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Les cours de soutien : évitons l’amalgame

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Les cours de soutien : évitons l’amalgame

         Le site OUJDACITY  a publié tout dernièrement une série d’articles traitant des cours de soutien dispensés à nos élèves par certains enseignants.

         Je réagirai dans ce qui suit, en guise de première intervention à ce débat, à trois articles :

         -Le premier article, écrit dans la langue du saint coran sous le titre :« le cri d’un père »  (traduction) et émanant d’un parent d’élève qui, ouvrant le feu et causant le déclenchement d’une avalanche de réactions, dénonçait le climat, selon lui malsain, dans lequel se pratiquent ces cours. Je n’en dis pas plus pour le moment, me contentant de relater les faits.

         -Le deuxième article, écrit dans la langue de Molière et émanant également d’un parent d’élève, enchaînait, poussait le bouchon un peu plus et, appuyant fortement et résolument le premier, dressait un véritable réquisitoire à l’encontre des enseignants qui « font le commerce des heures supplémentaires …arnaquent….persécutent… ».

Il pousse sa plaidoirie jusqu’à imaginer une métaphore en comparant ces enseignants  aux chasseurs de primes des films western ; une métaphore qui illustre superbement les représentations qu’il fait de ce phénomène.

Cette métaphore est d’ailleurs intelligemment illustrée en accompagnement de l’article dans le site : on y reconnaît aisément une caricature rappelant Lee Van Cleft qui avait superbement campé  « la brute » dans le film de Serge Leone dans les années 60 ( le bon, la brute et le truand) et autres productions cinématographiques du genre appelées à l’époque « spaguettis italiens ». Passons car ce n’est pas notre propos.

          -Le troisième article, écrit également dansla langue de molière et portant la signature de Tayeb Zaid, ripostait en réagissant assez violemment aux deux premiers, s’élevant contre leurs propos en les qualifiant, entre autres, d’une « décharge de haine et d’agressivité », dans une métaphore très subtile puisqu’il évoquait  « le bruit fait » par ces deux articles qui « tombent » sur le site. Une bombe, autrement dit.

L’auteur de ce troisième article dénonçait également le fait que nos deux premiers auteurs n’eurent pas décliné leur identité, allant jusqu’à faire allusion à « une faiblesse » et « un manque de courage » de leur part.

Il reprochait par ailleurs au directeur du site, en citant son identité, d’avoir diffusé des articles « non signés », allant jusqu’à le « rendre responsable ».

Quant à sa position de principe à l’égard du phénomène, il rejetait catégoriquement les propos des deux articles, se lançant même dans une véritable défense du système  et n’en faisant  pas ou prou la moindre critique. Aucun mot sur l’existence des pratiques dénoncées par nos deux parents d’élève.

         Voilà pour les faits résumés et tels que je les ai décryptés.

         Quid de ma réaction personnelle à tout cela ?

         Je précise tout d’abord que c’est la toute première fois que je m’adresse au site OUJDACITY pour participer au débat ou publier un écrit.

En fait, je ne consulte que très rarement les sites, n’étant pas très porté sur l’usage de cette merveille de la technologie, sauf besoin avéré. Il n’empêche que je trouve ce site fort intéressant et fort utile par les informations qu’il publie et par l’opportunité  incontestable qu’il offre à des débats enrichissants.

Je saisis donc l’occasion pour exprimer mes encouragements à l’équipe du site.

Je reviens  aux articles pour dire tout simplement ceci :

1.  Nos deux parents d’élève ont fait montre de maladresse .Ils n’ont pas eu la correction et n’ont pas pris la précaution de cibler les enseignants auxquels ils faisaient allusion. S’ils l’avaient fait ou s’ils avaient clairement précisé que leurs propos ne touchaient pas l’ensemble du corps enseignant, ils auraient évité, à coup sûr, la colère et l’indignation de ceux qui ne s’adonnent pas aux pratiques qu’ils ont avancées et auraient probablement évité le courroux de Monsieur zaid. En effet, je sais personnellement que cette catégorie d’enseignants intègres, consciencieux et compétents font légion, fort heureusement. Ils auraient ainsi évité l’amalgame.

