La langue est-elle un simple moyen de communication ?
Zaid Tayeb
La langue est un moyen de communication. Qui oserait le nier ou soutenir le contraire ? Mais elle n’est pas que cela. Elle est plus ou moins que cela ?
La langue n’est pas seulement un moyen de communication comme on peut à première vue le penser, elle est également une monnaie d’échange comme notre dirham et une devise comme le dollar ou l’euro. Elle est donc beaucoup plus qu’un simple moyen de communication.
La langue que je parle dans le quartier où j’habite, dans la ville ou la région où je me trouve, entre voisins, amis ou connaissances, est la langue arabe, que je prends en exemple pour illustrer mon propos. Elle me permet donc de communiquer avec mes voisins, mes amis ou mes connaissances et de me faire comprendre par eux. Je peux à ce titre être sérieux ou amusant, plaisanter, informer ou instruire. L’échange qu’il y a entre les autres et moi est tributaire du type de relation qui me lie à eux, du statut de chacun et de la situation de communication.
S’il m’arrive de m’éloigner de mon quartier, de ma ville et de ma région pour aller dans d’autres villes ou d’autres régions de mon pays, je pourrai demander mon chemin, me renseigner sur tel ou tel site, faire mes achats et discuter les prix des produits dans la même langue et par conséquent je comprendrai et me ferai comprendre. La langue arabe est donc un outil de communication commun à tous les citoyens de mon pays qui en font usage entre eux pour se faire comprendre.
Dans ce sens, la langue ressemble de très près à une monnaie. Pour des besoins d’expression, je prends l’exemple du dirham. Dans le quartier où j’habite, il y a des boutiquiers chez qui je fais mes achats de manière presque quotidienne. L’acquisition du sucre, de l’huile, de la farine, du savon, je l’effectue dans la monnaie en cours dans mon pays, c’est-à-dire dans le dirham. Si à présent, je me trouve dans une autre ville de mon pays, je paierai mon hôtel et mes repas, achèterai des souvenirs et ferai d’autres achats avec la même monnaie. Le dirham est donc une monnaie nationale, tout comme l’arabe qui est un moyen de communication national. Tous deux sont en usage au Maroc où ils ont cours et force d’usage.
La langue ressemble également à une devise grâce à laquelle on peut vendre et acheter à d’autres pays, exporter et importer d’autres pays. Le Maroc vend ses produits agricoles, son poisson, son phosphate à des pays étrangers. En retour, il achète du gaz et du pétrole par exemple. Or la monnaie nationale qui est le dirham ne suffit pas à effectuer de telles transactions qui doivent se réaliser en devise, c’est-à-dire en Euro ou en Dollar. Si notre pays manque de devise, il ne peut acheter ni gaz ni pétrole. Pour importer les produits dont manque notre pays, il doit nécessairement posséder une devise, dans notre cas, avoir le dollar et l’euro.
De la même manière, si je veux quitter mon pays pour tourisme, affaires ou études, je dois abandonner le temps d’une visite ma langue pour la langue française pour mon cas ou anglaise pour d’autres. Je devrai donc recourir à des langues de substitution en usage dans ces pays.
Ce qui s’applique à l’argent sous ses deux formes de dirham ou de dollar et d’euro, s’applique également à la langue arabe dans mon propos. Elle ne suffit pas à elle seule à effectuer des échanges avec les citoyens de ces pays chez qui je pourrais me trouver.
Si donc avec le dirham comme monnaie nationale et l’euro et le dollar comme devise internationale je peux acheter et vendre des produits de consommation, exporter ce que j’ai de plus et importer ce qui me manque, avec la langue je peux aussi importer des produits mais d’une autre espèce, à savoir les sciences dans leur sens pluriel.
En conclusion, la langue est un moyen de communication mais surtout elle est un outil grâce auquel peuvent s’effectuer les opérations d’export et d’import des produits de la science.
1 Comment
il s’agit d’une belle analogie entre langue et devise que vous venez de établir dans votre analyse, chaque langue peut être substituée à une devise monétaire spécifique à chaque pays; ce qui affirme que chaque langue est un héritage culturelle propre à chaque pays (communauté couche sociale partageant la même langue