Si le sol de mon pays produisait des champignons et des truffes en abondance, si ses collines et ses vallons abritaient l’escargot en grande quantité, est-il donné à d’autres nations de venir cueillir le champignon, prendre aux sillons de la terre leurs truffes, ramasser les escargots sous ses roches ?

Tout le monde s’accordera à dire avec colère, incompréhension et indignation que ce
ne sont pas des choses que doit abriter l’esprit humain. Les richesses aussi infimes soient-elles, fussent-elles de la nature du champignon, de la truffe ou de l’escargot, sont la propriété de la nation qui les porte sur sa terre.

Et si les citoyens de cette nation ne mangeaient ni le champignon, ni la truffe, ni
l’escargot ?

L’escargot, la truffe et le champignon deviendraient l’emblème de cette nation, et sa monnaie serait frappée à leur effigie.

Or, pas plus qu’hier certains de vos ressortissants blancs sont venus dans mon pays à la faveur de la confiance du hôte pour son hôte et de l’ignorance des hommes de mon pays dont ils ont soudoyé quelques uns avec des trompe la faim ou des amuse gueule ; ils ont ramassé ,comme on ramasse des champignons, des truffes ou des escargots dans un champ abandonné, des enfants qui jouaient paisiblement , les garçons avec les garçons et les filles avec les filles, à colin-maillard, à l’osselet, au cerceau, à la corde, au palet ou à d’autres jeux dont eux seuls comprennent les règles et la signification. Ils ont troublé leur tranquillité en arrêtant leurs jeux. Ils les ont chargés dans leurs voitures comme une vulgaire marchandise, dans l’intention de les embarquer dans leur Arche de Zoé volant qui attendait au sec dans une clairière, dans le dessein de les emporter dans votre pays, au-delà des mers, par-delà les cieux.

Ils avaient probablement la noble intention de les vendre comme animaux de compagnie à des couples sans enfants car les animaux de compagnie reviennent plus cher et vivent moins longtemps que le petit de l’homme à la peau sombre, ou à des centres de prostitution pédophile car la chair humaine juvénile réveille l’instinct des dépravés qu’ils sont. Leur noble acte était sûrement animé par le noble dessein de pervertir et de corrompre leur enfance en faisant d’eux les nounours de vos enfants aux joues roses et aux cheveux couleur de maïs, ou à faire d’eux ce que vos aïeux ont fait de leurs aïeux quand ils les avaient embarqués dans leurs négriers, sur les côtes de nos mers, il y a bien longtemps de cela, en les vendant comme esclaves deux guinées la tête, comme cela est écrit dans nos livres d’histoire, ouverts pour l’éternité à la page ‘’esclave’’. Le généré ne diffère guère du générateur, faut-il convenir.

Ils ont transgressé les lois des hommes en enlevant des enfants à leurs familles, sur leurs terres, et celles de Dieu en interprétant à leur manière Ses commandements. N’a-t-Il pas dans Son Saint Livre recommandé à Noé d’embarquer dans son Arche un couple pris dans chaque espèce ? Pourquoi n’ont-ils pris que les petits de l’homme et en aussi grand nombre et de la même espèce? Il leur fallait prendre un couple de chaque espèce s’ils avaient voulu parodier les actes du Prophète de Dieu que Dieu Lui-même lui a dictés. Et l’on prendrait alors leurs actes comme les actes des Prophètes et l’on dirait avec la sagesse de l’homme repus de sagesse ’’ainsi en a-t-il été décidé’’.

Mais nos braves hommes, connaissant vos lâchetés et vos perfidies pour les avoir lues sur les livres d’histoire, ouverts jusqu’à la fin des temps à la page ’’esclavage’’ les ont surpris la main dans le sac avec 103 de nos enfants, tous en bas âge, dont certains devaient porter encore la couche si dans mon pays leurs familles avaient les moyens de leur faire porter la couche. Et déjà vos hommes regardaient avec les yeux du prédateur la fille de 9 ans !

Si cela était venu de nous, vous auriez crié à l’opprobre, au scandale, et vous auriez ameuté sur nous toutes les ONG, gardiennes de vos valeurs, et vos media en quête de sensations fortes venues d’outre-mer.

Imaginez que des hommes de chez-nous, installés sur votre sol, aient un jour l’idée saugrenue de se mettre à ramasser les enfants des cités des banlieues de votre ville ; des enfants qui jouaient dans les balançoires ou dans les toboggans ou encore avec leurs patinettes ou leurs rollers, ou qui tapaient sur un ballon cousu main par les enfants de mon pays qui ne connaissent pas le jeu car ils n’ont pas d’enfance. Qu’auriez-vous fait ? Vous auriez sans aucun doute lâché contre eux Interpol, Scotland Yard, ou le FBI comme on lâche sur un voleur de poulets des chiens de ferme dans un village de campagne. Vous les auriez jugés, à visage découvert, sous les feux des projecteurs des caméras de vos grandes chaînes de télévision. Vous auriez attiré sur eux la honte et le mépris de vos citoyens et du monde auquel vous appartenez et que vous partagez avec ceux avec qui vous avez des affinités raciales. Ou bien vous les auriez traités de terroristes, et vous les auriez enfermés dans des cages comme des fauves, sur une île, sur une mer, sur un océan. Ou bien vous les auriez remis à un autre pays qui les aurait remis à un autre pays qui les aurait égarés quelque part dans l’une de ses nombreuses geôles

…

Mais comme cela vient de vous, vos media leur trouvent des excuses et votre justice nous réclame de les livrer pour qu’ils soient jugés selon son code.

Ils seront jugés selon nos coutumes comme vous jugez les nôtres selon vos lois. Puis nous vous les remettrons pour qu’ils y puissent purger leur peine dans votre pays sachant à l’avance qu’elle sera commuée à moins qu’ils ne soient accueillis en héros à l’aéroport de votre pays, comme d’ailleurs déjà leurs prédécesseurs au sinistre palmarès l’ont été sur le tarmac de l’aéroport de Sofia après avoir inoculé à d’autres enfants le VIH. Nous savons qu’ils ne seront transférés ni à Toulon, ni à Cayenne et que le dernier forçat est sans doute Henri Charrière .Cela importe peu pour nous car nous savons de naissance qui vous êtes.

Point de départ : enlèvement de 103 enfants Tchadiens et Soudanais par l’Association humanitaire l’Arche de Zoé.