Néanmoins, ceci n’occulte pas le fait que les pratiques dénoncées par nos deux parents d’élève existent bel et bien, malheureusement.

         En effet, il faut bien reconnaître que certains enseignants véreux, ternissant cette noble mission qu’est l’enseignement, font des cours de soutien une activité juteuse. Ils ne considèrent dans cette pratique que la dimension gain et profit, font du racolage parmi leurs élèves, exercent à leur égard le raquet et le chantage. Ce faisant, ils exploitent à leur profit cette tare du système. N’en déplaise à leurs défenseurs.

         2. Par contre, face à cette catégorie peu recommandable et fort heureusement relativement peu nombreuse, il en existe une autre qui mérite tous les égards.

En effet, bon nombre d’enseignants dispensent des cours de soutien dans le respect total des règles de la déontologie, de la correction, de l’intégrité et du sérieux.

Ceux là, contrairement à leurs collègues véreux et mercantilistes, considèrent leur activité secondaire comme un appoint nécessaire pour permettre aux élèves n’arrivant pas à suivre le rythme de la classe, du fait de leur fainéantise, de leur intelligence moyenne, du climat peu favorable des cours et autres causes auxquelles nous reviendrons.

Certains parmi ceux là, corrects à l’extrême, évitant toute polémique et soucieux d’une égalité des chances entre les apprenants, rechignent à dispenser les cours de soutien à leurs propres élèves. Bravo.

Ceux là considèrent enfin que les cours de soutien sont une nécessité induite par les tares du système, loin de tout opportunisme.

Non, je ne suis pas un enseignant et encore moins un « donneur » de cours de soutien. Je n’appartiens donc à aucune des deux catégories décrites plus haut mais ne fais qu’exprimer un point de vue sur un phénomène connu, vécu et subi par les parents d’élève et leurs enfants.

Au contraire, j’ai personnellement été appelé à recourir à des enseignants pour dispenser des cours aux miens. J’avoue que j’ai eu affaire à des personnes qui n’ont rien à voir avec le profil décrit dans les deux premiers articles. Si certains de ces illustres enseignants ont l’occasion de tomber sur mon écrit, qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude, mes enfants ayant tiré profit de leurs cours.

Quant à la rémunération consentie à cette deuxième catégorie « propre », je la considère comme une rétribution correcte et bien méritée de l’effort intellectuel fourni et le service rendu à l’élève, pour autant qu’elle demeure cantonnée dans les limites du raisonnable. Il n’en demeure pas moins que cette rétribution constitue une brèche dans le budget des parents, surtout cette majorité écrasante de notre société. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point.

 3. Quant à l’article de Monsieur Tayeb Zaid, j’estime qu’il ne devait pas donner plus d’importance qu’il n’en faut au fait que nos deux parents d’élève n’eurent pas décliné leur identité.

        Il a été, par ailleurs, maladroit et a eu tort , me semble-t-il, de les critiquer et encore moins de leur coller des qualificatifs dégradants et humiliants car il sait fort bien et comprend fort bien que c’est par prudence et non point par peur qu’ils ont omis délibérément de décliner leur identité. Peut-être encore une simple négligence, loin d’un dessein délibéré de se « cacher ». C’est à eux de s’expliquer.

En tout cas, eu égard à tout ce qu’on raconte sur cette catégorie d’enseignants ( à tort ou à raison), il n’était pas prudent d’exposer ses enfants à la voracité de ces rapaces et hypothéquer leur cursus. Encore une fois, je précise que mes propos ne ciblent aucunement la frange propre et intègre de nos enseignants.

En tout cas, je ne doute point que chacun se reconnaîtra : les uns seront envoûtés et caressés par un sentiment de tranquillité d’esprit et de satisfaction morale. Quant aux autres, ils seront tiraillés par le remord dans la mesure ou leur conscience le leur permettra. Ils auront probablement honte d’eux-même,  se regarderont devant la glace et méditeront ces propos.

