rôles joués par chaque intervenant, j’ai choisi de traiter spécifiquement les aspects liés aux  fonctions, rôles et espaces des acteurs dans une formation à distance. On peut donc se demander comment peut-on comprendre les fonctions accordées à chaque intervenant dans une formation à distance ?  Y’a il une relation entre l’usage des outils mis à la disposition des apprenants et les rôles des acteurs?

Pour répondre à ces questions nous allons donc étudier les différents paramètres liés à chaque acteur  en se basant sur le plan suivant :

I.      Relation éducative à distance

1-Fonctions d’enseignement

2-Pôles de la relation éducative à distance

1.      Institution

2.      Personnel d’encadrement

3.      Enseignants – concepteurs

4.      Équipe pédagogique

II.      Rôles et fonctions du tuteur dans une formation à distance

III.      Acteurs et processus

1.      Processus d’apprentissage

2.      Processus d’information

3.      Processus d’assistance et de conseil pédagogique

4.      Processus d’ingénierie didactique

5.      Processus  de gestion pédagogique

IV.      Espace virtuel des acteurs dans une formation à distance

1.      Navigation-gestion

2.      Information

3.      Production

4.      Assistance

5.      Collaboration et communication

V.      Usages des outils mis à la disposition des apprenants à distance.

Conclusion

I.      La relation éducative à distance :

1-Les fonctions d’enseignement :

Daniel Peraya a distingué entre deux fonctions de l’enseignement : la fonction pédagogique et la fonction non pédagogique. La première concerne le matériel didactique, la conception des programmes, l’évaluation et l’encadrement des apprenants. La deuxième concerne la fabrication du matériel d’enseignement, la gestion logistique de l’institution et des activités d’apprentissage. Cette distinction, nous montre Peraya, n’est pas toujours rigide.  Il se peut qu’il aura d’autres distinctions qui font  apparaître l’interaction entre les fonctions pédagogiques et non-pédagogiques dans le but de respecter le cheminement et le rythme personnel de chaque apprenant.

2-Les pôles de la relation éducative à distance

La nature de la formation à distance exige certains changements au niveau du rôle classique de chaque intervenant dans l’acte d’apprentissage et d’enseignement à distance. Selon, Daniel Peraya, chaque sousfonction  est prise par un personnel spécialisé. Ainsi, l’enseignement dans une FAD est devenu une responsabilité partagée entre l’institution, l’enseignant, l’équipe pédagogique et le personnel d’encadrement.

– L’institution détermine les pratiques pédagogiques et administratives de la FAD selon sa propre vision de l’éducation. Elle a le rôle de gérer et d’organiser les relations éducatives à distance. D’un coté, elle détermine les politiques de la FAD, et d’un autre côté elle organise l’encadrement, gère l’apprentissage et diffuse le matériel. Aussi, l’institution prend les décisions, définit les savoirs et trace les modes d’enseignement et d’apprentissage.

Généralement les ressources humaines dans une formation à distance, selon Daniel Peraya, jouent les rôles suivants :

– l’enseignant-concepteur : comme étant un acteur dans l’acte pédagogique, il occupe le stade de la réalisation et de la conception du matériel didactique. Il a le rôle de définir les objectifs, suivre les démarches de la réalisation de ces objectifs et choisir les ressources pédagogiques et multimédias relatifs aux scénario d’enseignement/’apprentissage. Or, parmi ce qui différencie la FAD à celle présentielle, c’est la façon par laquelle se fait le contact entre l’apprenant et l’enseignant. Autrement dit, dans une FAD ce contact se réalise à travers  l’intermédiaire de l’institution ou du personnel d’encadrement.

– Personnels d’encadrement : ce sont les médiateurs entre la matière didactique et les besoins d’apprenant. Un personnel d’encadrement peut être un conseiller pédagogique, un facilitateurs, un correcteur ou un tuteur. En effet, selon Daniel Peraya  l’acte d’enseignement dans une FAD est occupé par le tuteur qui intervient pour assurer le passage des connaissances à l’apprenant. Il a le rôle d’accompagner, guider, soutenir, évaluer, clarifier, informer et encourager l’apprenant dans son acte d’apprentissage.

– L’équipe pédagogique : cette équipe contient un professeur responsable ou un «designer de formation » et un ingénieur pédagogique qui a le rôle de coordonner entre plusieurs intervenants: méthodologues, spécialistes de l’encadrement, informaticiens, rédacteurs, audiovisualistes, technologues de l’éducation, documentalistes, graphistes, éditeurs, réalisateurs, preneurs d’images et de sons, etc. Il revient à l’équipe pédagogique de rassembler des professions différentes à savoir l’enseignement, les techniques de diffusion, la programmation, le marketing… etc. En générale,  l’ingénieur pédagogique assure une double fonction : d’abord, une fonction pédagogique par laquelle il peut construire les programmes et les modules de formation. Puis, une fonction non-pédagogique car il a la possibilité d’organiser, planifier et contrôler l’élaboration du matériel didactique. L’ingénierie pédagogique tente à gérer les ressources humaines et technologiques à fin de réduire les diversités des apprenants au niveau de leurs intérêts, leurs fonctions et leurs points de vue.

