Carton rouge pour la gouvernance de Casablanca
Ouverture du Parlement
Carton rouge pour la gouvernance de Casablanca
Le Souverain remet en cause le travail des élus
Il commande un diagnostic global de la métropole
Les partis appelés à produire de nouvelles élites locales
Les oreilles de Mohamed Sajid, maire de Casablanca, ont dû siffler alors que le Souverain prononçait, vendredi dernier, son discours à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du Parlement. La capitale économique a été donnée comme exemple des collectivités qui connaissent de grands dysfonctionnements au niveau de la gestion locale. Surtout que le Souverain a insisté sur le rôle décisif des collectivités locales dans la réponse aux attentes des citoyens. Ce sont elles qui sont responsables de la gestion des problèmes quotidiens alors que les ministres sont chargés de la définition des grandes orientations. SM le Roi a déploré que la ville de Casablanca, qui avait connu le lancement du nouveau concept d’autorité, soit toujours un espace de disparités de riches et de pauvres où les gratte-ciels côtoient les bidonvilles. Il a estimé que «la transformation de Casablanca en hub financier international exige d’abord et avant tout des infrastructures et des services de base, répondant aux normes mondiales». Pour le Souverain, «le problème dont souffre la capitale économique tient essentiellement à un déficit de gouvernance. En effet, bien que le budget du conseil communal de Casablanca dépasse trois ou quatre fois celui de Fès ou Marrakech par exemple, il n’en demeure pas moins que les réalisations effectives de ces deux villes en matière de prestation de services de base de qualité sont bien supérieures à ce qui a été accompli à Casablanca». Il donne comme illustration «le domaine de l’assainissement où les réalisations sont limitées, en tout cas, bien en de ça des besoins de la population, en comparaison avec ce qui a été réalisé à Rabat, Fès, Marrakech et d’autres villes encore».
Ce décalage se reflète dans le taux d’épuration des eaux usées qui demeure très faible, ne dépassant pas 45% à Casablanca au moment où Fès, Marrakech et Rabat ont atteint 100%. C’est pour cela que le Souverain a appelé à la réalisation d’un diagnostic qui permettra d’identifier les origines du mal et les moyens d’y remédier. «Car l’essor des villes ne se mesure pas uniquement à l’aune de la hauteur de leurs tours et de la largeur de leurs avenues, mais on l’évalue essentiellement en fonction des infrastructures et des services publics disponibles et à la lumière de la qualité de vie dans ces villes», a souligné le Souverain. Il a attiré l’attention des partis politiques sur la nécessité d’œuvrer pour l’émergence de compétences et d’élites régionales qui soient aptes à prendre en main les affaires publiques locales, surtout au vu des larges attributions que confère la Constitution aux collectivités territoriales. Dans le même élan, le gouvernement et le Parlement sont invités à accélérer l’adoption du texte sur la région et les autres collectivités territoriales. Parallèlement, l’exécutif est appelé à activer la Charte de déconcentration.
L’ouverture de la session d’automne, qui a coïncidé avec le 50e anniversaire de la création du Parlement marocain, était aussi une occasion de rappeler que le multipartisme a été un choix stratégique depuis l’indépendance. Aujourd’hui, cette évolution a été renforcée par la Constitution de 2011 qui a consacré le rôle du Parlement en tant que seule source de législation. Parallèlement, le Souverain a appelé à «l’approbation du statut de l’opposition parlementaire afin que celle-ci puisse remplir son rôle de contrôle de l’action gouvernementale, de formulation de critiques constructives et de présentation de propositions et d’alternatives réalistes», a noté le Souverain. L’assainissement des relations entre le gouvernement et le Parlement était également au menu du discours royal. Le Souverain a invité les deux parties à éviter de transformer l’hémicycle en champ de batailles politiciennes.
Mobilisation pour le Sahara
Le Souverain a rappelé que le dossier du Sahara a fait face à de grands défis que le Maroc a su relever. Néanmoins, il a estimé qu’il ne faut pas s’en tenir à cela. «Nous avons constaté quelques défaillances dans la manière d’aborder notre cause nationale primordiale, nonobstant les initiatives sérieuses entreprises par certains parlementaires, mais qui demeurent malgré tout insuffisantes. Voilà qui est de nature à encourager nos adversaires à passer à la vitesse supérieure dans leurs manœuvres pour porter préjudices à notre pays», a rappelé SM le Roi. Pour lui, «ceci tient au fait que la majorité des acteurs ne se mobilisent qu’en cas de danger imminent qui menace notre intégrité territoriale, comme s’ils attendaient le feu vert avant d’entreprendre quoi que ce soit». Il est temps de changer d’approche. «Au lieu d’attendre les attaques de nos adversaires pour y riposter, il faut plutôt les acculer à la défensive, en prenant les devants, en anticipant les évènements et en y répondant de manière positive», a rappelé le Souverain. Pour lui, la question du Sahara n’est pas seulement la responsabilité du Roi, mais elle est également la cause de tous et de chacun: institutions de l’Etat, Parlement, conseils élus et tous les acteurs politiques, syndicaux et économiques, les organisations de la société civile, les médias et l’ensemble des citoyens.
Mohamed CHAOUI/ L’économiste
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