Si la
nouvelle selon laquelle le programme de français des premières années du
baccalauréat aurait  été allégé par la suppression de l’un des quatre
romans le composant se confirme, elle est la bienvenue aussi bien pour les
professeurs qui peinent à terminer les œuvres que pour leurs élèves qui plient
sous le poids d’un programme plus large que profond. Mais s’il se trouve que le
roman supprimé est ‘’La planète des singes’’ de Pierre Boulle, la nouvelle est
regrettable car le choix, s’il y a choix toutefois, est mauvais, plus que
mauvais. Supprimer un roman de la qualité et de la nature de’’ La planète des
singes’’ est une catastrophe pour l’école de la qualité dont on parle avec
enthousiasme. Ceux qui se réjouissent de cette suppression doivent méconnaître
les richesses de ce roman qui vulgarise de la manière la plus simple la théorie
de l’évolution de l’espèce de Darwin, la théorie de la relativité d’Einstein et
le réflexe conditionnel de Pavlov. De même il ouvre un volet théologique
relatif à Jésus Christ et à Adam et Eve auxquels le narrateur s’assimile dans
sa mission dans l’espace lointain. ‘’La planète des singes’’ est donc un
auxiliaire scientifique pour les élèves scientifique et une documentation pour
les littéraires. Le supprimer est donc priver les élèves de cet auxiliaire si
précieux et de cette documentation si variée et si bénéfique pour tout
apprenant.

Qu’aurait-on
dû supprimer ? A bien considérer les quatre romans, ‘’La Boîte à Merveilles’’ est le
plus mauvais des quatre.

-Mauvais à
cause de la langue qu’il utilise : remarquez les interférences et les
arabismes :

‘’Que ta
matinée soit heureuse, Rahma !

 Que
ta journée soit ensoleillée, Lalla !’’(page 31)

‘’Je me mis
à rendre sur ma couverture’’ (page172)

‘’Tous les
fils du péché qui se présentent le sourire aux lèvres’’ (page 68)

-Mauvais
pour le manque d’unité qui forme le nœud autour duquel doit tourner
l’histoire : ‘’La Boîte
à Merveilles‘’ est un ensemble de récits accolés les uns à la suite des autres
et sans incidences les uns sur les autres. Pour s’en rendre compte, il convient
d’essayer de résumer l’histoire en quelques lignes. Que résumer ?

-Mauvais
pour la maigreur et la médiocrité des apports culturel, scientifique,
littéraire qu’il offre à lire à des esprits en construction. Que leur apporte
‘’la boîte à merveilles’’ ?

Je ne fais
pas le procès de ‘’La boîte à merveilles’’ mais celui de ceux qui n’ont pas
associé les professeurs à l’opération de sélection et de choix des oeuvres à
faire étudier aux élèves.

L’école de
la réussite ne peut pas réussir sans les professeurs qui en sont les leviers.
Ce n’est pas en réduisant le programme à trois romans que l’on va réussir dans
l’acte d’enseigner et celui de préparer  avec succès les apprenants à
l’examen régional de fin d’année. 

La
suppression de ‘’La planète des singes’’ au lieu de ‘’la boîte à merveilles’’
ressemble à l’amputation d’un membre sain et bien portant à la place d’un
membre malade et gangrené.

Tant que
les professeurs ne sont pas associés à l’opération du choix des programmes par
l’institution centrale et par ceux qui la représentent au niveau régional, on
ne peut parler de l’école de la réussite. Celui qui fait réussir ou échouer
l’école est le professeur : il est le chirurgien et à lui revient le
dernier mot. Il est l’homme de terrain, le maître d’oeuvre, le MAITRE tout
court.

En
conclusion, le programme de français des premières années a été mutilé et non
allégé et aéré.

 Professeurs
de français ! Vous en avez encore et pour longtemps à enseigner aux élèves
les médiocrités et les nullités que choisissent pour vous ceux qui ne savent
pas faire la part des choses. En enseignant les médiocrités et les nullités,
nous finirons bien par devenir médiocres et nuls. L’activité influe sur
l’homme. L’activité fait l’homme.