LES IDEOLOGIES GREGAIRES

    Devant le bilan, qui n’est guère reluisant, de l’Histoire humaine on ne peut que poser une fois de plus cette question : qu’est-ce que l’Homme ?

En vérité, l’Homme n’est pas cet être extraordinaire, tombé du ciel, qui se croit au centre du monde. Nous l’avons déjà dit, son origine animale est prouvée par la science de façon absolument indiscutable. L’Homme est un ancien animal qui est sortie des voies de l’instinct et qui grâce et à cause de son intelligence est capable du meilleur et du pire.

Se pose alors la question de savoir pourquoi l’Humanité de façon cyclique et régulière se laisse entraîner vers le bas, l’échec et le mal.

En observant le sort réservé à l’Humanité dans le passé, on remarque pourtant, à l’inverse, que certains peuples ont été beaucoup  moins malheureux que d’autres et même ont accédé, globalement et sur deux longues périodes, à un certain bonheur.

Pourquoi ? Parce que ces peuples ont pris leurs  distances avec les idéologies grégaires. Ils n’ont plus accepté que ces dernières jouent un rôle de premier plan dans la sphère de la chose publique.

Il faut entendre par idéologie grégaire toute idéologie qui fait passer l’intérêt d’un groupe adhérent à un ensemble de croyances dont le  bien fondé ne repose sur aucune preuve indiscutable, avant l’intérêt de l’individu considéré  dans sa liberté et sa dignité. En font partie : les religions, le fascisme polymorphe, le tribalisme, le communautarisme, les coutumes et les superstitions niant l’individu.

Sans oublier que ces idéologies peuvent se combiner, se succéder, s’épauler, se transformer avec toujours un seul et unique but : écraser l’individu pour ne reconnaître que le groupe, j’allais dire le troupeau.

L’Histoire permet de vérifier qu’à l’origine des grands maux que l’Humanité s’est infligée à elle-même et qui relèvent de sa seule responsabilité, se trouve toujours une ou plusieurs idéologies grégaires : guerres de religions, révolutions communistes, fascisme, nazisme….Avec  toujours le même résultat : milliers ou millions de morts, de blessés, de vies brisées ou gâchées.

Les ravages causés par ces idéologies sont tels que les peuples qui les ont subies trop longtemps connaissent un tel état d’aliénation et d’abrutissement qu’ils ne sortent d’une idéologie que pour retomber dans une autre. Les exemples abondent dans l’Histoire où ces idéologies se passent le relai : les populations abruties par un système totalitaire, sans culture ni pratiques politiques, n’ont plus le ressort suffisant, après avoir eu le sursaut

de se débarrasser de leur joug, pour assumer leur liberté retrouvée.

Dans leur désarroi, compréhensible, sans repères, elles attrapent, comme des bouées : une religion, un parti fascisant, une vision simpliste du monde désignant des boucs émissaires… Le remède s’avère pire que le mal et la population concernée retombe encore plus bas.

Citons par exemple la Russie et les pays de l’Est après l’effondrement du fascisme rouge, qui hélés pataugent dans les religions, les mafias, le racisme, la sauvagerie économique la plus révoltante.

Face à ce mal quel remède ? Puisque le groupe écrase l’individu, le remède consiste à affranchir l’individu du groupe. Le seul système possible qui puisse neutraliser les idéologies grégaires c’est la démocratie ou pour être plus exact la démocratie « laïque ». Il faut entendre naturellement par démocratie une démocratie vraie, modèle très éloigné des démocraties décadentes actuelles, à la laïcité molle et vidées de leurs substances par la sauvagerie économique mondialisée.

Il n’y a que dans un régime démocratique authentique que la femme et l’homme est libre de penser et d’exprimer cette pensée : liberté d’opinion, liberté d’expression, Dans ce seul système les libertés collectives sont garanties : liberté d’association, liberté de la presse, libertés syndicales, liberté de constituer des partis politiques…. /.

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui