Si Darwin m’avait vu boire
De mémoire d’enfant, j’avançais avec circonspection dans la mare plus en fer à cheval qu’en croissant dont l’ouverture grossière offrait sa bouche, béante et avide, orientée vers la colline, aux minces et rares filets des eaux de pluie qui venaient y mourir dans leur ruissellement lent et fatal. Les contours du fer à cheval surélevés artificiellement en tertre par un remblai en terre et en pierres dont le versant extérieur recouvert de jujubiers aux branches inextricables et épineuses servaient de barrage pour la rétention des eaux de crue pour la saison sèche. Comme j’étais le dernier de la nichée, je devais donc mener les quelques maigres brebis boire dans la mare desséchée par l’évaporation de l’ardent soleil d’été qui commence avec le mois de mai, vidée par le bétail qui venait quotidiennement s’y abreuver. Les petites bêtes, brebis, moutons et chèvres allaient se jucher avec assurance et précipitation sur le haut du remblai entre les jujubiers et l’eau d’une coudée ou deux de profondeur où il leur était plus aisé de boire loin de la bousculade du gros bétail. Elles tendaient leurs maigres cous tout en écartant leurs pattes antérieures pour mettre le museau à l’eau.
L’opération était tout autre pour le gros bétail venu lui aussi étancher sa soif dans la mare, comme les ânes, les mulets et les vaches qui devaient nécessairement emprunter l’entrée de la mare et avancer vers l’eau qui s’était retirée tout au fond, dans la partie incurvée du fer à cheval, assez profonde à cet endroit-là. Les bêtes fléchissaient leurs pattes à se rompre et tendaient leurs longs vers l’eau trouble qui croupissait là depuis bien longtemps.
Le spectacle de voir des bêtes boire donnait envie de boire à l’enfant de l’homme que j’étais. J’avançais donc avec précaution vers l’eau, traversant une première zone constituée d’une surface en terre rouge, durcie par les rayons du soleil qui avaient asséchée cette partie de la mare inclinée en pente douce et présentant des craquelures de toutes les formes géométriques dont la croûte se soulevait en lambeaux assez épais ou en écailles assez minces, à l’ombre desquels vivaient de petites bêtes qui s’enfuyaient dans des contorsions fluides vers d’autres sources d’ombre. J’arrivais à une zone flasque, ramollie par les ondes de l’eau créées par l’agitation des grosses bêtes qui donnaient des coups de pattes à l’eau à chaque morsure d’insectes; puis à une autre, formée d’une pâte assez épaisse d’une vase d’un rouge visqueux et gluant. Il était dangereux pour moi d’aller encore plus loin sans laisser mes sandales à semelles de Michelin. Je n’avais pas l’avantage des animaux qui avaient les pattes longues et la tête à l’horizontale. Moi, j’avais la tête dans le ciel, bien loin de l’eau et les pieds dans la vase. Je devais donc me mettre à quatre pattes tout comme les animaux que je voyais siroter le liquide de la vie et avec lesquels je partageais la soif et la posture. Les pieds étaient déjà profondément enracinés dans la vase du fond de la mare, les mains subissaient le même sort mais me permettaient d’aller de la tête à l’horizontale plus loin dans la mare à la recherche de l’eau. Je m’appuyais alors dangereusement sur mes deux mains grêles et grillées, écartées en fourche à deux dents, les doigts ouverts en pattes d’oie au travers desquels je sentais la glaise serpenter et les retenir dans une adhérence de ventouse. J’approchais mes lèvres d’une flaque laissée par le sabot d’une bête qui avait le loisir d’aller boire bien avant, me laissant derrière elle sa queue qu’elle agitait en éventail pour éloigner les mouches. Je mettais mes lèvres dans la flaque et commençais à aspirer l’eau vaseuse et trouble tout en soulevant ma jambe droite qui me servait de balançoire, tout comme les funambules que je vis plus tard dans le cirque Amar. Cette opération me faisait dangereusement pencher sur la main gauche qui pliait en tremblant au niveau des articulations du coude. Soudain, Je sentis une odeur assez forte me chatouiller les narines. Je me relevai péniblement de ma posture pour me remettre sur mes deux pieds, à la manière du premier homo sapiens. Je soulevai dans les paumes une croûte de boue assez épaisse dont je m’évertuais à me débarrasser en me frottant les deux mains l’une sur l’autre, dans un mouvement énergique de va et vient. Des rouleaux grossiers de vermicelle rouge grossièrement roulés s’en détachèrent et vinrent tomber à mes pieds que la vase retenait prisonniers. Ce fut à ce moment-là que je vis l’une de ces malines bêtes soulever sa queue en point d’interrogation , faisant entrevoir une demi tomate fissurée d’où sortait un chapelet de boules vertes qu’elle laissa tomber dans la mare avec des’’ plouf’’ mats. Bientôt elles formèrent une grappe puis une pyramide informe qui s’affaissa sous sa propre masse, fragilisée par le poids et l’humidité du sol. La tomate se referma avec une moue grossière vers l’intérieur jusqu’à devenir un point noir que la queue vint masquer. L’âne se retourna et vint flairer un autre tas de boules encore fumantes. Il retroussa sa lèvre supérieure laissant découvrir ses dents jaunes, releva la tête dans le ciel puis lança au soleil son chant langoureux où le phonème H revenait souvent suivi tantôt d’un I tantôt d’un AN.
