Le Crieur .
Hocine Mestour
C’était un vieil homme.Sa santé semblait être fragile en apparence si l’on croit sa maigreur et sa peau qui lui collait aux os. Il avait la tête enturbannée et portait tout le temps une djellaba de couleur blanche qui mettaient bien en relief son âge avancé.
Le matin de bonne heure, on le faisait asseoir sur un baril recouvert d’une peau de mouton assez large bien pliée en quatre et posé à même l’entrée du grand hangar. Et le soir , quand le dernier autocar quitte le garage on le ramenait chez lui tout harassé à force d’avoir crié toute une journée sans relâche. Je ne sais qui l’a engagé et pourquoi on lui a assigné cette tâche de « crieur ».Etait-il un ex- chauffeur d’autocar que son patron ne voulait pas abandonner après que des problèmes de santé lui avaient fait perdre la vue ? Le droit à la retraite était loin d’être acquis en cette période de postindépendance du Maroc.
Ainsi chaque jour , du matin au soir,il « braillait » avec sa voix aigue qui portait très loin annonçant aux éventuels voyageurs que le car était sur le point de partir vers « Ahfir-Reggada-Berkane-Sidi Mimoun ».Il ne savait crier à longueur de journée que ces destinations comme si c’étaient les limites de son monde.
Mais les temps changent . Ainsi pour décongestionner la circulation de la Place du Maroc et des rues avoisinantes ,la Commune d’Oujda de l’époque a dû alors déplacer les autocars vers un autre endroit dans l’attente de la construction de la nouvelle gare routière. Depuis,on a plu revu le vieux crieur ni entendu sa voix tonner sur l’ancienne place des autocars d’Oujda .
De cette fameuse phrase : « Ahfir-Reggada-Berkane-Sidi Mimoun ! » et que beaucoup d’oujdis se plaisent encore à répéter à nos jours, il n’en est resté qu’un échos lointain !
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