L’Agence de l’Oriental et les MRE
L’Agence de l’Oriental et les MRE
Par BELHALOUMI Abdelrhani
Notons qu’au Maroc, on a mis en place des agences de développement dont le but est de garantir le développement équilibré de l’ensemble du pays, et c’est ainsi que l’on a :
1. l’Agence de développement économique et social des provinces et préfectures du Nord
2. l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud
3. l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces de la Région orientale
Il y’a également l’agence de développement social (ADS) qui est un établissement public sous la tutelle du Ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.
Les MRE, tout comme les autres forces vives, se sont intéressés à leurs régions respectives et au développement de tout le pays en général.
Personne ne peut nier les problèmes objectifs de gestion, d’absentéisme, d’obstacles administratifs et de mauvaise gouvernance qui minent l’Agence de l’Oriental.
Cette analyse n’a, cependant, pas comme finalité de nuire ni à l’Agence ni aux personnes, mais plutôt à inviter les responsables à rectifier le tir. Car, la pauvreté, la précarité et la criminalité sévissent dans la région de l’Oriental, et la crise financière actuelle suivie par les dernières inondations ne vont rien arranger du tout à l’affaire.
Commençons plutôt par ce qui est positif au sein de l’Oriental :
Il est vrai que l’initiative royale pour le Développement de la Région de l’Oriental marocain a même été applaudie par la Banque mondiale en 2003. D’après cette dernière, cette initiative jetait les jalons d’une stratégie d’envergure pour le développement de l’Oriental et la consolidation de l’économie nationale.
A Nador : siège de l’une des cinq provinces de l’Oriental :
– le lancement du projet de la voie ferrée Taourirt-Nador
– la réfection pas encore achevée et l’élargissement de la route Nador-Oujda-Bouarfa-Figuig
-la construction de la route côtière du Nord
– le lancement à Nador du plan national d’urgence de la formation professionnelle
– la détermination de faire du port de Nador, la deuxième porte d’entrée méditerranéenne
Selouane : affectation de cette zone franche à la filière Port et logistique, en plus d’un parc industriel
Madagh : construction d’un un parc industriel dans cette localité
Al Aroui : le lancement d’un nouveau pôle urbain
Zeghanghan : la construction d’un complexe résidentiel
Abdouna Trifa : la construction d’un Resort écologique
Ouled Settout : le renforcement de l’alimentation en eau potable
A Berkane : siège de l’une des cinq provinces de l’Oriental :
Berkane : l’affectation de cette zone franche à l’exportation de l’agro-alimentaire vers les marchés européens
A Oujda : siège de l’une des cinq provinces et unique préfecture de l’Oriental:
Oujda : devient une technopôle et s’occupera du tertiaire
La construction de l’autoroute Fès-Taza-Oujda
Essaïdia : création d’une station balnéaire dans cette ville, mais apparemment au détriment de l’écologie dans la bassin de la Moulouiya .
Et maintenant, place à ce qui ne marche pas :
Même pour voter le budget 2009 et approuver le rapport financier précédent de l’Agence de l’Oriental, on remarque l’absence de 45% des membres du Conseil régional de l’Oriental lors de la session de septembre 2008. Au siège de la Wilaya d’Oujda, seuls 47 membres sur un total de 84 étaient présent. Et sur les 47 membres présents, seuls 30 membres ont pris part au vote pour la désignation du nouveau secrétaire du Conseil.
Finalement, ce dernier a été élu par 20 membres, alors que le Conseil régional en compte 84.
A Jerada : siège de l’une des cinq provinces de l’Oriental :
Rien n’a été prévu par l’Agence ; à part la station thermo-solaire à Aïn Beni Mathar. Mais elle n’est nullement considérée comme étant une réalisation de l’agence de l’Oriental.
A Bouarfa : siège de l’une des cinq provinces de l’Oriental * :
Là, non plus pas de réalisation.
« Et pourtant il existe des potentialités dans cette région, et même un aéroport international s’y trouve, mais ne fonctionne même pas à 0,001% de sa capacité.
La voie ferrée existe depuis 1930, puisqu’elle reliait Oran à Bouarfa , mais ne fonctionne pas non plus, pourquoi ? Et comment peut-on investir dans cette région ? Comment allons- nous faire pour venir en avion le matin et repartir le soir avec les truffes excellentes de cette région ? Pourquoi ne parle t- on pas de la race de moutons formidable de cette localité qui nous fait tous rêver ?… »
C’était les paroles d’un investisseur de Nouvelle Zélande qui était présent lors du Salon international « Maroc Forum 2008- le Maroc des Régions, l’Oriental à l’honneur » entre le 8 et le 11 mai 2008 , à Francfort en Allemagne **, au Parc des Expositions « Messe Offenbach » .
