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L’espace de projets de Barkane – Zaïo

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Les périmètres irrigués de la Basse Moulouya occupent la partie extrême Nord-Est de l’Oriental. Ils s’étirent sur une centaine de kilomètres, depuis la frontière avec l’Algérie à l’Est jusqu’à l’Oued Zghane (affluent du Kart) à l’Ouest, et sur 25 à 30km du Sud au Nord, selon les endroits, depuis le barrage de Machraa Hammadi jusqu’à la bande littorale méditerranéenne qui s’étend de Saïdia à Nador. Ces périmètres  occupent ainsi une aire vaste de 3350 km² environ.

Cet espace est composé d’un ensemble de plaines qui s’étendent de part et d’autre de la Moulouya, cloisonnées par certains reliefs plus ou moins saillants, dont le plus important est le massif des Kabdana, qui constitue un espace de projets bien particulier, en raison de ses spécificités physiques et socio-économiques.

Les plaines sublittorales ou intérieures sont celles des Trifa à l’Est du fleuve (appartenant à la province de Barkane), et celles de Zabra, Bou Arg et Garet à l’Ouest (comprises dans la province de Nador).

Le climat de cet espace est globalement semi-aride. Franchement méditerranéen, ce climat est caractérisé par la grande irrégularité des précipitations, qui peuvent varier du simple au double, soit de moins de 200mm à plus de 400 mm, selon les années.

Cet espace est composé de 10 communes rurales appartenant à 3 cercles administratifs : celui de Louta (avec les communes de Tiztoutine, Bni Oukil Oulad M’hand et Oulad Sattout), celui d’Aklim (avec les communes de Boughriba, Chouihiya et Zagzal) et celui d’Ahfir (comprenant les communes d’Aghbal, Fazouane, Laatamna et Madagh). Il comprend également 6 centres urbains d’inégale importance, dont 5 relevant de la province de Barkane (Barkane, Ahfir, Aklim, Aïn Arragada et Madagh), le sixième se trouvant dans celle de Nador (Zaïo).

Bien qu’il s’agit là d’un espace globalement caractérisé par l’irrigation moderne au moyen d’ouvrages de grande hydraulique mais aussi par pompage dans la nappe, les données physiques et humaines autorisent de distinguer deux sous-espaces s’étendant de part et d’autre de la Moulouya : l’un à l’Est, les Trifa, qui s’organise autour de la ville de Barkane par laquelle il est très fortement polarisé ; l’autre à l’Ouest du fleuve, spatialement plus éclaté, avec une bipolarisation par rapport à Zaïo et Nador.

En dépit de ces grandes potentialités de développement, que représentent son économie en bonne partie modernisée et sa remarquable localisation entre les deux pôles de croissance les plus importants de la Région (Oujda et Nador-Mlilia), cet espace connaît de nombreux problèmes d’aménagement qui limitent fortement son dynamisme et réduisent ses fonctions économiques, problèmes qu’il est nécessaire de résoudre globalement par l’entreprise de grandes actions d’aménagement territorial et la mise en œuvre de projets économiques et socio-éducatifs structurants, susceptibles d’en augmenter la capacité compétitive et le niveau de rendement à tous les plans.

1. Les grands défis de l’aménagement territorial

La Basse Moulouya se caractérise par l’existence de deux grandes questions très intimement liées : celle de la production agricole, fortement tributaire de l’irrigation, d’un côté, et celle d’une urbanisation diffuse et majoritairement spontanée, générée, en grande partie, par cette même économie agricole, de l’autre. Les autres aspects du développement sont très largement conditionnés par l’évolution qui interviendra dans ces deux grands domaines.

1.1. L’irrigation et le problème de la ressource hydrique

L’organisation de l’irrigation moderne est la principale raison d’être de cet espace de projets, du fait de l’aridité du climat et de la grande irrégularité des précipitations. L’évapo-transpiration y est fort élevée, en raison des hautes chaleurs estivales et de la fréquence des vents desséchants (malgré le rôle d’écran topographique joué par le massif des Bni Znassene qui protège en quelque sorte ces plaines), venant du sud et de l’est (chergui) ; ce qui oblige les agriculteurs à disposer de volumes d’eau importants pour les plantations et même pour les cultures annuelles.

