l’Afrique ne peut
Par BELHALOUMI Abdelrhani
L’Afrique, est souvent abordée sous le thème de la dépendance économique, la ruée exacerbée vers ses ressources, les flux de capitaux échappant à ses populations, les firmes multinationales et leurs modèles de consommation inadaptés aux besoins locaux de développement. Un continent au taux d’accès à l’énergie le plus faible au monde. Un continent où se côtoient misère, uranium, pierres précieuses, eau, gaz , pétrole, bauxite, gisements de fer riche en teneur, or, forêts, réserves immenses de diamant de platine, cuivre, coltan, ressources halieutiques et bien entendu des putschs militaires (106 réussis sur 248, depuis 1950). Un continent où se succèdent des élections, des sommets sensés encourager la prospérité, la stabilité et la sécurité ; entrecoupés de coups d’Etat. Par exemple, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, le 23 octobre 2019 un sommet Russie-Afrique a eu lieu. Puis, soudain, le 18 août 2020 un double putsch est survenu au Mali ; où un Colonel soutenu par son quarteron d’officiers supérieurs a déposé le président. Ce putsch, est arrivé tout juste trois mois après le Forum sur la Coopération sino -africaine (FCSA) pour la solidarité et la coopération pour vaincre le Coronavirus et pour une communauté d’avenir partagé. Et en septembre 2021 un coup d’Etat est survenu en Guinée , suivi par une réunion ministérielle Union africaine-Union européenne le 26 octobre 2021 au Rwanda ; et par le 8e sommet Chine-Afrique au Sénégal en novembre de la même année. Puis, l’année 2022 a été célébrée au Burkina Faso par l’armée en renversant le Président. S’en est suivi en février 2022, un sommet UE-UA au Sénégal, où les dirigeants des deux parties se sont mis d’accord pour une vision commune .Ensuite, des militaires ont entrepris un coup d’Etat au Niger le 26 juillet 2023, et écarté le président élu la veille du Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Un sommet destiné à accroitre l’approvisionnement alimentaire, l’énergie et l’aide au développement en Afrique. Et à peine un mois après, un putsch a eu lieu au Gabon où le président a été renversé. Et le jour-même du putsch, soit le 30 août 2023, le président ougandais a interdit l’importation de ce qu’il a appelé les “vêtements de Blancs morts”. En fait, il s’agit de vêtements usagés provenant d’Europe et des Usa. Puis, à côté de tout ça, des populations africaines insistent sur :
-la mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA), adopté à Addis Abeba le 31 janvier 2015.. C’est en fait le schéma et le plan directeur de l’Afrique visant à la transformer en puissance mondiale. D’ailleurs, certains n’hésitent pas à demander l’adoption de l’arabe , en tant que langue africaine officielle de l’Onu comme langue de communication lors des futurs sommets africains.
– la mise en œuvre de la «vision minière pour l’Afrique» adoptée en 2009 par les chefs d’État ou de gouvernements africains pour assurer une exploitation transparente, équitable et optimale des ressources minérales; et des minerais provenant de zones de conflit. De permettre aux pays africains de prélever des taxes à l’exportation sur les matières premières, de renégocier les contrats miniers pour accroître les revenus de l’Etat,
d’alléger la dette africaine et non pas juste retarder les paiements. D’activer le rôle de la diplomatie de l’eau et du pacte vert, et de surveiller les activités liées à la pêche industrielle, car c’est une menace pour l’approvisionnement des populations locales vivant des ressources halieutiques traditionnelles. Et surtout, de préserver les océans qui est une source mondiale de protéines; et la biodiversité surexploitée. De contrôler la déforestation et de protéger les espèces sauvages et les écosystèmes . Bref, d’octroyer à l’Afrique les moyens suffisants pour mettre en œuvre la
recommandation «Au-delà des éléphants » ou de mettre fin à tous les partenariats hors Afrique.
–l’application du contenu du rapport de 2019 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture intitulé «L’État de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde» et son rapport de 2016 intitulé «Situation des forêts du monde». De cesser de mettre en péril l’agriculture paysanne, secteur dont dépend la population pour sa subsistance. De respecter scrupuleusement la période 2019-2028 proclamée «décennie pour l’agriculture familiale, pour mettre fin à la dépendance des États africains à l’égard des importations alimentaires. Ceci revient à protéger le droit à la souveraineté et la sécurité alimentaire des États africains.
– la réalisation effective de la stratégie « Global Gateway » présentée par l’UE 1er décembre 2021 à Bruxelles, stratégie qui a coïncidé avec le putsch au Soudan où des militaires venaient de prendre le pouvoir, et que de violents combats secouaient la province du Tigré (nord de l’Ethiopie). Une stratégie visant à développer des liens intelligents, propres et sûrs dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier, dont 150 milliards d’euros pour l’Afrique. Ainsi que l’évaluation de la stratégie de croissance « Green Deal » adoptée à l’issue du 5e sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne, qui s’est tenu à Abidjan en novembre 2017. Car, depuis le pacte Il de la stratégie commune Afrique-UE adoptée à Lisbonne le 9 décembre 2007, l’UE est confrontée à une concurrence vive, tout en étant le premier partenaire de l’Afrique dans de nombreux domaines, et notamment les matières premières. L’UE et l’Afrique gèrent leur partenariat stratégique en se concentrant sur les secteurs où l’EU a une valeur ajoutée, comme les énergies renouvelables, véritable partenariat géopolitique, c’est ce qui se dit en tout cas.
-La réalisation des dix-sept objectifs de développement durable (ODD), dans le respect des principes du programme de développement durable à l’horizon 2030 «de continent à continent» entre l’Union européenne et l’Union africaine.
Enfin, les Africains aspirent réellement à un partenariat global, équitable, équilibré, inclusif et ouvert. Un partenariat qui reconnaît l’Afrique dans toute sa diversité et non pas comme arène de compétition entre pays étrangers pour son potentiel énergétique. Un partenariat pour une agriculture durable et résiliente. Car, il est grand temps de concrétiser l’idée de partenariats entre égaux, avec une stratégie refondée de l’Afrique.et des partenaires en faveur d’une mobilité et d’une migration mutuellement bénéfiques.
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