Oujda était connue par son célèbre Moussem de Sidi Yahaya Benyounes lequel était le saint patron de la ville même. Sidi Yahya était une luxuriante oasis située, à l’époque, à quelques kilomètres du centre ville. Sa place stratégique, sa notoriété religieuse et sa beauté naturelle furent de lui l’endroit idéal pour célébrer le Moussem. C’était le point de jonction des tribus avoisinantes (Mhaya,Beni Hamdoun, Beni Hamlil,Angad…et d’autres).C’était là qu’elles se donnaient rendez-vous chaque année et plus exactement à la mi-septembre. Cette date marquait la fin de l’été(moissons) et le commencement de l’automne(labours).Dans l’imaginaire de ces tribus, c’était le moment propice du « pèlerinage » au Wali pour lui exprimer, par le biais de dons au Mquadam, de Sadaka et la fête, reconnaissance et gratitude pour une bonne année agricole écoulée et l’implorer pour que le ciel soit généreux en pluies pour la saison à venir. Le Moussem devait durer en général trois jours.

Trois jours d’éclatement,de joies et de spectacles. Qui ne se souvient de cette fantasia ou évoluaient les cavaliers les plus chevronnés de chaque tribu qui se rivalisaient en montures, en costumes et en chevauchées? Qui ne se souvient de ces groupes, ici et là, au milieu desquels se déchaînaient des danseurs de LALAOUI aux rythmes saccadés de SBAYSSIA ET ARRAYCHIA orchestrés par des ARFAS bien rodés à leurs ZAMARES à deux cornes et à leurs BENDIRS et que les youyous de femmes qui provenaient des bivouacs et des tentes de fortune ne faisaient qu’ exciter de plus belle leurs prestations. La fête se prolongeait tard dans la nuit. Ainsi,on pouvait encore entendre,de loin, des déflagrations de baroud ou des youyous de femmes noyés dans le silence paisible du centre ville. Le Moussem de Sidi Yahya n’est plus. Plusieurs facteurs ont contribué à sa disparition : sècheresses répétées, squattage de son espace par l’avancée monstrueuse du béton….L’Histoire n’est–elle pas en train de le réhabiliter dans son prestige d’autrefois?