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A bâtons rompus : El Hamdaoui : «Il faut plaire au public»

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Auteur compositeur et chanteur, Jalal El Hamdaoui fait vibrer la Belgique avec ses rythmes. Il vient de sortir un nouvel album «Marjana» inspiré de la musique Reggada. ALM l’a rencontré au Festival du raï d’Oujda.

ALM : À l’instar de plusieurs jeunes, vous avez commencé tôt votre aventure musicale. Votre appartenance à une famille de musiciens serait-elle la cause ?
Jalal El Hamdaoui : Lorsque ma sœur Bouchra enchantait les mélomanes du raï avec son succès «Farhatna Zina», composée par les frères Bouchnak, je ne savais pas que, moi aussi, j’allais avoir mon propre répertoire et mes propres chansons. Mon engouement pour la musique m’a poussé d’abord à côtoyer les musiciens de ma ville natale, Oujda. J’ai essayé aussi d’imiter mon frère qui animait plusieurs soirées. Par la suite, j’ai poursuivi des cours de solfège au conservatoire. Il fallait à tout prix enrichir mon penchant pour la musique par des cours. Dès mon jeune âge, j’avais compris que pour réussir dans ce domaine, il fallait d’abord maîtriser l’outil de son travail : techniques d’écriture des tonalités musicales et d’instrumentation. Et puisque j’avais une passion pour le patrimoine musical de l’Oriental, j’ai commencé à transformer des airs musicaux traditionnels en morceaux adaptables à la composition moderne. Il fallait aussi que je me prépare à mon aventure de chanteur par l’écriture de mélodies qui me conviennent. Au niveau de la technique, je dois beaucoup à mon beau-frère, Kaddour.

Vous vous êtes fait connaître surtout par votre créativité. Que va-t-on découvrir de nouveau dans votre album «Marjana» ?
La notoriété ne peut émerger que de nos propres sources et traditions. Il fallait faire dans l’air du temps. En Europe, les Marocains sont très attachés à leur patrimoine. C’est à partir de la rythmique 4/4 et 6/8 que j’ai travaillé le style Reggada afin de perpétuer la musique des aïeux. La musique de fond est à quatre, mais les arrangements sont puisés de différentes mélodies se rapportant à ce qui se fait partout dans le monde. En plus, les grands sons propulsent les airs locaux vers l’universalité. C’est une sorte de démarcation par rapport au raï, mais c’est dans le même style. Le principe de base est identique, la différence est au niveau de l’exécution.

Où réside la spécificité de votre style ?
La conception d’une partition musicale se définit, en premier lieu, par son lien avec les sentiments qu’elle véhicule. Et c’est à partir de ces sentiments de tristesse, de solitude, d’amour, de doute, de joie, que les arrangements prennent forme. Les notes dénotent l’intensité des rapports que nous avons avec les autres et les idéaux qu’ils représentent. Le rôle de l’arrangeur ou du compositeur est de trouver l’harmonie recherchée pour plaire au public. Cette musique, même si elle émane d’un sentiment personnel, elle est faite pour les autres, car on ne danse pas tout seul. Le recours à l’autre est un contrat de danse et non une simple touche distinctive. C’est la structure de la danse Reggada. Que ce soient les paroles déclamées par les danseurs, l’harmonie des rythmiques exécutées, l’improvisation est importante. En somme, c’est la touche distinctive que j’ai essayé de fignoler pour spécifier un genre célèbre dans le Maroc oriental et qui n’existe nulle part ailleurs.

Que vous a apporté votre départ en Belgique ?
Avant d’immigrer, j’avais déjà travaillé avec Hayat El Idrissi en tant qu’auteur compositeur pour sa chanson «Daba Tji Bine Iddi». J’ai aussi réalisé la musique du film «Tayef Nizar» de Kamal Kamal, ainsi que d’autres tubes personnels. En Europe, je réalise des arrangements pour Cheb Douzi, Rayane, Cheb Nasser en plus des albums qui m’ont fait connaître là-bas. L’aventure ne s’arrête pas, puisque je viens de filmer quatre clips musicaux raï pour le compte de la maison de production Rotana. C’est une expérience qui m’a permis de mieux connaître ce monde-là. J’ai également terminé l’enregistrement de la chanson «Danadana» avec la chanteuse libanaise Rima avec laquelle j’avais réalisé un duo. L’Europe m’a permis de m’adapter à la réalité artistique moderne. C’est une réelle opportunité pour que je me perfectionne et j’innove afin que la danse et la musique Reggada gagne sa noblesse.

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