Petite réflexion sur les sujets à caractère argumentatif
Tayeb Zaid
Les orientations pédagogiques relatives à l’enseignement de la langue française dans le cycle qualifiant définit de manière très précise les limites de la production écrite dont elles disent ce qui suit :’’ Cette composante (celle de la production écrite) cible
la production d’un texte argumentatif à partir d’un sujet donné. Ce sujet doit être en rapport avec l’un des thèmes traités dans une ou plusieurs œuvres au programme, sans être une dissertation littéraire.’’
Que faut-il donc retenir de cette directive dont le dessein est de cadrer les différents acteurs à savoir celui qui l’enseigne, celui à qui elle est enseignée, celui qui l’évalue ?
Deux points sont évoqués : la typologie et la thématique, le contenant et le contenu, la forme et le fond, l’habit et le corps.
Il y aurait en définitive une et une seule constante pour une infinité de variantes. Comme, en gros, les types de textes sont réduits au nombre de cinq, les thèmes qui peuvent être traités dans le cadre de chacun d’eux sont innombrables. Pour ce qui concerne
l’examen régional de français du baccalauréat marocain, le type de textes dans lequel il a été donné aux candidats de s’exprimer est l’argumentatif, le plus noble et le plus expressif de tous les autres types. Il n’est plus question de raconter, de décrire,
d’informer, d’enjoindre ni encore moins d’analyser comme certains font mais d’exposer son point de vue au moyen d’arguments. Comme les arguments ne sont ni vrais ni faux, on doit donc les considérer par leur force de persuasion, et leur justesse par rapport
à d’autres arguments dans l’espace desquels il s’insère. Le choix de l’argument se mesure donc par son caractère de pertinence.
J’entends certains dire autour de moi que le sujet argumentatif est trop difficile pour les élèves des premières années. Je leur réponds ici, comme je l’ai déjà fait plusieurs fois autour d’une table de café, qu’il vaut mieux avoir affaire à l’argumentatif
qu’au descriptif par exemple. Le texte argumentatif est un et un seul alors que le texte descriptif est pluriel : décrire une personne (physique, morale, vestimentaire), un lieu ( une multitude de tableautins introduits par une multitude d’indicateurs de lieux),
un objet (formes, couleurs, matières…) une scène animée ( bruits, odeurs, saveurs, spectacles, contacts, dynamisme, statisme) …
J’entends également souvent dire que l’introduction d’un texte argumentatif doit être formulée au moyen d’une série de questions qu’ils nomment problématique. C’est un joli mot, j’en conviens, si seulement la problématique convient au type de texte dont nous
parlons. Je l’ai déjà dit quelque part et je le dis et le répète ici que la problématique s’ajuste peu, mal ou pas du tout au texte argumentatif. Le seul sujet qui s’apparente à l’argumentatif mais qui relève de l’informatif-explicatif, à caractère didactique,
auquel elle convient avec force et autorité, est le sujet analytique où les questions ‘’quelles sont les causes ? Les conséquences ? Les solutions ?’’ s’imposent.
Quels sont les aspects positifs du téléphone portable, de l’intelligence artificielle, du mariage mixte…? Quels en sont les aspects négatifs? Êtes-vous favorable/ défavorable à l’un ou à l’autre de ces aspects?
A comparer avec:
Quelles sont les causes de la mendicité, de l’émigration clandestine, de la délinquance des jeunes….??? Quelles en sont les conséquences? Quels en sont les remèdes?
Exiger des candidats l’usage d’une problématique comme matière d’introduction au développement de leur point de vue, c’est leur brider les yeux pour limiter leur visibilité intellectuelle, c’est leur fausser la voie en les orientant sur une fausse piste, c’est,
enfin, leur donner de faux moyens pour arriver à une bonne fin.
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