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Qui vient de l’autre : la darija de l’arabe classique ou l’inverse ?

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Zaid Tayeb

Le sujet du choix de la langue d’enseignement dans nos écoles est toujours d’actualité malgré son caractère un peu dépassé ou désuet. Mais certains polémistes ont rouvert le débat et j’ai trouvé intéressant d’y participer en cette période de confinement. Il est trop tard pour faire marche arrière pour nos dirigeants qui ont cavalé seuls en ayant francisé nos écoles sans nous demander notre avis, ce qui peut expliquer que l’intérêt du pays dépend de celui de la France et de l’élite qui reste attachée à la France, que la survie de la branche dépend de celle de l’arbre. Rien de mal à tout cela puisque cela va ainsi. Il va ainsi, oui, mais il ira ainsi, non. Nous voulons que l’intérêt du pays dépende de celui de ses hommes, de leurs compétences, de leurs mérites, que le pays soit l’arbre aux racines bien profondes, non la branche.

Tout enseignement réussi, doit se pratiquer dans la langue maternelle du pays, l’arabe pour les Araabes, le français pour la France, l’anglais pour l’Angleterre, le japonais pour le Japon etc.…Or beaucoup de ceux de chez-nous soutiennent autre chose que ce que je dis dans ce présent écrit. Pour eux, la langue maternelle est la darija comme si la darija est une autre langue qu’arabe. Leur argument est qu’à notre naissance, nous parlons la darija et non l’arabe classique. Ce qui est vrai. La darija est la langue arabe parlée commune de tous les Marocains qui la parlent sans l’avoir apprise (d’autres parlent à leur naissance l’amazigh), quels que soient leur statut et leur niveau culturel, alors que l’arabe classique est celle de l’écrit, avec son code et ses règles qui s’acquièrent par un long processus d’apprentissage scolaire. La darija est issue en grande partie de l’arabe classique. En conséquence, et contrairement à ce que soutient cet autre, elle est la fille non la mère de l’arabe classique, une fille rebelle, instable, au caractère versatile, inconstant. Ce qui en est de la langue arabe et de la darija avec ses nombreuses variantes régionales, l’est également pour le français soutenu/ courant et le français familier/populaire avec leurs nombreuses variantes. La langue maternelle des Français est donc le français tout court, au sens global du terme. Dans les faits, il y a deux français, un que tous les citoyens français parlent après leur naissance en famille et dans la rue ( familier/populaire) pour communiquer entre eux sans les contraintes de l’artifice des règles de grammaire et de style ,et un français qu’ils apprennent à l’école( soutenu/courant) par lequel ils transmettent un savoir et des connaissances dans les respect d’un code . Comme il y a deux langues arabes, un classique et un autre dit darija, un écrit et un parlé, il y a deux français, un soutenu/standard, et un familier/populaire, un écrit et un parlé.

Certaines voix se sont élevées pour réclamer la darijisation de notre enseignement. Je les rassure, car quelle que soit la langue adoptée dans notre école, arabe classique ou français, les cours se font en darija.

D’autres voix s’élèvent contre la langue classique à laquelle ils amputent l’échec de l’école à cause, disent-ils, de son incapacité à s’adapter à la modernité et au modernisme. Ils proposent de l’abandonner au profit de la darija. C’est une bonne idée, seulement elle est idiote comme l’est celui à qui elle est attribuée. De la darija, naîtra une autre langue vernaculaire comme du latin le français soutenu/courant, et du français soutenu/courant le familier ou le populaire. Si la France décide un jour d’abandonner le français scolaire ou savant pour un français populaire, elle doit s’attendre à la naissance d’une autre langue qui en sera issue ; de la même manière, si nous abandonnons l’arabe classique pour la darija, de cette dernière naîtra sûrement une autre langue. Pourquoi donc ? Pour la simple raison que la langue parlée, qu’elle soit la darija pour l’arabe, ou le familier/populaire pour le français, les usagers aiment s’affranchir des contraintes des règles et du code.

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