SUR LES SIEGES DE PAILLE D’UNE TERRASSE DE SALON DE THE.
SUR LES SIEGES DE PAILLE
D’UNE TERRASSE DE SALON DE THE.
Généralement durant les weekends, des habitués de terrasses de salon de thé, et uniquement des hommes, y viennent pour casser une routine qui a duré toute une semaine, ils s’y retrouvent en petits groupes pour bavarder et chasser l’ennui ; ils discutent en profitant d’une douce chaleur de rayons de soleil ou d’une ombre rafraichissante selon les saisons. Ils créent un relais autour de leurs tables durant un bon moment où plusieurs visages se succèdent , les uns repartent, d’autres arrivent, jusqu’au départ de tous pour vider les lieux, les uns après les autres, en laissant derrière eux dans un désordre des sièges vides , excepté les tables et les cendriers … Pour ne pas oublier, avant de quitter les lieux, Ils règlent leurs consommations qui les ont accompagnés et stimulés durant tout ce passetemps où ils se sont procurés avec volupté de la joie et du plaisir.
Faisons un tour d’horizon sur l’un de ces espaces publics où des individus qui ont les mêmes affinités et qui se connaissent dans différents milieux, ou ils ont des liens quelconques, se rassemblent en petits groupes pour créer une ambiance dans un grand brouhaha et constatons.
Ils abordent des sujets qui, des fois sont d’actualité et des fois non. Ils n’en relatent que de brèves séquences : ils chevauchent sur plusieurs évènements et critiquent des situations. Ils acceptent des comportements et condamnent d’autres. Ils ouvrent des dossiers et jugent les gens. Ils suivent du regard n’importe quelle voiture passée (er), si c’est un ami qui les salue de sa main, ils le dépouillent. Ils évoquent des petites choses sur des passants connus et s’intéressent à leur vie privée. Sur certains points, ils s’entendent, sur d’autres ils tombent dans des désaccords. Ils se contrarient et lancent des paris. Ils parlent à haute voix et se font entendre. Ils bifurquent la discussion et se perdent sans se retrouver. Ils se racontent des blagues et se marrent en tordant le cou vers l’arrière. Ils forment provisoirement deux ou trois groupes où chacun discute d’un sujet donné puis de nouveau ils se conjuguent. Ils se dispersent dans la discussion en passant du coq à l’âne et se laissent aller. Quand vous voyez deux d’entre eux s’engager dans une discussion à voix basse, c’est qu’ils sont en train de se faire des confidences ou de parler de choses intimes. Ils promettent d’intervenir pour résoudre des problèmes les uns aux autres. Ils répondent aux appels téléphoniques, lisent des messages, certains rappellent, d’autres sont obligés de déguerpir pour ne pas revenir. Il arrive aussi à certains d’entre eux de zieuter pour répondre à leur libido.
Tiens ! J’ai failli oublier ! Ils parlent beaucoup de football espagnol et très peu du notre, si c’est un soir du samedi, la plupart sont appelés par le ballon rond et se pressent de quitter les lieux pour ne pas rater le spectacle offert sur le petit écran par l’équipe du BARCA ou celle du REAL, gais et excités, ce sont les drogués du football ; rares sont ceux qui répondent aux muézin pour aller accomplir leur devoir divin dans la mosquée la plus proche à l’heure d’une prière, si vous demandez à quelqu’un de vous y accompagner il vous répond d’un air sérieux : MA-RANICH-AALA-WDO.
Pour récapituler, ils se complètent pour présenter des fragments de volumes d’une sacrée encyclopédie populaire.
Bref, ils touchent à tout comme des bricoleurs, ils mènent ce que nous appelons une discussion à bâtons rompus.
Çà et là, d’autres traitent discrètement des affaires commerciales dans le noir.
A une table, deux bonhommes sont accompagnés d’un intermédiaire qui est à la fois courtier, comptable, technico-commercial, juriste et garant. Il porte une chemise noire qui laisse voir un col saupoudré par des pellicules. Il parle plus que ses compagnons et à chaque geste Il change de position. Pour les rassurer, il baisse momentanément la voie en s’approchant tantôt vers l’un tantôt vers l’autre en les appelant discrètement à faire de même pour bien l’écouter. Tantôt souriant malgré lui, tantôt nerveux. Il se permet de se servir de leurs cigarettes … c’était lui qui avait appelé le serveur et invité ses futures victimes en faisant semblant de vouloir payer mais qu’il poussera à payer au départ en demandant : AJI AKHOUYA ! CH’HAL AANDNA ?… ceci n’est qu’une petite entrée… quant au plat du milieu (le principal ou de résistance), il le mangera à froid…va-t-il les arnaquer? On le saura dès que c’est fait chez des courtiers honnêtes dans un autre café se trouvant dans l’autre bout de la ville.
