Pleure mon enfant bien-aimé !
Pleure sur celle que tu ne reverras jamais !
Pleure ! Les larmes sont faites pour couler
et apaiser nos cœurs, hélas ! Trop souvent désolés.

Pleure sur celle qui inlassablement t’a aimé
et dont tu ne sentiras plus la riche présence désormais.
Pleure sur cette mère exemplaire qui ne t’a jamais négligé
et dont tu étais à la fois le protecteur et le protégé.

Pleure sur celle qui pour toi, de sa vie a fait un sacrifice
et de sa coupe de miel une coupe de calice.
Pleure sur celle qui pour toi a refusé de vivre d’autres amours,
d’autres plaisirs et d’autres beaux jours.

Pleure sur celle dont il ne reste rien, une ombre, moins qu’une ombre ;
et pourtant, parfois dans la nuit sombre,
lorsqu’elle entre dans les profondeurs de sa conscience,
elle voit luire l’aube incertaine d’une nouvelle existence.

Chère fleur de ma vie, tu as vu le jour au milieu d’une tempête
et c’est par une tempête que je me détache de toi, toi ma fête !
Entre ces deux orages, tout me fut orage,
hormis les années où je t’ai vu grandir, fière de toi, toi mon ouvrage !

Voici ma dernière joie ; elle se mêle à ma dernière douleur.
Adieu, mon unique amour ! Adieu, ma tendre fleur !
Adieu, belle image de deux âmes bientôt  réunies !
Adieu, ma seule joie, joie pure ! Adieu, mon enfant, je te bénis !