Zineb, sœur de Cosette
Qui ne connaît pas Cosette, cette petite fille
confiée par sa mère Fantine aux Thénardier ? Cosette devient au fil
des ans le symbole de la souffrance enfantine, le souffre douleur de la
brutalité des Thénardier qui font d’elle leur esclave et transforment sa douce
enfance en une vie infernale. C’est dans l’auberge de Monsieur Thénardier dont
la bataille de Waterloo a fait un sergent à la suite d’actes ‘’héroïques’’ que
Cosette va connaître la privation et l’injustice, la douleur physique et
morale, vivre l’esclavage et la maltraitance à l’âge de la fragilité et de la
douceur, subir la brutalité et la violence de ceux qui devaient se substituer à
ses parents pour la protéger et lui prodiguer amour et affection. La seule
évocation du nom de Cosette arrache aux lecteurs des ‘’Misérables’’ un soupir
de douleur et un gémissement de chagrin intérieurs, encore faut-il que les
voies des gémissements et des soupirs ne soient pas obstruées par la rage de la
colère et de l’indignation.
Qui aurait pu imaginer que près de deux cents ans plus
tard, Cosette puisse ressusciter sous les traits et dans le corps de
Zineb ? A la différence que les Thénardier de Hugo étaient de loin plus
cléments et plus humains que les Thénardier de notre ville et de notre temps.
Qui aurait pu imaginer que la cité Al wahda d’Oujda
couve dans ses somptueuses villas qui respirent l’opulence, la sérénité et le
bien-être, Monsieur Thénardier en la personne d’un homme de loi et Madame
Thénardier la noble épouse de l’homme de loi?
Qui aurait pu croire qu’une fille de 11 ans, placée
dans une riche famille pour être la servante des parents et la bonniche
des enfants, à l’âge où elle doit jouer de la poupée quand elle n’est pas à
l’école, afin de vivre et de faire vivre, puisse être cautérisée à la broche
à viande et brûlée à l’huile bouillante par des personnes adultes chez qui elle
est par nécessité et par besoin ? Comment une chose aussi barbare et aussi
ignoble puisse-t-elle être pratiquée chez un homme de loi qui rend de
manière quotidienne la justice?
Si l’ancien forçat Jean Valjean des ‘’Misérables’’
avait assez de bonté de cœur et de geste pour soustraire Cosette des griffes
des Thénardier et lui rendre sa dignité maculée par l’abandon de la mère
et la méchanceté des Thénardier , qui aura assez de sentiments dans cœur et de
force dans l’acte pour sauver Zineb des griffes de ses bourreaux, essuyer ses
larmes, panser ses plaies physiques et psychiques et lui rendre son sourire et
son humanité corrompus par son geôlier à robe de magistrat ?
Si l’histoire de Cosette arrache aux lecteurs des
‘’Misérables’’ des soupirs de douleur et d’indignation, le spectacle de Zineb,
le corps meurtri, cautérisé à certains endroits, brûlé à certains autres,
arrache des lambeaux des cœurs de ceux qui ont vu ce corps mutilé, et
entendu la voix plaintive de la victime de l’animalité de l’homme de loi.
Les hommes ont des côtés cachés bien obscurs, quand la
lumière vient à les éclairer, elle les montre dans toute leur laideur. Dieu qui
veille au grain, ‘’voit tout et ne frappe jamais à faux’’ (1). Il suffit d’un
léger petit souffle pour que le pan de la robe de l’homme le plus influent de
ses semblables et de son époque se relève, laissant découvrir dans toute sa
nudité repoussante son derrière hideux.
1-
Eugénie Grandet, Honoré de Balzac
2 Comments
J’ai déjà lu cette belle histoire, je suis tout a fait d’accord avec vous .
Merci
Admettons que Dieu veille au grain, ‘’voit tout et ne frappe jamais à faux’’ comme le dit si bien l’auteur, mais ne serait-il pas préférable et plus judicieux qu’il ne laisse pas de tels actes se produire, avant qu’ils n’occasionnent de tels dégâts. Voyons maintenant ce que la justice humaine sur la terre d’Allah va se comporter pour punir ces actrocités commises sur la personne de la Colette marocaine.Je parie que l’époux incriminé ne sera même pas muté dans un autre patelin, en guise de peine
Je parie aussi que ce commentaire ne sera pas édité, et pour cause? أين الرأي والرأي الآخر كما يدعي البعض؟