Contre le mur un jeune en solitaire, fume et refume en adoucissant sa gorge d’un petit NASS-NASS, ayant l’air d’un démuni, d’un marginalisé, d’un damné de son milieu, un peu ébloui, soucieux, perdu… rêve-t-il de bruler ?… Peut-être aussi d’un emploi ?… Ou s’enfonce-t-il dans le désespoir ?… si c’est un grand fumeur cela ne veut pas dire que c’est un fumiste !… il languit dans l’attente de l’incertitude et de l’inconnu…
Sur la rive de la terrasse, un maigre d’un âge moyen, à la fois éveillé et redoutable, paraissant préoccupé, croise et décroise ses longues jambes pour les recroiser, remet de temps en temps ses épaules en place pour leur chercher du confort sous les épaulettes d’une veste d’un mauvais marron. Il contrôle discrètement tout un espace d’un regard attentif. Il guette certainement une proie. Que peut- il manigancer ? Il téléphone, finit son verre, règle sa consommation à la hâte et repart…tant mieux, ce « mec » à apparence douteuse n’inquiète plus l’entourage…
Dans un coin plus calme, seuls ou à deux, d’autres meublent leur temps en jetant un coup d’œil sur leurs revues et quotidiens. De temps à autre ils se mettent à causer.
Un duo marqué par une piété visiblement apparente, satisfait de sa retraite qu’il savoure, connu et respecté, assis confortablement à distance fait preuve de maturité et de savoir, il a l’air d’aborder des sujets sensibles.
Plus loin, et c’est exceptionnel, une dame à moitié nue et légèrement sous habillée est absorbée par son livre, elle lit en contemplant de temps à autre les rayons d’un doux soleil par un regard à travers ses verres fumés, caresse instinctivement de sa main tantôt l’autre bras tantôt l’une de ses cuisses de couleur de neige pour apprécier ce bain de soleil qu’elle prend gratuitement et dont elle a rêvé dans son pays avant de venir, et par la même occasion contrôler sa fine et fragile peau contre d’éventuelles brûlures , elle est pressée de voir son visage et ses membres se vêtir d’un partiel bronzage qui ne durera pas longtemps à son retour chez elle. Elle interrompt sa lecture pour déguster son jus de fruit orange qu’elle aspire finement à l’aide d’une paille et prend son temps pour le savourer, peut être aussi pour méditer en s’intéressant très peu à l’entourage, contrairement à celui-ci qui parait discrètement s’intéresser trop à elle ; elle a été bien accueillie et bien servie. Elle a l’air de s’enivrer des plus doux plaisirs. C’est une européenne qui est venue certainement en touriste, mais elle lit aussi ! Je le répète encore, elle lit !…et toutes les européennes lisent, parce que d’abord elles sont toutes instruites ensuite parce que ça fait partie de leur culture.
Le peu de marocaines instruites, dont une minorité consciente et qui sont aptes à lire doivent conjuguer leur vie professionnelles à l’éducation de leurs enfants et subir le poids d’une société phallocrate en étant au service de l’homme…ceci pour se justifier. Passons !
Si vous allez aux toilettes qui se trouvent en haut dans la mezzanine du salon de thé, en empruntant les escaliers vous y apercevrez des jeunes filles, la plupart des adolescentes, elles sont trois ou quatre fois plus nombreuses que les garçons.
Elles peuvent être des collégiennes et des lycéennes qui, en l’absence de salles de permanence elles n’ont pas trouvé où aller durant des heures creuses, parmi elles il y a celles qui ont grillé leurs cours. (Celles-ci pourront avoir facilement leur billet d’entrée pour être accepté le lendemain en classe en l’ignorance de leurs parents. Quand ils s’en apercevront, il sera trop tard).
