Boulevard el Maghreb el Arabi,une avenue chargée de visages et d’histoire

Cette avenue, appelée autrefois Cours Maurice Varnier, est un long boulevard qui débute de la place Sidi Abdelwahab jusqu’à l’hôtel Atlas Orient (el Massira avant).Cette artère était des plus stratégiques de la ville .Elle reliait la ville de l’Est à l’Ouest. C’était en effet la voie qui menait au Souk,àl’hôpiltal Al Farabi,à la nouvelle ville, à Oued Ennachef et les autres villages de proximité. Les concepteurs de cette avenue étaient soucieux de lui donner un rôle fonctionnel et « promenoir » ;voilà pourquoi ce Bd longe la muraille de l’ancienne médina qui va de Bab SAW à Bab el Gharbi.

Le bd El Maghreb el Arabi était l’un des endroits les plus paisibles de la ville d’Oujda et où il était vraiment agréable de  flâner le long de cette muraille, de ce jardin mythique aujourd’hui Lalla Mérième ; sous ses arbres ombrageux et centenaires Dans cet espace de verdure et d’oxygène, en plus des bancs publics aux courbes majestueuses et au bois solide, d’arcades en dur ou en acier où s’entremêlaient les branches du bougainvillier à la couleur violette. En plus d’un joli bassin où se mouvaient des poissons magiques, il y avait un préau aux arcades blanches sous lequel ,chaque jeudi soir, un orchestre de la ville venait y répéter les plus belles chansons marocaines et locales de l’époque. C’est dire  la place dont bénéficiait la vie artistique dans l’agenda des élus de cette époque là!

Bd Maghreb el Arabi rassemblait des corps de métier de la ville d’Oujda tels les « cyclistes »(les réparateurs et loueurs de bécanes) les bourrelier des matelas, les tonneliers(les fabriquants de tonneaux en bois pour les hammams) ,machinistes de crin

Dans cette avenue, en plus du Jardin Lalla Mérièm, il y avait un autre joli espace vert au design des plus beaux et des plus fonctionnels, aujourd’hui transformé en arrêt de bus, Kissaria. Il y a aussi Dar Essabti, très belle résidence ,un mini palais en somme à l’architecture arabo-andalouse qui ’,paraît-il ,a été légué par Essebti lui-même à l’Etat  et qui était au départ un espace d’animation sous la responsabilité du Ministère de la jeunesse et des Sports, mais aujourd’hui une salle pour célébrer des mariages et des fois on y organise des forums mais peu de recherches sur la musique gharnatie auquelles a été dédiée Dar Essebti au départ après sa rénovation. Un peu plus loin, il y avait l’abattoir de la ville. Dans ce Bd, il y avait un autre corps de métier celui des auto-écoles car très près des TP, Dar AWLAD Echouhada ;une véritable institution de dicsipline et d’éducation (aujourd’hui Délégation des Affaires Islamiques). Dar el Cadi,l’ Ecole des infirmiers et infirmières puis Dar el Barraka, ( aujourd’hui ATLAS Orient)une villa des plus somptueuses de la ville d’Oujda et qui enflammait l’imagination des oujdis pour trouver une explication à ce nom en arabe donné par son propriétaire français à ce bijou architectural arabo-musulman.

Des personnages mythiques de ce fameux bd, il y en avait :le célébrissime ABROUSS, le pharmacien, Jazoulli  pâtissier(Halwat Darna)’,musicien et Gnaoui , l’irascible SBAII propriétaire du café maure de l’ immense écurie, Madreg le célèbre  marchand de la menthe, les sympathiques Hammou, Allal « cyclistes »,Bouzagaoui le marchand de beignets connu dans toute la ville, Abdelkrim le coiffeur et musicien membre de l’orchestre Zemmouri, son collègue Ejjadaini père de Kassem l’ ex -animateur de Radio Oujda, ADDib(le loup) avec son célèbre Fès rouge et son verbe, les frères Aouich les premiers propriètaires d’autos-écoles, Al Wahrani,le détraqué aux  multiples burnous, un véritable obsédé d’eau ,« gardien » de la fontaine publique du BD MA et parfois dangereux avec son bâton qu’il ne quittait jamais .

Le Boulevard el Mogthreb el Arabi est aussi une des voies royales de la ville, Feu Hassan II l’avait empruntée  dans sa carosse pour aller à la Grande Mosquée, Mohamed 6 pour ses inaugurations…  Par cette avenue,.les foules oujdie s’étaient ruées un soir de  Ramadan à la suite de la mort subite de Mohammed V pour aller pleurer leur roi et faire leurs allégeances à son prince héritier aux portes de la Kasbah et de la Province..

Les oujdis qui foulèrent les pavés de ce mythique Boulevard du temps où il était une artère calme et sereine remarquent aujourd’hui que ce Bd a perdu beaucoup de son charme : congestion terrible de la circulation à cause des bus et des marchands ambulants qui se plaisent sans le moindre sens de citoyenneté à obstruer la circulation.  Ils constatent aussi que tous ces corps de métier ont disparu car ils ont fait peut-être leur temps. Ce boulevard n’est plus cet endroit incontournable où tout le monde se connaissait, rigolait, se solidarisait…et c’est dommage !!!<Photo 1>