Les mêmes propos ont été tenus par d’autres investisseurs intéressés par l’Oriental : lors du forum co-organisé par la Fondation Hassan II pour les MRE et l’Institut européen pour la Méditerranée (IEMed) avec le soutien de l’Oriental ; les 14 et 15 avril 2008 à Barcelone, sous le thème : « Migration et Développement, cas de la Catalogne et de l’Oriental ».
Bref, il y’a un manque d’équilibre flagrant dans l’action et d’investissement de l’Agence de l’Oriental eu égard à ses cinq provinces et la Préfecture d’Oujda d’une part, les 90 communes rurales et les 22 municipalités que compte cette Région d’autre part. Ce déséquilibre a une influence négative sur la bonne marche du programme Med Est ***, et donc sur l’équilibre convoité entre les régions du Maroc.
Car, on ne peut courir avec une jambe cassée.
Et comme on l’a vu avec l’exemple de l’investisseur Néo-zélandais, tout déséquilibre au sein d’une région est ressenti par les investisseurs endogènes et exogènes, et par le pays tout entier.
Le déséquilibre ne peut en aucun cas favoriser la fixation des populations dans les régions rurales. Ni de fructifier au mieux les atouts dont dispose la région en valorisant son produit agricole prisé par exemple.
Le déséquilibre ne peut révéler le potentiel humain et les savoir-faire des différentes localités.
Un problème a aussi été décelé dans le choix des sites appropriés pour la mise en œuvre des programmes de développement industriel de l’Oriental. Le choix des sites pose un réel problème sur tous les plans.
L’agence de l’Oriental aurait pu distribuer les richesses du Complex Annajd d’Oujda( Al Mourakkab Al khiri Annajd ) entre les différentes communes et municipalités de la Région.
L’Agence de l’Oriental a-t-elle lu l’Audit des Opérations réalisées dans le cadre du programme de l’INDH, exercice 2007 ? et le guide de l’Investisseur, elle l’a lu aussi ?.
L’Agence de l’Oriental, en matière de développement ne table que sur l’offshoring, mais néglige la sous-traitance spécialisée, l’investissement direct à l’étranger (des investisseurs étrangers) (IDE), et l’outsourcing offshore. Elle manque de cohérence dans la conduite des projets et des programmes. Bloque l’émergence d’un développement humain durable dans les différentes localités de la Région. Et cette dernière n’aura pas, in fine, la possibilité de jouer le rôle d’interface dans l’ouverture du Maroc sur l’espace de l’Union européenne où il vient d’avoir un statut avancé.
Pour beaucoup d’investisseurs, le site de l’Oriental ne reflète pas l’entièreté de la région, et ne présente aucune photo, ni même de présentation, fût-ce succinte et équilibrée des cinq sièges de provinces, ni du reste des localités de la région non plus.
Mais la grande question qui demeure posée maintenant est la suivante :
Que compte faire l’Agence de l’Oriental dans le cadre du projet conjoint Union Européenne – Allemagne (GTZ) – Agence de l’Oriental, relatif à la promotion de l’investissement des MRE dans la Région Orientale entre 2008 et 2011 ?
Est-ce que les 90 communes, les 22 municipalités et les cinq provinces de l’Oriental vont bénéficier équitablement des 17,5 millions de DH réservés à cette région, avec l’apport technique allemand et européen, bien sûr ?
· * Les MRE soutenus par la population et des amis du Maroc, et ce dans le respect de l’Etat de droit et des institutions marocaines, ont toujours demandé à ce que les autorités donnent le nom de Bouarfa à la province s’y trouvant, et ce depuis 1975.
· ** 40% des 124 000 MRE d’Allemagne sont originaires des régions de Nador et d’Oujda ; 45% de la région de Bouarfa et 15% du reste du Maroc
· *** MED EST : programme de développement industriel de la région de l’Oriental
2 Comments
Faut il rappeler au responsable de l’ agence que Ahfir – a ma connaissance- fait partie de du territoire marocain et plus precisement dans les territoires d’action de l’agence du developpemt de l’orient. En tant qu’ Ahfirien residant à l’etranger, j’affiche ma grande deception vis a vis de la marginalisation de cette ville stratetique.
Tout d’bord un grand bonjour à l’auteur de l’article, qui est aussi un ami et un guilli comme moi
L’analyse est trés intéressante, mais je voudrai insister surtout sur l’abandonce totale de la province de Figuig, quoique la province se trouve à Bouarfa ; mystère?En effet cette region est totalement à l’écart de tout projet de développement, malgré les atouts cutlturels et touristiques énormes; la tribu des Béni Guil est la plus grande tribu arabe en Afrique du nord.Donc je demande à tous les MRE de la région d’investir dans des projets valorisant notre patrimoine, bien entendu avec l’aide de l’agence de l’oriental. D’ailleurs j’aimerai bien avoir quelques adresses utiles pour investir dans la région de Bouarfa.boujemabourezma@aol.com