Quelques-unes sont accompagnées, d’autres se trouvent seules en train de manipuler leurs joujoux pour visualiser des images et envoyer des messages par le moyen d’une écriture contemporaine et adaptée. Si au moins elles en profitaient pour lire ou au moins réviser leurs leçons, là on pourrait dire qu’elles sont en train de franchir le seuil de l’émancipation ; elles se sentent à l’abri du contrôle social mais à la merci de tous les vices, prêtes à franchir le seuil de la débauche à tout moment, de temps à autre certaines d’entre elles contrôlent leur beauté …désormais, elles sont en train de s’enfoncer dans tout ce qui peut être négatif… cette nouvelle technologie moderne a ôté tous les obstacles et arrange bien les choses !
Mais attendons un peu !!!…et nous les hommes, avons-nous acquis cette bonne habitude de lire ? La plupart d’entre vous vont me répondre par non !… je le savais !…si je vous demande quels en sont les empêchements, certains d’entre vous vont me dire parce qu’il y a ceci et parce qu’il y a cela…une minorité n’a pas le temps de le faire, la plupart ne saura pas répondre et oublie qu’on passe de bons moments devant le petit écran en ne cessant de manipuler le petit bidule pour passer d’une chaine à une autre , suivre les évènement de ce qu’on a appelé le printemps arabe devenu annuellement un quatre saison, ou encore de se laisser aller et se perdre dans ce moyen de communication éclaire qui a empoisonné nos progénitures qui est le Facebook… mais pourquoi faudrait-il lire ? Tout simplement pour mieux s’instruire et faire évoluer la société et la rendre meilleure, ainsi on pourrait aller de l’avant, car avoir un niveau d’études ou être muni de diplômes ne suffit pas, « il faut cultiver son jardin ».
Au final, je dirais et avec toute conviction que le gout s’éduque. Que ça soit celui d’aller à la pêche ou celui de bricoler chez soit dans son petit atelier ou celui de se nourrir de L’KHOUBZ WATAY ou celui d’écouter CHIKH HAMMADA ou L’AANQA ou MOZART ou celui de faire du sport ou celui de lire… Tout ceci n’est pas l’objet de notre thème, revenons à la terrasse car je me suis trop éloigné, je risque de me perdre dans l’un de ces vastes espaces illimités et complexes devenus difficiles à nettoyer … je vous ai assez trainés avec moi, je vous prie de m’excusez.
Des marchands ambulants se faufilent à travers les sièges de paille pour présenter leurs articles…
Le distributeur de journaux tend les quotidiens aux lecteurs…
Les vendeurs de cigarettes prennent leur part dans ces transactions…
Un porteur de panier vous propose par des expressions appropriées et amusantes ses cacahuètes et amandes grillées …
Les cireurs passent et repassent, ils appellent les intéressés par un léger bruit suivi d’un vif TSSIRI ?, où ils ne vous font entendre que la première syllabe…
Une religieuse montrant juste les bouts de ses doigts et un visage dominé par la pudeur distribue sur les tables de petits livrets de prières pour gagner humblement sa vie et vous faire revenir à DIEU, on répond immédiatement par une levée de main pour lui exprimer un hypocrite respect…
Sans rien dire, une enfant voilée pose devant les clients de petits morceaux de papiers rectangulaires manuscrits exprimant de l’aide à son père cancéreux appelant à un traitement sans espoir ou cardiaque nécessitant une intervention chirurgicale couteuse, puis elle repasse pour les ramasser en silence…
Un non-voyant, fatigué par l’âge et la misère, guidé par un enfant qui peut être des siens ou non, fait la manche en récitant le même refrain après de sacrées bénédictions ; là on remémore son défunt père et remet une pièce sans la montrer ou on répond par un ALLAH ISSAHAL.
