Le Rapport sur le Développement Humain 2009 : va-t-il contribuer au Développement Humain ?
Le Rapport du Programme des Nations unies pour le
Développement (PNUD) sur le Développement Humain 2009 intitulé « Lever les
barrières : mobilité et développement humains », a mis à part sa partie «
classique », et qui plait tant aux auteurs de tels rapports qui n’est autre que
le classement des pays, apporté une nouveauté et qui mérite qu’on s’y attarde
un peu. C’est l’analyse faite sur un problème de fonds qui touche tous les pays
sans exception, c’est la question de la migration. Cette question a mérité une
attention particulière des auteurs de ce rapport, lesquels ont noté que ce
dernier va bousculer les idées reçues sur la migration. Le rapport 2009 est
parti de constats. Le Premier : Nous vivons dans un monde très mobile, où la
migration est non seulement inévitable mais constitue également une dimension
importante du développement humain (Près d’un milliard de personnes sont des
migrants, soit près d’une personne sur sept). Deuxième constat : l’indice du
développement humain (IDH), (un indicateur composite du bien-être de la
population qui regroupe l’évaluation de l’espérance de vie, de
l’alphabétisation, de la scolarisation et du PIB par habitant), montre qu’en
dépit des progrès constatés dans de nombreux domaines ces 25 dernières années, les
disparités de bien-être dans les pays riches et pauvres continuent d’être
grandes – une situation inadmissible.
On notera, cependant, au passage, que les
indicateurs de développement humain utilisés aujourd’hui par le PNUD datent de
plus de 20 ans et devraient être actualisés, selon Mme Alisson Kennedy, directrice
de l’unité des statistiques au bureau du rapport mondial sur le développement
humain à New York. Ensuite, Le rapport montre que la migration peut améliorer
le développement humain pour les personnes migrantes, pour les communautés
d’accueil et celles de départ. La mobilité apporte souvent des idées, des
connaissances et des ressources nouvelles – aux migrants et aux pays d’origine
– qui complètent, voire améliorent, le développement humain et économique. Dans
de nombreux pays, l’argent envoyé par les migrants dépasse l’aide officielle. «
La migration est une force sur laquelle il faut compter, qui peut contribuer de
manière significative au développement humain », déclare Helen Clark, administrateur
du PNUD. « Mais pour concrétiser ses avantages, un cadre politique favorable
doit être mis en place, comme le suggère ce rapport. » Contrairement à ce qui
est généralement admis, les migrants développent l’activité économique et
donnent plus qu’ils ne reçoivent. Des enquêtes détaillées montrent que
l’immigration augmente généralement l’emploi dans les communautés d’accueil, n’encombre
pas le marché du travail local et améliore le taux d’investissement dans les
entreprises et initiatives nouvelles. De manière générale, l’impact des
migrants sur les finances publiques – nationales et locales – reste
relativement faible, tandis que les avantages qu’ils apportent dans d’autres
domaines, tels que la diversité sociale et la capacité d’innovation, ont été
largement démontrés. Une autre nouveauté dans ce rapport : le Maroc est classé
parmi les nouveaux « aimants » de la migration, avec le Costa Rica et la Thaïlande, en outre des
destinations traditionnelles d’immigration, telles que les États-Unis et
l’Europe. Le rapport dresse alors une série de réformes autour de six « piliers
», qui appellent à :
1- ouvrir les voies d’entrée existantes à davantage de
travailleurs, notamment les moins qualifiés
2- garantir le
respect des droits humains fondamentaux des migrants, notamment l’accès aux
services d’éducation et de santé ainsi qu’au droit de vote
3- réduire les coûts des démarches liées à la migration
4- trouver des
solutions concertées bénéfiques pour les pays d’accueil comme pour les migrants
5- éradiquer les
obstacles à la mobilité interne
6- intégrer la
migration dans les stratégies de développement des pays d’origine.
Pour les auteurs, faciliter
l’accès et diminuer les coûts des démarches d’obtention des documents sont
d’autres mesures importantes permettant de diminuer les obstacles à la
migration légale. Selon le rapport, la rationalisation de ces « barrières
administratives » permettrait d’enrayer le flux des migrants irréguliers
puisque les voies légales seraient simplifiées et moins chères. Le rapport
appelle également les pays d’accueil à prendre des mesures pour mettre fin à la
discrimination envers les migrants. Il recommande de lutter contre la xénophobie.
La plupart des migrants ne franchissent pas les frontières nationales mais se
déplacent à l’intérieur de leur pays. 740 millions de personnes sont des
migrants internes, soit plus de trois fois le nombre de migrants internationaux.
Parmi les migrants internationaux, moins de 30 % se déplacent d’un pays en
développement vers un pays développé. Par exemple, seuls 3 % des Africains
vivent en dehors de leur pays de naissance. En conclusion, il serait sage de
rappeler le fait qu’accuser les pays pauvres de pauvreté n’a rien de
constructif ; mais par contre, les accompagner sérieusement dans leur
développement et bien accueillir leurs populations qui migrent pour travailler
dans ces pays d’accueil est très constructif. Ce que le rapport 2009 apporte, c’est
une série de réformes que les pays développés doivent engager en faveur des
migrants des pays en développement. Si par contre, il y a absence d’une volonté
politique de la part de ces pays, de tels rapports n’auront aucun sens et ne
serviront à rien, si ce n’est les classer dans les archives de ces
organisations. Par ailleurs, si l’on prend en considération l’étude qui a
révélé que les migrants issus des pays les plus pauvres on vu leur revenu
multiplié en moyenne par 15, leur taux de scolarisation doublé et leur
mortalité infantile divisée par 16 après une migration vers un pays développé, alors,
on ne sera que d’accord avec le résultat du rapport : Permettre la migration –
à l’intérieur où au-delà des frontières – peut potentiellement augmenter la
liberté des populations et améliorer la vie de millions de personnes dans le
monde. En fin, et une fois intégrée dans des stratégies nationales de
développement plus larges, la migration constitue un complément aux efforts
généraux locaux et nationaux pour réduire la pauvreté et améliorer le
développement social et économique du pays
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