         Revenons au courroux de Monsieur Zaid concernant l’identité : quand bien même nos deux parents d’élève avaient décliné leur identité, qu’aurait-il pu faire ? En quoi cela l’aurait-il avancé et en quoi cela aurait-il influé sur les représentations qu’il fait quant à ces fameux cours de soutien.

         Je pense que Monsieur Zaid aurait dû se contenter de signaler ce détail en s’attelant à l’essentiel : livrer son point de vue sur le phénomène. Il aurait ainsi fait l’économie d’une « déclaration de guerre » puisqu’il dit « aimer guerroyer … dans des contrées sauvages …etc…. ». Je ne crois pas, pour ma part, que débattre soit synonyme de guerroyer.

Ce passage de l’écrit de Monsieur zaid m’a ramené 40 ou 50 ans en arrière et rappelé ces romans d’aventure – que nous appelions « illustrés »- racontant , pour ne citer que cet exemple,  Blek le Roc sillonnant ces « contrées sauvages » , le fusil à l’épaule et la poudrière en bandoulière , à la traque des « tuniques rouges » pour libérer l’Amérique de l’occupant britannique, talonné par Rody et le professeur Occultis.

Cette métaphore ( à mon tour d’en faire une), que je demande à Monsieur Zaid de considérer avec une connotation positive à son égard, m’amène à réaliser, avec du recul, que ces romans d’aventures étaient pour nous une aubaine pour enrichir notre vocabulaire, aiguiser notre imagination et meubler utilement notre temps libre. Je les assimile , toutes proportions gardées, à des cours de soutien. Mieux probablement que certaines applications et certains sites du Net.

         4. Monsieur Zaid, dans sa réponse, a fait montre de beaucoup de virulence, à telle enseigne qu’on pourrait supposer qu’il se sentait visé, voire concerné par les propos de nos deux parents d’élève.

Que Monsieur zaid ne détourne pas son fusil dans ma direction du fait de cette supposition, sinon je franchirai le pas de la supposition vers la conviction, quoique mon petit doigt me dicte le contraire même si je ne le connais pas.

Je dirai donc à Monsieur zaid de ne pas s’ériger en avocat du diable car les propos de nos deux parents d’élève ne tombent du néant mais sont plutôt l’expression d’une vérité amère : les avatars de notre système éducatif n’en constituent qu’une infime portion.

         5. Quant à la présumée responsabilité du site, tel que dit par Monsieur Zaid, je laisse le soin à Monsieur Kaddouri – que je n’ai pas l’honneur et le plaisir de connaître – de lui réserver la suite qu’il juge la plus appropriée.

         6. Concernant l’article « le cri d’un père », je ne reviens pas sur le jugement qu’il porte à l’endroit des enseignants auxquels il fait allusion, estimant qu’il en assume toute la responsabilité. Par contre, sa proposition de faire appel aux diplômés chômeurs pour dispenser les cours de soutien en lieu et place des enseignants ne me semble pas du tout appropriée.

         En effet, il ne s’agit pas de substituer les uns par les autres mais plutôt d’attaquer les causes du phénomène. Sans compter que la faisabilité de cette mesure est très hypothétique sur un plan administrativo-juridico-financier  ( ne consultez pas le dictionnaire, ce mot n’y figure pas). En outre, une « réforme du système de formation et d’éducation », tel qu’intitulé dans son article, exige beaucoup plus qu’une simple substitution.

         J’achève mon écrit en suggérant à l’auteur de l’article « les chasseurs ….crime scolaire » et à celui de «  cours de soutien……sorcières » d’enterrer la hache de guerre,  et de débattre sans polémique. Terminé.

                                                                       AHMIDA MEZIANE

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2 Comments

  1. eleve oued eddahab
    18/06/2012 at 16:48

    Oui mon professeur ZAID, mais au lycée oued eddahab il y’a un un professeur de math qui vend les notes sans hontes ni peur d’ALLAH. Le prof est connu par tous les éleves du lycée

  2. abdelkader
    19/06/2012 at 21:13

    Bien dit! Évitons l’amalgame!

    Cela ne sert à rien d’entrer dans des passerelles qui ne conduisent finalement à rien.

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