Maillon important du réseau autoroutier national, la liaison Fès-Oujda prolonge l’autoroute Rabat-Meknès-Fès, pour former, à terme, un grand axe structurant est-ouest. Elle constitue aussi un tronçon important de l’Autoroute Maghrébine qui prend son origine à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et devrait desservir les principales métropoles de l’UMA pour finir à Tobrouk en Libye.

De fait, l’autoroute qui relie Fès à Oujda en passant par la ville de Taza sur quelque 328 km aura nécessité un investissement de 11 milliards de DH. Ne comprenant pas l’acquisition des terrains, ce financement est réalisé notamment grâce à une convention signée (en 2005) entre la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. La participation de ce dernier au financement s’est faite sous forme d’une recapitalisation de ADM à hauteur de 2 milliards de DH. Le montage financier du projet fait intervenir également des bailleurs de fonds tels le FKDEA (900 millions de DH), le Fades (1,8 milliard de DH), la BEI (1,98 milliard de DH), la BID (2 milliards de DH), le FAD (400 millions de DH) et le fonds Opec (225 millions de DH).

Tout au long des 328 km, les travaux, qui ont démarré en 2007, se poursuivent encore. «Ils seront achevés en octobre prochain», est-il noté. Bien avant, l’entreprise El Hajji qui réalise le tronçon Fès-Taza aura parachevé son chantier en été. «Nous allons rendre les tronçons de l’autoroute Fès-Taza au premier semestre 2011», indique Hafid El Hajji, directeur général de la Société africaine des grands travaux El Hajji. Et d’ajouter, «ce n’est pas notre premier grand projet. Notre groupe est un leader national dans le domaine du BTP depuis un demi-siècle. Il intervient sur des chantiers d’autoroute, des ouvrages d’art, des aéroports, des barrages, l’extension urbaine et l’exploitation des carrières».

De son côté, ADM considère ce chantier comme l’un des plus importants axes autoroutiers que le Maroc ait jamais réalisé. ADM y teste même son ingénierie. Elle vient d’y achever la réalisation du premier pont de type haubané au Maroc. Il s’agit du pont sur l’échangeur desservant la ville de Fès. C’est un pont haubané d’une longueur de 69 m dont le tablier décomposé en deux travées de 34m est supporté par un pylône de 20 m de hauteur à l’aide de deux nappes latérales d’haubanage comprenant 2×3 haubans espacés de 9m et 7m. Le tablier et le pylône sont en béton armé. Le fût du pylône a une forme en V. Les branches du V à section variable, inclinées de 15° par rapport à la verticale, sont reliées en partie inférieure sous le tablier. La forme choisie affine la vue de l’ouvrage pour les usagers de l’autoroute, la largeur de l’arête extérieure diminuant progressivement vers le bas jusqu’à prendre l’aspect d’une lame de couteau. La réalisation des travaux de ce pont avait été confiée à l’entreprise Freyssinet.
Par ailleurs, l’autoroute Fès-Oujda comporte 10 échangeurs, dont 6 entre Fès et Taza. Elle traverse plusieurs localités, parfois rase même les murs de maisons (Sic!), et intercepte de nombreuses routes, dont la RN 6 reliant Fès à Oujda, deux voies ferrées (Fès-Oujda et Nador-Taourirt), un gazoduc et de nombreuses contraintes réseaux (ONE, Onep, IAM). Le tracé franchit également de nombreux oueds dont le Sebou.

Par ailleurs, de Fès, l’autoroute prend les collines d’assaut, pour mieux se laisser aller dans la plaine à partir de Taza. Elle traverse trois régions: Fès-Boulemane, Taza-El Hoceïma-Taounate et l’Oriental. Ponts, échangeurs et voiries seront livrés selon les délais prévus, assure-t-on, à savoir avant octobre 2011. Pour respecter cette échéance, le linéaire du projet a été réparti en plusieurs sections. Rien que pour le tronçon Fès-Taza, 12 viaducs ont été extraits de cinq sections pour faire l’objet de 4 autres marchés principaux.
Notons que la première section issue d’Oujda sera mise en chantier simultanément avec celles sortant de Fès.
L’objectif est, outre la réalisation de ce chantier en un temps record, d’évoluer dans l’ultime ligne droite de l’ambitieux programme de 1.500 km d’autoroutes à construire à l’horizon 2015.
Pour les opérateurs de l’Oriental, il s’agit incontestablement d’un véritable chantier stratégique de développement pour la région.

Une fois achevée, l’autoroute permettra un réel désenclavement, mais aussi une véritable connexion des grands pôles économiques du Royaume.
Signalons que les travaux de cette autoroute ont été subdivisés en 12 tronçons, lancés simultanément. Certains sont réalisés par des groupements d’entreprises marocaines. Cette nouvelle voie de communication favorisera le développement économique et touristique de la région. Mais aussi de toutes les zones qu’elle traversera.

84 millions de m3 de terre à déplacer

Au total, plus de 84 millions de m3 de terre seront déplacés. Le projet prévoit également la réalisation de 26 viaducs, 75 passages supérieurs, 16 passages inférieurs et 47 passages véhicules, en plus des nombreux ouvrages hydrauliques, passages piétons et passerelles.

In fine, ce projet permettra d’écourter la distance entre Fès et Oujda qui passera ainsi de 350 à 320 km et, par ricochet, un gain de temps considérable: de 5h, le trajet se fera en moins de 3 h (2h 40 min exactement). Par ailleurs, son axe a été choisi de façon à suivre les crêtes des collines. Ceci pour éviter autant que possible la traversée d’oueds, pour minimiser les terrassements qui resteront néanmoins importants.