Où va la crise en Algérie ? 2 scénarios possibles
Depuis le 22 février 2019 le 1er vendredi d’une longue série ,le peuple algérien est sortie dans la rue pour dire non à un régime dont il ne veut plus.Il ne veut plus de ce régime parce qu’il n’y croit plus depuis la décision de l’ex-président Abdelaaziz Bouteflika de se présenter à un cinquième mandat .
En 2014,, Bouteflika, avec l’appui de ses hommes, a eu le culot de se présenter à un 4è mandat ,il a gagné à l’élection haut la main ,il est réélu président ,le peuple impuissant et résigné se contente de regarder la comédie électorale orchestrée par le haut commandement militaire qui tient l’Algérie d’une main de fer depuis près de 60 ans .Face à l’appareil répressif de l’état, le peuple n’avait pas le choix ,il devait y participer même si le cœur n’y était pas.Mais en 2019 , ce même peuple qui s’est longtemps résigné devant la félonie du pouvoir fait volte-face à l’image de l’esclave longtemps humilié se tourne contre son maître ,et c’est le combat de David contre Goliath .La rue se rebelle ,le peuple est en colère ,il ne veut plus de ce régime qui use et sape ses ressources depuis des décennies au profit de la classe dirigeante .Que de gouvernements se sont succédés ,des gouvernements sur lesquels l’armée a la mainmise totale depuis l’indépendance d’Algérie en 1962.
Mais le peuple algérien a vu comment le printemps arabe de 2011 a balayé certaines dictatures en Tunisie ,en Libye et en Egypte ,mais le régime algérien est resté intacte à cause de l’espoir que gardait encore ce peuple dans la personne de Abdelaaziz Bouteflika et de son gouvernement mais rien n’y faisait , la machine de la corruption tournait à grande vitesse érodant sur son passage les velléités de la jeunesse algérienne à aller de l’avant ;les gouvernements successifs impuissants laissaient faire étouffant dans l’œuf tous les espoirs d’un peuple aspirant à un avenir meilleur avec son rêve de se défaire du joug oppressif de la junte militaire qui n’a que trop duré.
Donc,l’entêtement du régime militaire voulait pérenniser le pouvoir en excluant la volonté du peuple de s’exprimer et de déterminer son avenir en toute liberté ; Et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
La justice algérienne a beau interpeller certaines figures emblématiques du pouvoir , certains politiques comme les anciens premiers ministres Ouahya et Sellal et à arrêter certains d’autres comme Said Bouteflika et Louisa Hannoun en les mettant en prison , ou encore d’autres ministres accusés de corruption ,cela n’a pas calmé l’ardeur du peuple à sortir dans la rue. On n’en est au 31è vendredi.
Quels scénarios possibles à envisager ?
Deux scénarios sont possibles .Mr Gaid Saleh, le chef d’’état- major général de l’armée et vice-ministre de la défense est par excellence le chef d’orchestre de toute la mascarade qui se jouait depuis le début. En tant que représentant suprême de l’armée,Mr Gaid Salah a permis la démission forcée du président Bouteflika ,il a placé Abdelkader Ben Salah au poste du président par intérim poste qui lui revient de par la constitution d’ailleurs ,il a conservé le gouvernement de Mr Bedoui peut-être avec quelques légers remaniements ,il a renvoyé des ministres et des premiers ministres au banc des accusées ;Que fait l’homme fort du pays maintenant ?Eh bien il se tourne contre les manifestants en les réprimant ,les arrêtant ,jetant les leaders de la contestation en prison ;il va plus loin encore ;depuis maintenant quelques mois, il viole la constitution algérienne en enfreignant le droit des citoyens de se déplacer librement dans les quatre coins du pays .C’est ce qu’il a fait ce vendredi en interdisant les automobilistes venant d’autres villes d’ entrer dans la capitale pour rejoindre les manifestants alors que le président et les ministres qui sont aux commandes du gouvernement ne sont que des marionnettes aux ordres du chef suprême de l’armée .
Le gouvernement venait de fixer le calendrier des prochaines élections au 15 décembre , nouait des contacts et,engageait des pourparlers pour accélérer la course des candidats vers la présidentielle .Mais le peuple va-t-il suivre ? la réponse est non ,il ne va pas suivre mais il sera divisé.Une partie irait (au conditionnel) aux urnes,ceux qui iraient voter pour les candidats en lice ;l’autre partie continuerait de sortir dans la rue ;c’est là le grand danger.Le régime ,voyant le peuple divisé donc affaibli ,commencerait à appliquer une répression systématique sur les contestataires récalcitrants ;il verrait dans cette division une occasion juteuse de les soulever les uns contre les autres afin d’asseoir son pouvoir et sa légitimité.Cette option est la plus dangereuse car elle ouvrirait la voie à une guerre civile tellement grave et incontrôlable qu’elle échapperait et au régime et au peuple.
Le 2è scénario serait le plus souhaitable et le plus réaliste.Dans ce cas de figure,les Algériens dans leur ensemble n’iraient pas voter ;il y aurait un boycott quasi –unanime dans tous les bureaux de vote.Le peuple continuerait de sortir dans la rue tous les vendredis comme d’habitude ;le pouvoir avouerait son échec de n’avoir pas pu organiser la présidentielle à bon escient et selon les délais prescrits ;le régime reconnaîtrait alors qu’il est dans l’impasse et réaliserait que la répression n’ aurait servi à rien.L’armée voyant la crise s’enliser continuellement ;le haut conseil militaire, de peur que la situation ne lui échappe et soucieux de préserver son prestige demanderait poliment et après tractations secrètes dans les coulisses au chef d’état-major de s’écarter du pouvoir ;(on imaginerait une sorte de putsch interne et en douceur de l’armée) ; ainsi Mr Gaid Salah serait remplacé par un autre général plus modérée et plus consensuel surtout qui serait amené à répondre aux exigences du peuple algérien,à savoir la démission de la présidence et de tout le gouvernement tant que le peule posait dès le début avant d’engager toute tractation cette condition sine qua non :le départ de trois grandes figures du régime:Mr Abdelkader Ben Salah,Mr Bedoui ainsi que son gouvernement et Mr Gaid Salah.
On imaginerait aussi une variante de ce 2è scénario. Le renversement de situation pourrait avoir lieu avant même le 15 décembre , date de la tenue des élections.Le départ forcé ou volontaire du chef de l’état-major des armées et son remplacement par un autre général pourrait alors s’accélérer dans un délai plus ou moins court.Une fois fait,on procèderait au départ des figures contestées du pouvoir comme je l’ai dit dans le paragraphe précédent et on déclencherait les pourparlers en vue de la présidentielle.
A mon humble avis ,le 2è scénario est plus souhaitable car il constitue la meilleure solution, qui plus est, pacifique ;il évitrait tout dérapage dangereux et le peuple d’où émanerait le pouvoir par la suite y gagnerait en paix et en stabilité .L’armée , le peuple et les politiques sortiraient alors vainqueurs de cette crise
KHLIFA Boumediene
2 Comments
On ne peut que s’incliner devant la profondeur de l’analyse, la pertinence de l’argumentaire et la hauteur de vue de la prospective. Le tout exprimé dans un français digne de Balzac.
Rien d’étonnant. Cette contribution n’émane t elle pas d’un sujet d’une grande démocratie ? cherchez l’erreur.
Je tiens ,monsieur, à vous remercier de l’attention toute particulière que vous avez accordée à mon article et du soin que vous avez pris d’apprécier le texte en faisant un commentaire dont les termes sont minutieusement et objectivement choisis; merci monsieur encore une fois pour votre sympathie à mon égard.