Où conduisez-vous le monde, Monsieur Trump? Lettre ouverte au Président des Etats-Unis
Monsieur le Président, je me permets, en tant que citoyen marocain, rêvant d’un monde de justice et de paix, de vous adresser cette lettre ouverte pour vous exprimer, d’un côté, ma grande colère et vive fureur à l’égard de votre décision irresponsable et imprudente concernant Jérusalem; d’un autre côté, pour vous faire part de ma grande inquiétude et ma grande crainte pour la stabilité de notre monde, en raison de votre irresponsabilité.
Vous avez franchi, Monsieur Trump, un seuil qu’aucun de vos prédécesseurs n’a osé franchir ; lequel seuil donne sur un véritable gouffre ; vous avez, me semble-t-il, sous-estimé l’ampleur et la gravité de votre décision. Votre geste spectaculaire et effronté lors de la signature du texte qui prône la consécration de Jérusalem comme capitale d’Israël, en est une preuve évidente et éloquente.
En effet, Monsieur le Président, Votre arrogance (qui est peut-être un trait de caractère qui vous est propre et que la puissance économique et militaire de votre pays, n’a fait qu’aiguiser) vous a aveuglé au point de ne pas réaliser qu’avec votre décision, vous avez ouvert, sur le monde entier, y compris votre pays, la porte de l’enfer.
Qui peut prévoir ce qui va se passer après ? Vous venez de semer du vent ; et bien, attendez la tempête comme récolte. Si vous croyez que votre pays va être épargné par cette tempête, sachez, alors, que c’est là une preuve tangible et indubitable que vous êtes un mauvais politicien et un dirigeant irresponsable.
Il est clair, eu égard aux réactions de par le monde, que votre décision n’a fait plaisir qu’à Israël et au lobby sioniste de votre pays; par contre, elle a désenchanté et offensé le reste du monde, peuples et états.
Vous vous êtes conduit avec beaucoup d’irrespect et de mépris, non seulement à l’égard des instances internationales (le Conseil de sécurité et l’ONU) dont vous avez dédaigné et foulé aux pieds et les efforts consentis et les décisions concernant la Palestine, mais aussi à l’égard des Etats, membres de ces instances, et à l’égard des peuples qu’ils représentent.
Avec cette grave erreur qui atteste de votre partialité et de votre parti pris, vous avez donné un coup fatal à l’espoir de paix au Moyen-Orient. Et pourtant, vous n’avez éprouvé aucune gêne, dans votre discours, à parler de la poursuite des pourparlers et discussions de paix entre palestiniens et israéliens.
De qui vous moquez-vous ? Pensez-vous être le seul homme au monde (un superman) qui réfléchit, qui sait ce qui convient à ce monde et ce qui ne lui convient pas… ? Réalisez-vous la gravité de la situation créée par votre décision sur Jérusalem? Etes-vous sûr de votre équilibre psychologique et intellectuel ?…
Car, je pense, Monsieur le Président, que toute personne équilibrée trouverait votre discours plein de contradictions et de contre-sens historiques et politiques. Et par conséquent, dangereux pour l’avenir !
Il est vrai, Monsieur, que les dissensions politiques dans le Monde arabe et la déconfiture de certains de ses Etats, peuvent constituer un contexte favorable pour une pareille aventure, surtout pour une politique, comme la vôtre, fondée sur l’opportunisme et l’hégémonisme.
Mais sachez que vous vous trompez totalement et dangereusement en faisant fi de la volonté des peuples arabes et musulmans (ainsi que des chrétiens), où qu’ils se trouvent. Je ne serais pas étonné si demain votre pays se trouve être la cible du terrorisme que prétendez combattre ; alors qu’en réalité, vous le nourrissez par votre politique de deux poids et deux mesures.
Sans revenir sur les drames causés par des décisions irresponsables et irraisonnées, sur lesquelles l’histoire moderne nous renseigne, je ne peux, Monsieur le Président, qu’exprimer mon inquiétude, à l’égard de l’avenir, par cette question directe que je vous adresse : « Où conduisez-vous le monde, Monsieur Trump? ».
La réponse, pour le citoyen marocain que je suis, me semble claire : tout laisse à croire que votre politique conduit le monde vers la catastrophe.
Mohamed Infi, universitaire à la retraite
Meknès, le 8 décembre 2017
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