D’autres encore qui ont l’air de « sous hommes » et que je ne désire point décrire par respect à l’espèce humaine, sont indésirables aux yeux des clients, ils sont vite repoussés par le serveur… ils sont déconnectés de tous les contextes, ils continuent à errer en ne se souciant de rien…
Mais on ne voit plus ce jeune de SIDI HMAD AMMOUSSA habillé de sa tunique rouge luisant, brodée en vert des deux côtés !? S’il est encore en vie il doit avoir vieilli et ne peut plus faire ses acrobaties !… apparemment il n’a pas laissé de relève… il arrivait à l’improviste présenter son numéro en deux ou trois minutes en faisant entendre ses tombées sur le sol cimenté sans faire entendre un mot…il intercalait les phases de son spectacles en portant les bouts des trois doigts de sa main droite ( ceux du milieu) à son front et les embrassait en récitant silencieusement entre ses lèvres de brèves prières, puis claquait ses deux mains avant de se lancer…pour finir, il se positionnait en équilibre sur deux chaises trouvées disponibles sur la terrasse qu’il maintenait superposées et décalées , les mains en bas et les pieds nus en haut, en joignant les jambes puis en les écartant, ensuite uniquement sur une première main puis sur l’autre, au milieu d’un grand silence… Il serpentait les tables en tendant une assiette aux clients qui la lui remplissaient et partait en nous offrant une dernière culbute en guise de salut… celui-ci au moins nous distrayait et montrait comment faire chez nous si on osait…
Ainsi, à de multiples et monstrueux phénomènes sociaux l’Etat répond par d’infimes actes sociaux pour développer l’humain. Rappelons qu’il a d’ores et déjà démissionné de quelques-unes de ses fonctions pour laisser les individus continuer à s’en charger ; rappelons-le aussi car la politique du développement humain ne date pas d’hier, les conditions économiques et sociales nous l’ont bel et bien imposée ; notre culture aussi… tout le monde le sait, la liste des exemples peut être multipliée à l’infini et vous en savez plus que moi. Quant aux ONG elles n’ont pas raté l’occasion de saisir l’opportunité et de se faire valoir, elles se sont « embourgeoisées » sans être contrôlées…
Plus loin, on entend des slogans provenant d’un quartier, pour s’en assurer et satisfaire sa curiosité, tout le monde tend l’oreille pendant un laps de temps.
– qu’est-ce que c’est encore ? demande l’un d’entre eux… ça ne peut être qu’une manifestation !
– ce sont des slogans de joie et de satisfaction exprimés par de jeunes adolescents à l’occasion du match de foot gagné par nos lionceaux ! répond un autre…et on replonge dans le bavardage…oh, pardon !, dans la discussion… pour me montrer équitable, je dirais : trop dans le bavardage et peu dans la discussion…
– j’avais cru que c’était les diplômés chômeurs ou une population quelconque qui manifestaient dans le but d’arracher ses droits !
Quant à trois nouveaux venus qui viennent de s’installer à une table, ils s’arrêtent sur ce sujet, prennent tout leur temps pour enrichir un intéressant « dialogue » durant une discussion hors du commun dans une langue mixte que voici, écoutons les :
X- une fois quand j’étais en voyage dans la capitale, je les ai vus courir dans tous les sens, ces pauvres diplômés chômeurs! Il y avait plusieurs groupes de garçons où il y avait aussi des filles, certains ruaient dans les rues en criant, d’autres recevaient des coups de matraques… ils font pitié ! Et avec tout ce qu’ils peuvent endurer ?!… les pauvres… Ils étaient poursuivis par les agents du C.M.I qui les avaient dispersés lors d’une manifestation ! Ils traversaient l’avenue en lançant des slogans bien chauds et bien dosés !
Y- C’est devenu banal ce phénomène !…
Avant de se présenter devant ces derniers clients ,le garçon de café, propre et svelte, s’arrête pendant un laps de temps sur le seuil de la maison pour satisfaire la même curiosité, en profite pour barrer le chemin à un indésirable mendiant, tend une cigarette à l’un des clients qui vient de lui faire signe, allume instinctivement son briquet qu’il remet éteint dans la pochette de son petit gilet noir , empoche, répond négativement à un étranger qui le croise et lui chuchote à l’oreille, débarrasse une table sur ses pas, la nettoie, lui arrange ses sièges de paille et reprend ce dont il est chargé de faire.
Muni de son plateau à moitié chargé, Il accueille ces nouveaux clients qu’il connait déjà, poliment avec un SALAMOU AALIKOUM accompagné d’un sourire et passe délicatement un coup de chiffon humide à leur table qui vient de recevoir le énième groupe et prête à faire une recette couvrant une bonne partie des charges journalières ( un salon de thé appelé café dans notre jargon nommé par une appellation Européenne ou Américaine à laquelle est ajouté GLACIER, en un métal inoxydable et luisant et bien équipé est le projet le plus sûr qui rapporte gros ; s’il est bien géré et entretenu correctement par son propriétaire , il ne court aucun risque . c’est pour cela que, « entre un café et un café il y’a un café » ? et c’est parce qu’aussi il y a des gens qui n’ont pas où aller se divertir durant leur temps libre et d’autres encore qui n’ont rien à faire).
