France-Algérie : une embellie durable ?
Y aurait-il une embellie entre la France et l’Algérie ? La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, qui était le 18 octobre à Alger, veut le croire. Et Abdelaziz Bouteflika, qui l’a reçue et a tenu à ce qu’elle rencontre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’a confirmé. Propos diplomatiques ? Pas seulement. Officiellement, la visite du Garde des sceaux français avait pour objectif de renforcer la coopération juridique et judiciaire entre les deux pays. Mais, un mois jour pour jour après la venue à Alger d’Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur, et alors que les relations s’étaient terriblement distancées entre les deux capitales, ce voyage est plus politique que technique. Lors des dernières visites ministérielles françaises, aucune rencontre n’avait eu lieu avec le président Bouteflika.
Pourquoi ce dégel ? Une des premières raisons en est la décision de la cour d’appel de Paris, en août, de blanchir un diplomate algérien, ancien chef du protocole au ministère des Affaires étrangères, Mohamed Ziane Hasseni, soupçonné par la justice française d’avoir commandité l’assassinat à Paris, en 1987, de l’opposant Ali Mecili. Pour Alger, il y avait homonymie entre le coupable et le diplomate. Quoi qu’il en soit, cette affaire a empoisonné et gelé les relations entre les deux pays. L’atmosphère était d’autant plus exécrable que cette affaire succédait à l’adoption par le Parlement, en 2005, d’une loi se louant du passé colonial de la France. En réponse, un projet de loi à l’Assemblée nationale algérienne visait à criminaliser le colonialisme. Des deux côtés de la Méditerranée, on joue au chat et à la souris. L’obsession antifrançaise fait toujours recette dans une partie de la classe politique algérienne, comme le lobby des nostalgiques de l’Algérie française de ce côté de la Méditerranée.
L’Aqmi, pierre d’achoppement
Sans l’avouer, Alger reproche à Paris d’entretenir des relations étroites avec le Maroc à son détriment. Tant au niveau politique (affaire du Sahara occidental) qu’économique. Les Algériens remarquent que les entreprises françaises ont investi trois fois plus au Maroc qu’en Algérie – hors hydrocarbures – depuis 1998 (1,3 milliard d’euros), mais oublient que l’Algérie s’est dotée l’an passé d’une législation très « nationaliste » qui refroidit les investisseurs. Pourtant, la France reste le premier investisseur, hors secteur pétrolier et gazier, et le premier fournisseur du pays.
Ces derniers mois, l’insécurité dans la zone saharo-sahélienne et la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sont la véritable pierre d’achoppement entre les deux capitales. Les Algériens refusent que des puissances étrangères à la région viennent y jouer les gendarmes. L’Algérie a installé à Tamanrasset, en plein Sahara, un état-major de lutte contre le terrorisme d’Aqmi, en coordination avec les armées du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Mais, la semaine passée, lorsque la France et les États-Unis ont tenu à Bamako (Mali), une réunion de coordination des pays de la région (à laquelle le Maroc a participé pour la première fois) contre le mouvement islamiste, les Algériens ne se sont pas déplacés. On s’interroge à Alger : que cherche donc la France au Sahara ?
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