Des années plus tard, je me revois encore à quatre pattes, le museau plongé dans l’eau croupissante, verte et trouble, les lèvres allongées dans une moue grotesque, bien derrière les grosses bêtes et bien plus bas qu’elles. Si Darwin m’avait vu boire dans cette posture animale, la tête en bas, les quatre membres dans l’eau et le derrière offert à la braise de juillet, j’aurais sans aucun doute contribué et de la manière la plus vraisemblable et la plus innocente au bouleversement de la théorie de l’évolution de l’espèce, non de l’espèce simienne vers celle de l’homme, telle qu’elle est connue, mais de l’espèce humaine vers celle des équidés, comme elle doit être enseignée. La théorie de l’évolution de l’espèce aurait donc pris un autre tournant, mais je suis né bien plus tard que son auteur.
7 Comments
la théorie darwinienne se précise et se confirme par les spécialistes de la science de l’homme: les traits caractéristiques entre l’homme et quelques primates sont prsque les mêmes ou encore le différece chromosomique entre l’homme et le chimpanzé est de 1,4 pour cent.
اشكرك الاخ زايد على مقالاتك الرائعة واحييك رغم انك اسات الظن بي في احد ردودك السابقة استسمحك رغم دلك ومازلت صديقا عزيزا واعتدر عن عدم دكر اسمي
Ethna: que faites-vous d’Adam?
AMI: J’ai senti dans tes propos (antérieurs)des coups dans le dos, à un moment où j’avais besoin de couverture: je te demande de m’excuer.
désolé M. Zayed je ne peux pas vs répondre dès lors que je ne ss pas expert en la matière mais un jour, les specialistes de l’anthropologie nous éclaireront davantage les recherches sont en cours sachant que tt récemment Obama adonné son feu vert pour les recherches sur l’embryon. les scientifiques savent beaucoup dechoses mais ils nepeuvent pas les révéler de peur que cela n’entraine une série de suicides au sein des gens insuffisamment informés sur le sujet.
Ethna: La théorie de l’évolution fera son temps comme la théorie selon laqulle la Terre plate ,qu’elle est le centre de l’univers et que le Soleil tourne autour de la Terre, a fait le sien. Je ne sai pas de quelle confession vous êtes, mais Ttutes les Saintes Ecritures parlent de la Création d’Adam comme homme et non comme singe.Dieu Dit dans le Saint Coran: »Et quand Nous dîmes aux Anges: »Prosternez-vous devant Adam »Tous alors se courbèrent sauf Iblis qui refusa »Sourate Ta Ha; Ayat116
La Bible aussi, au livre de la Genèse , dit que Adam est le premier homme que Dieu a créé.
La théorie de l’évolution telle qu’elle est développée par Darwin est dénuée de fondements. L’évolution existe à l’intérieur de l’espèce mais non d’une espèce à une autre espèce.
de ttes façon il y aura du nouveau et ns serons tenus au courant d’ici là lisez »LE SECRET DE LA SALAMANDRE » bonne lecture.