II.      Rôles et fonctions du tuteur dans une formation à distance:

Patricia GOUNON, Xavier DUBOURG et Pascal LEROUX, dans leur article : « Un modèle d’organisation du tutorat pour la conception de dispositifs informatiques d’accompagnement des apprenants » mettent l’accent sur les différents rôles joués par le tuteur. Les auteurs nous soulignent que dans le cadre d’une formation à distance, le tuteur a comme fonction d’accompagner et guider l’apprenant dans la réalisation de ses activités d’apprentissage. Il est donc un facilitateur, un animateur, un consultant, un formateur, un régulateur et un gestionnaire. En générale, les fonctions du tuteur diffèrent  selon la situation d’apprentissage et la théorie d’apprentissage choisie.

En effet, le tuteur n’est pas toujours présent dans une session d’apprentissage. Plus précisément, le tuteur peut intervenir d’une manière permanente dans une activité d’apprentissage, ou d’une manière ponctuelle qui correspond à une présence du tuteur pendant une période limité.  Dans une formation à distance, le tuteur peut  être un acteur humain ou un dispositif informatique. Le tuteur humain est souvent personnifié par un enseignant, par contre un tuteur informatique apporte des informations de guide ou de repère aux apprenants.

III.      Acteurs et processus :

Quant à G. Paquette, C. Ricciardi-Rigault, I. de la Teja et C. Paquinn dans leur article « Le Campus Virtuel : un réseau d’acteurs et de moyens diversifiés », ils distinguent entre différents acteurs qui interviennent dans une formation à distance à savoir : l’apprenant, l’informateur, le gestionnaire, le formateur et le concepteur. Sur la base d’un modèle de campus virtuel retenu  au LICEF, ces auteurs  nous présentent les processus  régis par les différents  acteurs.

1-      Le processus d’apprentissage : Ce processus est occupé par l’apprenant qui a le rôle de transformer les informations en connaissances. Les informations sont mise à la portée de l’apprenant par l’innervation directe ou médiatisée de l’informateur. L’apprenant détermine son processus d’apprentissage à travers l’exploitation des ressources internes et les informations externes, la réalisation des activités,  la communications des informations dans un scénario d’apprentissage …etc.

2-      Le processus d’information : ce processus est régi par l’informateur  qui peut être une personne ou un groupe. L’informateur clarifie le contenu et communique les informations à l’apprenant d’une manière directe ou médiatisée par des supports permettant le passage des savoirs à l’apprenant (livre, vidéo,  logiciel… etc.)

3-      Processus d’assistance et de conseil pédagogique : Ce processus est occupé par le formateur qui est un conseiller, un évaluateur des travaux réalisés par les apprenants, un moniteur et un animateur des groupes d’apprenants. Le formateur garantit l’acquisition des informations par l’apprenant en lui guidant dans sa démarche d’apprentissage.

4-      Processus d’ingénierie didactique : ce processus est régi par le concepteur qui assure la construction et la maintenance du système d’apprentissage.  Le concepteur analyse les besoins, trace les scénarios pédagogiques,  réalise les instrument didactique…etc.

5-      Processus  de gestion pédagogique : ce processus est régi par le gestionnaire qui a le rôle de gérer les acteurs ainsi que les différents événements en fonction du système d’apprentissage définit par le concepteur. Le gestionnaire donc est un décideur, un contrôleur et un organisateur.

IV.      Espace virtuel des acteurs dans une formation à distance :
G. Paquette, C. Ricciardi-Rigault, I. de la Teja et C. Paquinn dans leur article « Le Campus Virtuel : un réseau d’acteurs et de moyens diversifiés » nous présente cinq espaces virtuels d’un système d’apprentissage, dans lesquels chaque acteur intervient par sa propre façon et selon ses propres rôles et fonctions. Le modèle proposé est nommé « HyperGuide », il donne aux acteurs la possibilité d’accéder aux différents services et outils. En effet,  l’environnement « HyperGuide » rassemble les espaces suivants :

2-                          Navigation-gestion : il donne la possibilité  aux acteurs de naviguer dans le scénario d’apprentissage et d’accéder aux outils de gestion tels que : carnet, agenda, plan de travail, navigateur du modèle de connaissance.

3-                          Information : regroupe les différents types de documents, textes, cours et données nécessaires pour l’accomplissement   des fonctions réservées à chaque acteurs.