X- Ils ne vont pas finir de manifester, tes confrères ? Ne sont-ils pas fatigués ? Cela fait des années ! Au moins, toi ici tu gagnes correctement ta vie…tu finiras un jour par ouvrir ton propre café quelque part et oublier « tout un passé », y compris ce que tu as étudié à l’université, si ce n’est déjà fait, n’est-ce pas ? (en rassurant le garçon).
– DIEU seul sait ce qu’il me préserve (ou réserve), réplique le jeune homme. Ceux comme moi sont nombreux. Certains ont su faire, ils sont devenus des traiteurs, ils organisent des séminaires et des fêtes où ils préparent des gourmandises et des festins, ils se sont faits beaucoup de pognon ! qu’importe ce qu’ils ont pu garder en tête !… d’autres font d’autres métiers, ils sont surtout dans le commerce, beaucoup d’autres pratiquent malheureusement de la contrebande…chacun et son destin…
– Qu’est-ce que vous prenez ? (demanda-t-il respectueusement à ses clients qui font leur commande).
Il débarrasse l’une des tables qui vient d’être libérée à coté et l’essuie, de sa main et de son pied il range les sièges tout autour, remet un autre ailleurs en passant et se presse à l’intérieur pour répondre à ses clients.
J’essayerai de vous livrer la suite de la discussion qu’entameront nos éminents penseurs prochainement dans un ou deux épisodes… soyez au rendez – vous chères lectrices et chers lecteurs sur la même terrasse. D’ici là, je vous souhaite de passer de bons et agréables moments sur les sièges de paille de la terrasse de votre salon de thé préféré. Je vous remercie.
Mohamed BOUASSABA
3 Comments
Il y a un bon moment que je n’ai pas poussé le portail pour visiter oujda city pour des raisons que je m’abstiens à développer dans ce commentaire. Cette fois je l’ai fait accidentellement, j’ai lu t je n’ai pas regretté. J’ai lu cet article que je tiens à commenter, quoiqu’il mérite plus que celà. L’auteur n’est ni un sociologue, ni un ethnologue, ni un politologue, ni un de ces messieurs-dames truffés de diplômes obtenus à la faveur de cette lamentable inflation et cette dangereuse chute du niveau dans laquelle se noie notre système de formation qui ne leur confèrent point la capacité et la compétence requises. Bien évidemment, les exceptions sont là pour s’imposer et faire montre du contraire. Je reviens donc à l’auteur pour le féliciter car il nous a brossé, à travers des exemples et des scenaries, un tableau parfait du quotidien que chacun de nous vit. Un quotidien qui nous accompagne, qui nous habite et que nous traînons avec nous matin et soir et que rares sont parmi nous qui le commentent, le décortiquent et l’auscultent pour en tirer une mine d’enseignements. Un quotidien que l’auteur a superbement présenté avec une adresse qui montre qu’il connaît bien notre milieu. Tout s’y retrouve : le chômage, l’arnaque, la misère, la routine, la fourberie, la malice, l’ignorance, la délinquance, la débauche , mais aussi le sérieux, lamaturité, la piété…etc….à mesure qu’on lit ( j’allais dire qu’on déguste), on ne cesse de se dire : c’est vrai , oui, effectivement, il a raison ….une série de réactions induisant en nous tantôt un sentiment de désolation et l’impuissance face à un milieu en continuelle déconfiture, tantôt de l’espérance et l’espoir de voir un jour une prise de conscience responsable à même de corriger ces avatars. Deux ou trois remarques cependant : l’épisode de l’européenne est, à mon sens, superflue et en tout n’a pas sa place dans ce décor ; en effet , je vois mal « une dame à moitié nue et légèrement sous habillée » lisant tranquillement son bouquin dans ce milieu sans qu’elle ne soit « dérangée » voire agresse par ces fanatiques qui se font de plus nombreux et se prennent pour des justiciers ( mais c’est une autre histoire). Autre remarque ; le texte aurait dû être présenté en plusieurs fragments, il est très, trop long en dépit de sa richasse et de l’attrait qu’il induit. Bravo mr bouassaba.
REPONSE :
Merci cher monsieur pour votre commentaire aussi riche que mon texte. Ma réaction va être un peu longue et détaillée.
En ce qui concerne vos remarques je vous rappelle que j’ai situé la dame en question plus loin dans ce contexte pour éviter qu’elle soit dérangée et si un jour le hasard la mettra sur votre chemin demandez-lui de vous traduire ses impressions.
