L’OBSERVATOIRE ASTRONOMIQUE D’OUKAIMEDEN PARTICIPE A L’OBSERVATION DU SATELLITE « BLUE WARNER 3 » LE POLLUEUR DU CIEL SOMBRE ET CALME
Par Mohammed Drihem
Les chercheurs de l’observatoire astronomique d’Oukaïmeden en partenariat avec les observateurs Pro-Am marocain ont participé récemment à l’observation du satellite Blue Walker 3 (BW3), l’un des plus grands mis en orbite basse, et donc l’un des plus brillants. Les données récoltées lors de cette observation et leurs analyses ont fait l’objet d’un article publié dans la prestigieuse revue scientifique Nature.
Pour Pr Zouheir Benkhaldoun ; Directeur de l’Observatoire de l’Oukaïmeden contacté par notre correspondant régional ; il s’agit là d’une dynamique qui a été engagée pour détecter, observer et analyser les constellations des satellites en particulier car, comme vous le savez ; il y’a e dernièrement une explosion d’envois de satellites de communication particulier dont le plus connu; Starlink (fournisseur d’accès à Internet par satellite de la société) SpaceX entre autres qui se lancent dans l’aventure d’envoi d’un nombre élevé de satellites pour assurer les télécommunications et internet le plus largement possible.
Pour ce qui concerne cette recherche en particulier avait-il ajouté, il s’agit de l’observation du satellite appelé « Blue Walker 3 » qui est précurseur d’une série de plus d’une centaine d’autres satellites similaires qui vont être lancés et dont Blue Walker 3 est un ballon d’essai si j’ose dire. Un prototype qui est important d’observer pour savoir quel est l’impact qu’auront ces satellites sur les différents problèmes que rencontrent les astronomes en particulier dans leur observation du ciel.
Pour Zouheir Benkhaldoun, l’observatoire d’Oukaïmeden qui fait partie du Centre de l’Union astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations de satellites (CPS) créée il y’a maintenant deux ans environ exprès pour cette thématique-là afin d’essayer de savoir un peu plus comment sont les caractéristiques physiques de ces satellites pour mieux s’en protéger lors des observations astronomiques et pas seulement ; car comme vous le savez ; les lanceurs de satellites sont eux même demandeurs d’observation de leurs satellites ce qui leur permet de savoir si leurs modèles d’orbites qu’ils ont prévus sont bons pour les satellites, s’il y’a des déviations ou des problèmes.
Pour nous à l’Observatoire d’Oukaïmeden précisa Zouheir Benkhaldoun ; on a scellé des partenariats avec plusieurs partenaires publiques et privés pour qu’on puisse installer des instruments d’observation de satellites dans notre observatoire d’Oukaïmeden dont le choix est dicté par la qualité exceptionnelle du Site et dans ce cadre-là donc a-t-il ajouté ; nous avons observé ce satellite Blue Walker 3 qui fait pratiquement la surface d’un terrain de tennis (65 m² environ) et qui est en plus dans une orbite très basse d’où il est très visible de la terre avec sa très forte luminosité et qu’on peut observer avec de petits télescopes voir à l’œil nue même. Nous l’avons observé depuis son lancement en novembre 2022 et ce, à travers nos trois télescopes installés à l’Observatoire dont celui qu’on a dans le cadre d’une coopération avec la Corée du Sud, le second fait objet d’une coopération avec des franco-suisse appelé M.O.S.S (Morocco Oukaïmeden Sky Survey) et le troisième appartenant à une Association d’astro-photographes qui fait partie de la coopération entre professionnels et amateurs qui se développe bien là au Maroc. Nous avons observé et participé à l’analyse des résultats et vue la primauté et la nouveauté de cette étude ; avait-il conclu ; nous a l’avons soumise la revue scientifique « Nature » qui a accepté de la publier en ce jour du 02 octobre 2023 à 16h00.
A cette occasion ; il y’a lieu de souligner que les chercheurs de l’observatoire de l’Oukaïmeden ont déjà publié trois précédents articles dans la revue Nature dont le premier a été consacré à la découverte du système d’exoplanètes TRAPPIST-1, le second aux anneaux défiant le principe de Roche de l’Astéroïde Quaoar et le troisième traitant de la découverte de l’exoplanète du type terrestre LP 791-18d.