Dans ces conditions, la zone se trouve confrontée à un défi majeur qui consiste à fournir les quantités d’eau suffisantes pour garantir une production agricole abondante et diversifiée, alors que parallèlement les besoins en AEPI ne cessent de croître pour répondre au développement d’une urbanisation galopante et une industrialisation naissante, le tout dans un contexte caractérisé par l’aridification patente du climat et, partant, la raréfaction des ressources hydriques tout aussi bien locales que régionales tant superficielles que souterraines.

Hormis les efforts consentis par l’ORMVAM dans le sens d’améliorer l’efficience des réseaux de distribution de l’eau et d’atténuer le déficit hydrique de plus en plus ressenti, la superficie irriguée par des systèmes localisés demeure très faible par rapport à la superficie totale irriguée, en majeure partie, par le système gravitaire et, accessoirement, par aspersion. Ceci est dû  à plusieurs facteurs, de natures diverses, qui ne favorisent guère l’adoption des techniques économes en eau, relatives essentiellement aux méthodes d’irrigation localisée. Parmi ces facteurs, on peut citer les plus saillants :

la faiblesse du prix actuel des droits d’eau qui favorise la viabilité du système d’irrigation gravitaire,

la méconnaissance de la plupart des agriculteurs en matière de techniques d’irrigation localisée, de leurs atouts et leur impact positif sur les rendements culturaux,

l’élévation du coût d’investissement nécessaire à la réalisation de bassins d’accumulation d’eau pour procéder à l’irrigation localisée,

la faiblesse des subventions accordées par l’Etat qui ne dépassent guère les 12 % du coût total de l’installation,

le morcellement accentué des exploitations des vergers.

En plus de l’effet négatif de la conduite de l’irrigation par les agriculteurs sur la gestion des ressources en eau dans l’espace de projets de Barkane-Zaïo, d’autres contraintes techniques et climatiques se présentent, les unes liées au bassin-versant, les autres concernant les périmètres irrigués eux-mêmes.

·    Contraintes liées au bassin-versant :

écrêtement des crues, du fait que les ouvrages ne sont pas bien protégés ;
envasement des retenues, qui provient du transport solide effectué par la Moulouya, et qui est de l’ordre de 12 g/l. Il faut signaler, à ce propos, que ce phénomène d’envasement se trouve accentué du fait que le barrage Mohammed Al Khamis ne dispose pas de dispositif de vidange de fond à capacité suffisante ;
variabilité inter-annuelle des apports au barrage, en raison de la grande variabilité des précipitations, mais aussi de leur caractère souvent brutal entraînant une érosion agressive sur des versants en bonne partie dénudés, non protégés par une couverture boisée convenable ;
évaporation et fuites d’eau qui représentent une bonne partie des volumes stockés par les ouvrages de retenue ;
salinité excessive de la majeure partie des eaux souterraines qui sont de plus en plus sollicitées pour pallier la diminution des eaux de surface.

·    Contraintes liées au périmètre irrigué :

envasement continu du lac de barrage, ce qui se traduit par la réduction du niveau de régularisation du barrage Mohammed Al Khamis ;
diminution des apports d’eau à cause des sécheresses récurrentes, de plus en plus prolongées ;
vétusté des infrastructures hydrauliques ;
défaillance des systèmes de régulation des adducteurs principaux ;
difficulté d’exploitation de la station My Ali, due au faible débit d’étiage en période de pointe, au problème de régulation dans le canal principal et aux charges  énergétiques ;
tarissement des puits, provenant du rabattement du niveau de la nappe des Trifa ;
sur-plantation des superficies par rapport au programme prévu, d’où la mobilisation d’un volume d’eau plus important ;
morcellement des exploitations ;
usage mixte des canaux principaux pour l’irrigation et l’adduction d’eau potable, ce qui rend difficile la programmation des travaux de maintenance de ces canaux.

En conséquence, l’incontournable voie à suivre pour lever ce défi vital consiste, bien sûr, à mobiliser le maximum de ressources en eau, mais surtout à prendre des mesures draconiennes, dans la gestion et l’économie de l’eau, sachant bien que l’un et l’autre volets nécessitent des actions multiples, intégrées et de longue haleine, relevant non seulement du domaine technique, mais également de celui du social et du culturel.

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