Je sens que vous n’êtes pas du genre d’aller souvent sur une terrasse de café, ni les weekend ni les jours de semaine (et moi non plus, surtout à mon âge, sauf accidentellement ou de temps en temps si je suis en voyage). N’imaginez surtout pas qu’elle devient une foire où règnent le désordre et la pagaille. Pour le vérifier, prenez la peine un dimanche si ça vous chante et faites l’expérience en prenant place sur l’une des terrasses d’un café de votre quartier où se réunissent les profils que j’ai décrits et prenez un café avec un nuage de lait, où ailleurs dans une autre ville quand vous aurez l’occasion de voyager et observez le niveau du thermomètre en mesurant l’ambiance qui y règne. Vous n’aurez probablement pas l’occasion d’y trouver une europeenne « à moitié nue et légèrement habillée », les chances sont minimes, sauf sur les terrasses des cafés de JAMAE LAFA à MARAKECH…ou celles des villes touristiques côtières, elles y sont à gogo…Ceci dit.
Notre « DAME DE PARIS » ou d’ailleurs d’Europe d’où elle vient, qu’importe, devrait lire quelque chose qui puisse la distraire et la faire évader et non quelque chose où elle doit se fatiguer les méninges, sinon elle devait aller à la BIBLIOTEQUE GENERALE DE RABAT pour y trouver du calme et se concentrer pour aboutir à ses recherches, à moins que vous voudriez la rencontrer dans un salon de palace où vous pourriez exprimer votre liberté pour vous montrer courtois à son égard… Vous savez, sans que je vous l’apprenne, le Maroc est un pays d’ouverture, « UN AUTRE MAROC » où ce genre de choses sont devenus comme manger et boire. Notre temps (vous et moi) est révolu, comme « disait » l’autre : WAQTNA FA…ATETE OU-MA…ATETE OU- TPERIMA…..AT ! mais tout de meme, c’était le bon vieux temps bref.
Ce qui est d’une éventuelle agression qu’elle pourrait subir, ne vous inquiétez pas pour elle :
UN. Dans notre pays nous avons toujours laissé les européens se comporter comme ça les chante,
et DEUX , les fanatiques ne viennent pas dans ces milieux décontractés, ils ont leurs propres milieux et un monde à eux…et même si, ils ne sont pas habilités à imposer leur lois.
Enfin pour la longueur de mon texte, si le thème est d’entrée attrayant, il faut avoir du souffle pour arriver en fin de course. Tel que je n’ai pu quitter ma terrasse et priver le lecteur de se délecter comme vous l’avez confirmé, je l’ai espéré pour vous aussi pour m’y accompagner… c’est comme quand vous invitez à un festin des gens que vous connaissez, la durée de prendre un repas bien garni, diversifié et auquel des ingrédients lui donnent gout peut durer un bon moment où vous ne devrez pas les interrompre pour éviter de leur couper l’appétit ; quant à eux, ils n’ont pas envie de lâcher. Vous n’allez pas leur dire excusez-nous…patientez un peu pour reprendre…récitez quelques psalmodies ou faites un petit tour dans le quartier et revenez pour finir. Certes, ils auront du mal à lever la main…ils transpireront de partout et certains auront peut-être du mal à le digérer, c’est peut-être ce qui a du vous arriver : TAGHAMT ! Comme vous le savez dans une ZERDA on sert les deux ou trois plats d’un seul tenant !!! Comme ça les invités se sont bien rassasiés et MOUL LFARH est satisfait.
Mais toujours est-il que j’ai attendu le moment propice pour suspendre ma narration … Soyez donc au rendez-vous pour la suite et muni d’un deuxième souffle pour me suivre et excusez-moi pour ce genre d’humour qui est mien et qui fait partie de moi.
Cher Monsieur, je vous remercie pour l’intérêt que vous avez accordé à mon texte et pour la plus-value que vous y avez apportée en attirant l’attention des lecteurs sur la prise de conscience, comme je vous remercie pour votre analyse que je trouve ciblée et succincte, elle permettra aux lecteurs (trices) de remettre en question tout un processus …
Pour conclure, je suis donc heureux que des gens comme vous me lisent et apprécient, votre plume et votre conclusion me le confirment.
A BON ENTENDEUR
Mohamed BOUASSABA.
SALUT….Et à suivre …