A noter egalement qu’un programme d’observation et de suivi des satellites a vu le jour au sein de l’Observatoire Astronomique de l’Oukaïmeden ces dernières années. Cette thématique de recherche se développe rapidement à l’instar du nombre sans cesse grandissant des satellites mis en orbite par les différents acteurs institutionnels et privés. L’Observatoire de l’Oukaïmeden relevant de l’Université Cadi Ayyad a ainsi conclu plusieurs partenariats dans ce sens et a été sollicité pour intégrer le centre CPS nouvellement créé par l’Union Astronomique Internationale pour la cause de la protection du ciel contre cette nouvelle forme de pollution du ciel.
A rappeler que dans un communiqué de presse en date du 28 Novembre 2022 ; le Centre de l’Union astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations de satellites (CPS) avait exprimé ses inquiétudes quant à l’impact du prototype de satellite Blue Walker 3 lancé sur l’astronomie. Selon le CPS ; de nouvelles mesures révèlent que ce satellite en orbite basse est désormais l’un des objets les plus brillants du ciel nocturne, surpassant toutes les étoiles, sauf les plus brillantes et que l’utilisation par le satellite des radiofréquences terrestres pose un nouveau défi à la radioastronomie.
D’après le Centre de l’Union astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations de satellites ; AST SpaceMobile a lancé le 10 septembre 2022, un prototype de satellite appelé Blue Walker 3 en orbite terrestre basse. Ce satellite, doté d’un système d’antennes de 64 mètres carrés (693 pieds carrés) (le plus grand système d’antennes commerciales jamais déployé en orbite terrestre basse), est le premier d’une série qui devrait être plus d’une centaine similaire, voire même satellites plus gros.
De nouvelles mesures effectuées par des observateurs du monde entier, coordonnées par le CPS (Centre de l’AIU pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations de satellites) de l’Union astronomique internationale ; ajoute le communiqué du CPS ; montrent que ce satellite est devenu l’un des objets les plus brillants du ciel nocturne, plus que d’autres satellites de constellation et parfois aussi brillants que certaines des étoiles les plus reconnaissables [1] .
Outre leur luminosité visible précise-t-il, ces nouveaux satellites, qui servent de « tours de téléphonie mobile dans l’espace », transmettent de puissantes ondes radio à des fréquences actuellement réservées aux communications cellulaires terrestres. Ces émetteurs en orbite, qui ne sont pas soumis aux mêmes restrictions de zone de silence radio que les réseaux cellulaires au sol, ont le potentiel d’avoir un impact sérieux sur la recherche en radioastronomie ainsi que sur les études de géodésie et les expériences de physique spatiale.
De ce fait précisa le communiqué en question ; L’AIU et ses co-hôtes CPS, NOIRLab de NSF et l’Observatoire SKA (SKAO), sont préoccupés par l’impact que ces satellites auront sur la recherche fondamentale et la capacité de l’humanité à découvrir le ciel nocturne naturel.
Pour Philip Diamond, directeur général de la SKAO : « Les astronomes construisent des radiotélescopes aussi loin que possible de l’activité humaine, à la recherche d’endroits de la planète où la couverture téléphonique cellulaire est limitée, voire inexistante. Les fréquences attribuées aux téléphones portables sont déjà difficiles à observer, même dans les zones de silence radio que nous avons créées pour nos installations. Les nouveaux satellites tels que Blue Walker 3 ont le potentiel d’aggraver cette situation et de compromettre notre capacité à faire de la science s’ils ne sont pas correctement atténués », et d’ajouter que « C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la SKAO est profondément impliquée dans le CPS de l’AIU et promeut l’utilisation équitable et durable de l’espace. »
Dans son communiqué de presse ; le Centre de l’Union astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations de satellites a tenu de préciser que le ciel nocturne est un laboratoire unique qui permet aux scientifiques de mener des expériences impossibles à réaliser dans les laboratoires terrestres. Les observations astronomiques ont fourni un aperçu de la physique fondamentale et d’autres recherches aux limites de nos connaissances et ont changé la vision de l’humanité sur notre place dans le cosmos. Le ciel nocturne immaculé constitue également une partie importante du patrimoine culturel commun de l’humanité et doit être protégé pour la société dans son ensemble et pour les générations futures.
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