4-                          Production : un atelier de travail et de production qui rassemble les outils permettant l’intervention dans un système d’apprentissage, la production des  travaux et l’accomplissement des tâches.

5-                          Assistance : il permet d’obtenir un aide contextuel ou des conseils  par un tuteur en ligne (humain  ou logiciel).

6-                          Collaboration et communication : un espace qui rassemble les outils permettant  le partage et l’échange avec d’autres acteurs. Il permet aussi la réalisation des travaux en groupe, l’échange par des outils de communication telles que les télé-discussions.

I.      Usages des outils mis à la disposition des apprenants à distance :

La deuxième partie de l’article : « comment un nouvel outil qu’il faut bien utiliser devient  un instrument au service d’une activité » présente les résultats recueillies dans les deux éditons 1999 et 2000 du projet Learn_Nett.

Les observations de l’édition 1999 ont montré  plusieurs lacunes au niveau du degré de maîtrise des outils et au même temps au niveau de l’accès aux outils. En effet,  les apprenants dans cette édition ont montré une nulle perception des fonctionnalités du site web.

En 2000, le site web est transformé en campus virtuel qui contient des pages d’informations, des outils de communication et d’autres de gestion et de régulation. Les observations de ce campus virtuel ont montré un grand développement au niveau de l’usage des outils par les apprenants. Les observations ont montré aussi des représentations variées concernant l’utilité des outils par les utilisateurs. En effet, les apprenants ont construit des règles explicites et implicites de l’application des outils, contrairement à l’usage prévu. L’article explique l’usage ou le non usage des outils proposés par différents principes :

– Principe de besoin : l’usage des bons outils et au bon moment en fonction des tâches à réaliser.

– principe d’économie : l’usage des outils permettant la réalisation des tâches dans le moindre de temps.

– Principe d’utilité : l’usage des outils les plus efficaces .

– Principe d’habitude : l’usage des outils auxquels les apprenants sont habitués.

Or, Engeström divise le triangle du système de l’activité en trois parties :

1 – Le triangle sujet, outil et communauté ;

2 – Le triangle outil, communauté et objet ;

3 – Le triangle sujet, outil et objet ;

Cependant, dans le cadre d’une implication pratique du système d’activité, le triangle sujet, outil et communauté, a eu le problème de construction des  règles d’usage implicites et explicites. La solution proposée consiste à faire des  formations techniques qui visent la communauté d’utilisateurs.

Concernant le triangle  outil, communauté et objet, les règles de fonctionnement et de division de travail impliquées par la communauté, influence les usages prévus des outils. La solution consiste à prévoir une formation orientée vers l’activité et vers les outils en tant qu’instruments.

Quant à le triangle sujet, outil et objet, il présente  une conception individuelle des outils. Ce triangle a le problème de la conception individuelle de l’utilité de l’outil comme médiateur pour atteindre l’objet. La solution consiste à donner une formation technique liée à l’activité à réaliser.

Conclusion

On peut conclure que, la formation à distance (FAD) est un processus d’enseignement qui investit un projet d’acquisition des connaissances à l’écart de la dimension présentielle. Contrairement à la formation qui nécessite une présence physique du formateur et du formé, la FAD effectue les échanges pédagogiques à travers des supports médiatiques. Les formations à distance prennent habituellement de nombreux aspects et des niveaux de qualité différents, mais au niveau des pôles de la relation éducative à distance on peut le plus souvent y relever les acteurs suivants : apprenant, informateur, gestionnaire, formateur et le concepteur. Le travail collaboratif trouve aussi sa place dans la FAD dans la mesure où ce type de formation permet aux acteurs de construire des groupes de travail, de collaborer ensemble et de partager les connaissances. Aujourd’hui, La FAD permet à l’apprenant de gérer et organiser son acte d’apprentissage d’une manière autonome et indépendante à travers des outils mise à sa disposition. Cependant, il devient indispensable à l’apprenant de maîtriser l’usage de ces outils sans l’intermédiaire des autres acteurs qui doivent garantir un accès facile aux ressources   et aux outils.

Références :

n         Daniel Peraya. 2001-2002 « Réalisation d’un dispositif de formation entièrement ou partiellement à distance »

n         G. Paquette, C. Ricciardi-Rigault, I. de la Teja et C. Paquin. 1997 « Le Campus Virtuel : un réseau d’acteurs et de moyens diversifiés »

n         Patricia GOUNON, Xavier DUBOURG, Pascal LEROUX. Un modèle d’organisation du tutorat pour la conception de dispositifs informatiques d’accompagnement des apprenants

n         Projet d’article pour le livre Learn-nett – version 3 2000 « comment un nouvel outil qu’il faut bien utiliser devient  un instrument au service d’une activité »

MAARAD Siham

Master didactique et technologie éducative

FLSH, Oujda

EMAIL : siham-ed@hotmail.com